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France : Pour la première fois depuis vingt ans, le président sortant arrive en tête
Le président français et candidat à la réélection du parti La République en Marche (LREM), Emmanuel Macron s'adressant à des sympathisants après les premiers résultats du premier tour de l'élection présidentielle française, dans le hall 6 de Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 10 avril 2022. Le président français Emmanuel Macron devance la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen au premier tour des élections françaises du 10 avril 2022 par une marge plus importante que prévu, les rivau
Arrivé en tête des suffrages dimanche soir avec un meilleur score qu'il y a cinq ans, Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. Dès sa première prise de parole Macron a appelé les siens à la vigilance. « Rien n’est encore fait » leur a-t-il lancé.
"Rien n'est joué" pour le second tour de l'élection présidentielle française le 24 avril a déclaré dimanche à l'issue du premier tour le président sortant Emmanuel Macron.
"Le débat que nous aurons pendant 15 jours sera décisif pour notre pays et pour l'Europe", a-t-il lancé devant ses supporteurs, saluant la "clarté à l'égard de l'extrême droite" de plusieurs candidats éliminés qui ont appelé à voter pour lui, et se disant prêt à "inventer quelque chose de nouveau" pour rassembler.
Des Inédits
Pour la première fois depuis vingt ans, le président sortant arrive en tête du premier tour et, pour la première fois depuis plus de quarante ans, les Français ont qualifié au second tour le même duel que lors de la précédente élection présidentielle.
En recueillant de 28,1% à 28,4% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron est dans l'étiage haut que les instituts de sondage lui promettaient en fin de campagne, supérieur à son score de 2017 (24,01%).
Une satisfaction ? Si les mêmes analystes tablaient il y a encore un mois sur un potentiel de plus de 30% des voix pour le président sortant, un temps bénéficiaire d'un "effet drapeau" lié à la guerre en Ukraine, l'état-major de la macronie ne faisait pas la fine bouche dimanche soir après des derniers jours jugés compliqués.
"Emmanuel Macron a bien tenu, on se retrouve dans une meilleure configuration", s'est réjoui le sénateur LREM François Patriat, au milieu de centaines de militants tout sourire.
Les Cassandre en sont pour leurs frais: malgré une campagne jugée tardive, poussive et sans entrain, au positionnement incertain, la mauvaise surprise crainte par de nombreux cadres de l'équipe de campagne n'a pas eu lieu.
"Il est nécessaire d'aller à la rencontre des électeurs, de faire du terrain", a toutefois exhorté le ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, quand la parcimonie avec laquelle le candidat favori a consenti à faire des déplacements avant le premier tour a pu surprendre.
L'appel semble avoir été entendu: Emmanuel Macron sera dans les Hauts-de-France lundi et un meeting géant est annoncé samedi à Marseille.
"Être le plus rassembleur"
Emmanuel Macron est-il le favori pour le second tour ? "Oui, mais", répondent certains lieutenants du président, tant la campagne d'entre-deux-tours s'annonce ouverte.
Car le paysage politique né de ce premier tour est inédit : d'abord, la faiblesse historique du Parti socialiste, des Républicains, mais aussi des Verts, laisse entrevoir un "front républicain" dégarni.
Et, si Jean-Luc Mélenchon a lancé "pas une seule voix à Mme Le Pen", il n'a pas fermé la porte à un vote blanc, mécaniquement favorable à la candidate du RN.
C'est ainsi sur l'électorat mélenchoniste que lorgnent désormais plusieurs ténors macronistes.
"Il y a des choses à remettre en perspective, en avant, dans le programme", soufflait-on dimanche soir dans l'entourage d'Emmanuel Macron, en énumérant les mesures à destination "des familles monoparentales, des étudiants, des précaires".
"La question, c'est être le plus clair possible pour être le plus rassembleur", ajoutait-on.
La candidate du Rassemblement national peut de son côté compter pour la première fois sur une réserve de voix substantielle, puisqu'Eric Zemmour a appelé à voter pour la candidate d'extrême droite.
Plus généralement, le camp Macron s'est inquiété ces dernières semaines, à mesure que Mme Le Pen montait dans les sondages, de voir la fille de Jean-Marie Le Pen parvenir à corriger une image jusqu'alors clivante, au profit de celle d'une femme d'Etat.
Pour les macronistes, il s'agit d'abord de capitaliser sur un bon score promis à lancer une nouvelle dynamique.
Sur le fond, les partisans du chef de l'Etat entendent surtout rappeler les fondamentaux d'extrême droite de Mme Le Pen, dans une tentative de rediabolisation.
Que ce soit sur les institutions, l'Europe ou sa vision du monde, le camp Macron veut plus que jamais renvoyer Marine Le Pen à sa conception supposée "illibérale" de la démocratie, à l'instar du chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán -qu'elle a félicité pour sa reconduction la semaine dernière, et de sa proximité jadis proclamée avec Vladimir Poutine.
De même, la vision économique de Marine Le Pen, jugée non sérieuse, autant que ses revirements lors de la crise sanitaire, doivent alimenter un procès en incompétence.
"Le programme d'Emmanuel Macron est le meilleur, c'est ce qu'il faut mettre en avant", suggérait le secrétaire d'Etat Cédric O.
Car "penser qu'activer ce levier du +front républicain+ contre l'extrême droite suffira à lui seul, c'est une illusion", prévenait en fin de semaine le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein.
Point d'orgue: le débat d'entre-deux-tours, prévu le mercredi 20 avril. "Mais ça ne pourra pas être pire que la dernière fois, donc on dira qu'elle a été meilleure", craint un proche du chef de l'Etat sortant. (AFP)