Conflits africains : Conseil de Paix et de Sécurité et groupements régionaux inefficaces

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Johannesburg - D’importantes interrogations planent sur l’action du Conseil de Paix et de Sécurité (PSC) de l’Union africaine (UA), en raison de son action inefficace ou son manque d’action au sujet de certains conflits dans le continent, estime l’Institut des études sécuritaires (ISS, basé à Pretoria).

Le think-tank note, dans une analyse publiée jeudi, que le PSC a réagi à plusieurs conflits dans le continent en 2019, y compris en Somalie, au Sud Soudan, au Soudan, en Libye et en République centrafricaine. La stabilité au Sahel a également été examinée au même titre que la présence militaire étrangère et des réseaux terroristes en Afrique, indique l’ISS, concédant que le Conseil a gardé le silence au sujet de certaines questions cruciales dont la situation en Algérie, le conflit au nord du Cameroun, les affrontements ethniques en Ethiopie et les attaques extrémistes au Mozambique.

Le manque d’action du PSC a également permis une escalade, notamment des manifestations au Soudan, poursuit le centre de recherche, soulignant que le manque d’action de cette instance clé de l’UA reflète une situation où non seulement le PSC mais également les communautés régionales économiques africaines souffrent d’un manque d’engagement politique pour aider à résoudre les conflits majeurs dans le continent.

Pire encore, les institutions régionales assument la première responsabilité pour régler les conflits africains, estime l’ISS, citant l’exemple du conflit au Cameroun qui n’a pas été soumis au PSC par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale.

Le centre de recherche relève, d’autre part, que le bilan du PSC dans le domaine du règlement des conflits entre Etats demeure mitigé. Le Conseil a continué à ignorer les tensions entre les pays du continent.

Les conflits que le PSC a discutés en 2019 avaient déjà été traités ou réglés par une tierce partie, ajoute l’ISS, citant l’exemple du différend entre l’Egypte et l’Ethiopie au sujet des eaux du Nile dans lequel les Etats-Unis jouent le rôle de médiateur.

L’ISS a braqué, par ailleurs, les projecteurs sur la situation en en Algérie, suite au limogeage de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Plusieurs mois de manifestations ont conduit au limogeage de Bouteflika, selon le même modus operandi appliqué pour le renversement de l’ancien président soudanais Omar Hassan Al-Bashir, indique le think-tank, relevant que la différence principale entre les deux pays est que l’armée a poussé Bouteflika à la démission au lieu d’annoncer une prise du pouvoir.

Dans le cas algérien, le PSC n’a pas considéré le limogeage de Bouteflika comme un reversement inconstitutionnel. Le Conseil n’a pas non plus discuté les manifestations populaires qui se poursuivent en Algérie et qui risquent de déstabiliser énormément le pays, souligne l’ISS, notant que la Charte africaine sur la démocratie souligne sans équivoque que la révision des Constitutions ou des lois dans le but d’imposer des restrictions au changement démocratique est un acte illégal.

En dépit de cette disposition claire, le PSC n’a jamais examiné les amendements constitutionnels qui s’apparentent à un changement non-constitutionnel de gouvernement, indique la même source.

Actuellement, lorsque le PSC tente de soumettre des conflits à discussion, une telle démarche est perçue par les Etats membres comme une attaque directe contre leur souveraineté ou une tentative de porter atteinte à la capacité des communautés économiques régionales à traiter ces conflits.

Cette situation doit changer en 2020, si le PSC veut répondre d’une manière efficace aux conflits dans le continent, estime l’ISS. 

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