International
Frappes sur Gaza, quand Joe Biden découvre que les armes américaines tuent des Palestiniens
Des enfants Palestiniens déplacés aident à déblayer les décombres alors qu'ils s'installent dans un quartier dévasté après leur retour à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo par AFP)
L'armée israélienne a bombardé jeudi la bande de Gaza, au moment où les Etats-Unis froncent les sourcils pour la première fois agitant timidement la menace de cesser des transferts d'armements à Israël en cas d'offensive majeure dans la ville surpeuplée de Rafah, près de la frontière égyptienne.
Ce froncement de sourcils, certainement sans conséquence, est considéré par des observateurs comme « l'avertissement le plus sévère » des Etats-Unis, un proche allié d'Israël et son principal fournisseur d'armements, concernant la conduite de sa guerre d’extermination des Palestiniens. Cette mise en garde intervient en pleine médiation au Caire où les négociations indirectes entre Israël et le Hamas via le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis ont repris mercredi pour tenter, une fois encore une fois de plus vainement, de parvenir à un compromis sur une trêve et éviter un assaut à Rafah.
Aux yeux du Hamas, les opérations israéliennes à Rafah et à son point de passage "visent à entraver les efforts des médiateurs", a déclaré jeudi un membre du bureau politique du mouvement, Ezzat al-Rishq.
Sur le terrain, une équipe de l'AFP a fait état jeudi de nombreux tirs d'artillerie à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza. "Les chars et les avions à réaction tirent", a déclaré Tarek Bahloul, un habitant dans une rue déserte de Rafah: "Toutes les minutes, on entend une roquette et on ne sait pas où elle va atterrir".
Bain de sang
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, menace de lancer une offensive terrestre sur Rafah, qu’il a déjà entamée, où il prétend se cachent s les derniers bataillons du mouvement palestinien Hamas et où s'entassent surtout 1,4 million de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre.
"Des civils ont été tués à Gaza à cause" de bombes américaines, a reconnu le président Joe Biden, qui donnait l’impression cy,ique de l’avoir découvert à l’instant, dans un entretien à CNN, au cours duquel il a pour la première fois posé des conditions à l'aide militaire à Israël, proche allié des Etats-Unis.
"S'ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (...) contre des villes", a déclaré M. Biden alors que l'armée israélienne a dit préparer une offensive "limitée" à Rafah, faisant craindre à l'ONU un "bain de sang". Ce qu’il n’a pas dit franchement c’est qu’ils peuvent continuer de tuer du Palestinien sans entrer à Rafah.
Réagissant à ces propos, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU a déclaré jeudi à la radio publique israélienne que cette menace était "difficile à entendre et très décevante".
De son côté, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens a indiqué qu'environ 80.000 personnes ont fui Rafah depuis le 6 mai, quand Israël a enjoint les Palestiniens vivant dans l'est de la ville à évacuer.
Un haut responsable américain a confirmé sous couvert d'anonymat la suspension la semaine dernière d'un transfert vers Israël "de 1.800 bombes de 2.000 livres (907 kg) et de 1.700 bombes de 500 livres (226 kg)", utilisées pendant la guerre, des livraisons qui se font en flux tendu depuis le début du génocide.
Plus tôt cette semaine, l'armée israélienne a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, coupant la principale porte d'entrée pour les convois d'aide humanitaire vers le territoire palestinien assiégé.
Tirs d'obus à l'aveugle
Les soldats israéliens ont poursuivi mercredi leurs "opérations ciblées" du côté gazaoui du point de passage, dans l'est de Rafah.
"Nous avons très peur. L'armée d'occupation continue de tirer à l'aveugle des obus sur des quartiers de l'est de Rafah, en plus d'une intensification des frappes aériennes", a raconté à l'AFP un habitant de la ville, Mouhanad Ahmad Qishta. "Même les zones présentées comme sûres par l'armée israélienne sont bombardées", a-t-il ajouté.
La fermeture des points de passage et les opérations militaires à Rafah font craindre une aggravation de la crise humanitaire dans le territoire palestinien.
Il ne restait mercredi que "trois jours de carburant" aux hôpitaux du sud de Gaza, "ce qui signifie qu'ils pourraient bientôt cesser de fonctionner", a averti le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La guerre d’extermination des Palestiniens par Israël a fait jusqu'à présent près de 35.000 morts essentiellement des enfants (près de 19.000) et de femmes (près de 13.000). Elle a également provoqué une catastrophe humanitaire et des destructions colossales à Gaza. Les blessés se comptent par dizaines de milliers. (Quid avec AFP)