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Face aux incendies, la plage de Malibu se transforme en village pour les pompiers
Une membre du California Conservation Corps, admire le coucher de soleil depuis sa tente de couchage au camp de base des premiers intervenants installé sur la plage de Zuma, le 12 janvier 2025, à Malibu, en Californie.. (Photo VALERIE MACON / AFP)
Un immense village a vu le jour sur le sable doré d'une plage de Malibu: il accueille temporairement des milliers de pompiers venus de toute l'Amérique du Nord, pour lutter contre les incendies qui ravagent actuellement les alentours de Los Angeles.
Environ 5.000 hommes et femmes en uniforme y mangent, dorment et récupèrent, avant de replonger dans l'enfer des flammes qui ont tué au moins 24 personnes depuis une semaine et empêchent toujours plus de 90.000 autres de rentrer chez elles.
"C'est une petite ville qui a été construite à partir de rien", explique à l'AFP Edwin Zuniga, sur la plage de "Zuma Beach", située à quelques kilomètres sous les collines en feu de la région.
Californie, Texas, Mexique: les étendards des différends bataillons rappellent la vaste coopération dictée par ces multiples incendies depuis une semaine.
Au milieu des soldats du feu, la chienne Ember trotte joyeusement parmi les rangs, en proposant du soutien émotionnel contre des caresses. Une distraction bienvenue, après des heures à lutter contre les flammes.
"Lorsque les gens caressent les chiens, leur tension artérielle baisse et ils se sentent bien pendant une minute", confie sa maîtresse en uniforme jaune, Bari Boersma.
Pour le petit-déjeuner, essentiel, les chefs ont la main lourde: lundi, le menu était composé de viande, d'œufs de pommes de terre et de pain. De quoi avaler 10.000 calories avant de partir s'affairer dans une chaleur épuisante.
Parmi les pompiers, des détenus
La nourriture est préparée par des pompiers en uniforme orange. Une couleur qui indique que ce sont des détenus, recrutés en prison par la Californie pour servir l'Etat en cas de catastrophe naturelle.
"C'est un honneur et un privilège d'être ici, de servir la communauté, de payer ma dette à la société, de rendre la pareille aux gens", lâche Bryan Carlton, 55 ans.
Pendant ses 12 heures de travail, le prisonnier prépare plus de 1.500 litres de café.
"Ils en ont besoin", rit-il.
Certains détenus s'engagent durablement chez les pompiers après leur sortie de prison, selon Terry Cook. Cet agent pénitentiaire croise parfois des visages familiers parmi les soldats du feu.
"Il m'est arrivé (...) de leur serrer la main et de leur dire +félicitations+", sourit-il.
Après le petit-déjeuner, les équipes préparent leurs véhicules et s'arment de sandwichs, d'en cas divers et de boissons.
Venu du Colorado, le nouveau bataillon se félicite d'être logé à si bonne enseigne: ces pompiers dorment peut-être dans un simple sac de couchage sur la plage, mais ils ont échappé au froid glacial des Rocheuses en hiver.
De son côté, le contingent mexicain est accueilli par de chaleureux "Bienvenido!", entre deux anecdotes de combats contre le feu.
Nouveaux foyers
Le briefing matinal répartit les tâches: certains bataillons sont chargés d'éteindre des foyers récents, qui viennent de se déclarer, tandis que d'autres sont affectés à la lutte contre le "Palisades Fire", actif depuis une semaine.
Ensuite, certains prennent la direction de Pacific Palisades, un quartier huppé de Los Angeles réduit en cendres. D'autres foncent vers Topanga Canyon, un dédale vallonné peuplé de luxueuses maisons perdues au milieu des broussailles.
En chemin, ils saluent leurs prédécesseurs, épuisés et couverts de suie, qui rentrent au village.
"Après le premier jour, de nombreuses personnes que je connais depuis longtemps au camp de base m'ont à peine reconnu", raconte Jake Dean. "J'étais tellement fatigué et sale que même la reconnaissance faciale de mon téléphone ne fonctionnait pas."
En 26 ans de carrière, ce pompier assure n'avoir jamais vu un incendie aussi destructeur.
Après plusieurs jours de répit, les vents de Santa Ana qui ont propagé le feu à une vitesse folle doivent à nouveau forcir mardi. Mais M. Dean a foi dans les interventions aériennes et terrestres de ses milliers de collègues.
"Ca va aller", professe-t-il. "Nous allons nous ménager, boire beaucoup d'eau et être prêts pour une longue journée de travail." (Quid avec AFP)