Buldozer Boris, le tombeur de Theresa May qui fonctionne aux tripes

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Il agacerait autant qu'il s?duitrai: politicien ? l'ambition d?vorante, Boris Johnson s'est hiss? au sommet du pouvoir en jouant la carte de sauveur du Brexit et sur son charisme, pour faire oublier ses gaffes et ses exc?s.

"Bulldozer Boris" a tout ?cras?. Apr?s avoir survol? les tours de pr?s?lection des pr?tendants au poste de Premier ministre, le d?put? ? la c?l?bre tignasse blonde n'a fait qu'une bouch?e du ministre des Affaires ?trang?res, Jeremy Hunt, dans le sprint final.

Le score est sans appel: 66% des voix des membres du Parti conservateur pour Boris Johnson.

Dans un Royaume-Uni d?boussol? par les atermoiements sur le Brexit - pr?vu le 29 mars mais repouss? au 31 octobre -, Boris Johnson se pose comme l'ultime recours pour r?soudre l'inextricable dossier qui a eu raison de Theresa May.

Son credo ? Le volontarisme?: il faut des "tripes", du "courage" et de l'"optimisme" pour r?ussir le Brexit, clame celui qui a grandement contribu? ? son adoption lors du r?f?rendum du 23 juin 2016.

Ses fans louent son allant, sa "personnalit? unique" (dixit le ministre de la Sant? Matt Hancock). Ses d?tracteurs l'accusent d'esbroufe et d'opportunisme, le comparent ? Donald Trump, qui a d'ailleurs confi? "bien aimer" Boris Johnson.

Mais critiques et controverses ne l'ont jamais emp?ch? d'avancer. Et ? 55 ans, Boris Johnson touche d?sormais ce ? quoi il aspire depuis toujours.

Relooking?

Car Alexander Boris de Pfeffel Johnson, dit "BoJo", r?ve depuis tout petit d'?tre "roi du monde", selon les confidences de sa s?ur Rachel ? son biographe, Andrew Gimson.

Au fil d'une ?ducation ?litiste, cet a?n? d'une fratrie de quatre, n? ? New York en 1964, n'a eu de cesse d'affirmer ses r?ves de grandeur, du prestigieux Eton College jusqu'? Oxford, o? il d?croche le glorieux poste de pr?sident d'un club de d?bat.

"Personne ? (l'universit? d')Oxford ne doutait qu'il serait un jour Premier ministre", souligne M. Gimson.

Il entame ensuite une carri?re journalistique au Times, qui le licencie ? peine un an plus tard pour avoir invent? une citation.

Le Daily Telegraph le rep?che et l'envoie ? Bruxelles, o? il officiera de 1989 ? 1994. D?j? ? coup d'exag?rations et parfois d'entourloupes, Boris Johnson bouscule la couverture des institutions europ?ennes et devient "le journaliste favori" de l'ancienne Premi?re ministre britannique Margaret Thatcher.

C'est ?galement ? Bruxelles que son premier mariage, avec Allegra Mostyn-Owen, se d?lite et qu'il renoue avec une amie d'enfance, Marina Wheeler, avec qui il aura quatre enfants.

Le couple se s?pare en 2018 et Boris Johnson fr?quente depuis Carrie Symonds, une sp?cialiste en communication de 24 ans sa benjamine, ? qui il doit un look plus moderne et quelques kilos en moins.

Elu d?put? en 2001, Boris Johnson ravit la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 et acquiert alors une stature internationale.?

Avec quelques r?ussites embl?matiques, comme l'organisation des Jeux Olympiques. Mais aussi des ?checs, ? l'instar de son projet de pont-jardin sur la Tamise, qui aura co?t? des dizaines de millions de livres sans jamais voir le jour.

L'anti-diplomate?

En 2016, il choisit le camp du Brexit au dernier moment. "Je ne pense pas qu'il ait une opinion extr?mement sophistiqu?e sur le Brexit", confie ? l'AFP Pascal Lamy, l'ancien patron de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui conna?t la famille Johnson. "La seule chose ? laquelle croit Boris Johnson, c'est Boris Johnson".

Dans la campagne, il joue un r?le d?cisif en promettant un Royaume-Uni radieux, pr?serv? d'une vague de millions d'immigr?s pr?ts, selon lui, ? submerger les c?tes britanniques.

Le Brexit vot?, Downing Street semble lui tendre les bras, mais Boris Johnson, trahi par son meilleur alli? Michael Gove qui se met sur les rangs avant lui, renonce. Il r?colte les Affaires ?trang?res, Theresa May cherchant ? donner des gages aux eurosceptiques.

Pourtant, le costume de diplomate n'est gu?re compatible avec le temp?rament impr?visible de cet homme qui, en 2007, avait compar? la politicienne am?ricaine Hillary Clinton ? une "infirmi?re sadique".

En poste, il fait hausser plus d'un sourcil en d?clarant que la Libye pourrait devenir attrayante pour les touristes si elle parvenait ? "se d?barrasser des cadavres".

Plus grave, il est accus? d'avoir donn? des billes ? T?h?ran avec des d?clarations intempestives sur l'affaire Nazanin Zaghari-Ratcliffe, cette ressortissante irano-britannique d?tenue en Iran.

Apr?s avoir soigneusement savonn? la planche de Theresa May en critiquant ouvertement ses orientations sur le Brexit, il claque finalement la porte du gouvernement en juillet 2018. C'?tait pour mieux y retourner.