Espagne : Sanchez fort probablement reconduit samedi prochain

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Les députés espagnols ont été convoqués à partir de samedi pour voter l'investiture du socialiste Pedro Sanchez qui, sauf surprise, pourra compter sur l'appui indispensable d'un parti indépendantiste catalan pour être reconduit au pouvoir.

Signe de l'urgence à former un gouvernement après des mois de blocage politique, cette séance plénière interviendra en plein week-end de l'Épiphanie, une fête extrêmement importante en Espagne qui est normalement à l'arrêt à cette période.

Vainqueur affaibli des élections législatives du 10 novembre, les quatrièmes en quatre ans, M. Sanchez, qui veut gouverner en coalition avec Podemos, compte avec ce parti de gauche radicale 155 sièges à la chambre et reste donc loin de la majorité de 176 députés sur 350.

Il a donc dû négocier d'arrache-pied le soutien de plusieurs partis dont les nationalistes basques du PNV, qui lui ont garanti lundi leurs voix, et surtout les indépendantistes catalans d'ERC (Gauche Républicaine de Catalogne).

"La présidente de la chambre (Meritxell Batet) a informé aujourd'hui les représentants et représentantes des groupes parlementaires qu'elle prévoyait de convoquer une séance plénière pour organiser le débat d'investiture les 4, 5 et si besoin 7 janvier", a indiqué mardi la chambre des députés dans un message envoyé à la presse.

Un premier vote des députés sur la reconduction de M. Sanchez, lors duquel la majorité absolue est requise, aura lieu à l'issue des débats des 4 et 5 janvier.

Le socialiste n'étant pas en mesure d'y parvenir dans l'état actuel des choses, un deuxième tour aura lieu le 7 janvier. Une simple majorité relative, soit plus de votes favorables que défavorables, lui suffira alors.

Position d'ERC officialisée jeudi 

La direction d'ERC - dont le chef Oriol Junqueras a été condamné mi-octobre à 13 ans de prison pour son rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne de 2017 - s'est dite favorable à ce que ses députés s'abstiennent afin d'ouvrir la voie à la reconduction de M. Sanchez lors du deuxième tour.

Mais la position du parti doit encore être tranchée par son conseil national qui se réunit jeudi.

"Nous sommes sceptiques et nous ne sommes pas ingénus. Cela nous coûte de croire en ce PSOE (Parti socialiste) et dans le gouvernement de l’État espagnol mais nous croyons que c'est une opportunité pour l'indépendantisme dont nous voulons profiter", a dit lundi la porte-parole d'ERC, Marta Vilalta. 

ERC a indiqué avoir obtenu des socialistes la mise en place d'une table de négociations entre gouvernements central et catalan destinée à trouver "une solution démocratique au conflit" en Catalogne.

Cette riche région du nord-est de l'Espagne, que le mouvement séparatiste maintient en ébullition depuis près de dix ans, a été secouée en octobre par des manifestations parfois violentes après la condamnation de M. Junqueras et de huit autres indépendantistes à de la prison.

Alors qu'ERC avait demandé un geste pour M. Junqueras à l'avocat de l'État, ce dernier a demandé lundi à la Cour suprême d'autoriser le leader indépendantiste, élu en mai au Parlement européen, à sortir temporairement de prison pour prendre ses fonctions d'eurodéputé.

Cette prise de position, qui a provoqué l'ire de la droite et de l'extrême droite, suit une décision de la justice européenne qui a donné raison le 19 décembre à M. Junqueras sur la question de son immunité d'élu européen. 

L'avocat de l'État a toutefois aussi demandé à la Cour suprême de solliciter "le plus rapidement possible" auprès du Parlement européen la suspension de l'immunité de M. Junqueras.

S'il est investi à la tête du premier gouvernement espagnol de coalition depuis la fin du franquisme en 1975, M. Sanchez a notamment promis l'adoption avec Podemos de nombreuses mesures sociales et d'une hausse de la fiscalité pour les plus riches.

Les organisations patronales CEOE et Cepyme ont dénoncé mardi le "populisme" de ce programme qui va, selon elles, "avoir un impact très négatif" sur l'économie espagnole.