Destitution : l'enquête explosive contre Donald Trump en cinq points

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L'enquête en vue d'une rare procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump s'est accélérée cette semaine au Congrès américain, avec une succession de témoignages et de documents.

Les démocrates soupçonnent le président américain d'avoir abusé de son pouvoir en faisant pression sur l'Ukraine pour qu'elle enquête sur son rival politique, Joe Biden.

Ils le suspectent en outre d'avoir conditionné l'octroi d'une aide militaire de plusieurs centaines de millions de dollars destinée à Kiev à ces investigations. 

Dénonçant une enquête "anticonstitutionnelle", la Maison Blanche refuse de coopérer. Sans parvenir toutefois à bloquer les auditions de témoins sous le coup d'assignations. 

En affirmant qu'il ne participera pas à l'enquête, Donald Trump pourrait alimenter un autre chef d'"inculpation", martèlent les démocrates : celui d'"entrave à la bonne marche du Congrès", qui avait justement été retenu contre le président Richard Nixon en 1974. 

Voici cinq points pour comprendre la procédure de mise en accusation ("impeachment").  

Appel Trump-Zelensky 

Le 25 juillet 2019, le président américain s'entretient avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, récemment arrivé au pouvoir.

Après les félicitations d'usage, Donald Trump lui demande "un service" : enquêter sur un mystérieux "serveur". Une requête découlant d'une théorie du complot selon laquelle l'Ukraine aurait piraté les e-mails du parti démocrate lors de la présidentielle américaine de 2016, et non la Russie comme l'a établi le renseignement américain.

Puis il mentionne le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden, dont le fils Hunter a siégé au conseil d'administration du grand groupe gazier ukrainien Burisma. Lorsqu'il était vice-président, M. Biden a plaidé pour le départ d'un procureur ukrainien accusé par la communauté internationale de ne pas lutter contre la corruption endémique. Pour M. Trump, il cherchait en fait à éviter des ennuis à son fils. 

"Cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus", dit M. Trump à M. Zelensky.

SMS diplomatiques 

Kurt Volker, ex-représentant spécial des Etats-Unis pour les négociations ukrainiennes, fournit aux enquêteurs parlementaires une série embarrassante de SMS. 

Ils montrent, a minima, que Washington a demandé en juillet à Kiev d'enquêter sur les Biden comme condition préalable à une visite de M. Zelensky à la Maison Blanche.

Et un échange, début septembre, entre le chargé d'affaires américain à Kiev Bill Taylor, et l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, touche au cœur des soupçons de pressions économiques. 

Je "trouve ça dingue de suspendre l'aide sécuritaire en échange d'un coup de main pour une campagne politique", dénonce Bill Taylor. Réponse de Gordon Sondland : "Le président a été très clair, pas de contrepartie, d'aucune sorte". 

Témoignages au Congrès 

Dans les sous-sols sécurisés du Congrès à Washington, les longues auditions à huis clos s'enchaînent. 

Des perles fuitent parfois. L'ex-conseiller à la Sécurité nationale John Bolton se serait notamment alarmé des efforts déployés dans ce dossier par l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani: "Une grenade dégoupillée prête à faire sauter tout le monde", aurait-il asséné, comparant ses agissements dans ce dossier, en compagnie du chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney, à des "manœuvres de petits trafiquants de drogue".

La bévue de Mulvaney 

Ce dernier a justement secoué l'enquête jeudi, au détour d'un aveu stupéfiant : Donald Trump a bien lié l'aide destinée à l'Ukraine à des considérations de politique intérieure. 

"A-t-il mentionné en passant (...) le serveur informatique du parti démocrate? Absolument, il n'y a aucun doute à ce sujet, c'est pour ça que nous avons gelé l'argent", a-t-il déclaré à la Maison Blanche.

Et maintenant? 

Les démocrates veulent aller vite alors que l'élection présidentielle de novembre 2020 approche.

Au terme de l'enquête, la Chambre, a majorité démocrate, devrait voter sur l'"impeachment", une sorte de dossier d'inculpation de Donald Trump.

La procédure de destitution passerait alors au Sénat, à majorité républicaine, pour le "procès" du président. 

Le chef de la majorité Mitch McConnell aurait confié cette semaine aux sénateurs républicains qu'il entrevoyait un procès se déroulant entre fin novembre et Noël.

"Aucune idée", cela dépendra de l'enquête, a rétorqué la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.