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Le Maroc veut participer à la gestion des mosquées en Espagne afin de réduire l’extrémisme
Le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a déclaré à l’agence de presse espagnole, EFE, que les autorités marocaines considèrent qu’ « un modèle institutionnel » est nécessaire pour gérer les mosquées et la pratique de l’islam en Espagne et en Europe afin qu’il soit « compatible avec les valeurs » du pays hôte
Le ministre des Habous considère que le culte et les mosquées sont des besoins sociaux d’une communauté, « c'est-à-dire un besoin démocratique, qui doit être compris et géré institutionnellement ». Pour lui, il revient à la communauté elle-même de garantir la qualité de sa gestion. Il pense que c’est la meilleure façon de faire face à l’extrémisme dans les pays à minorités musulmanes.
De son côté, Abdellah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) a également confié à EFE que l’Espagne aurait tout intérêt à suivre le modèle marocain car « c’est le plus éloigné du salafisme extrémiste ». Il ajoute, cependant, qu’il existe des réticences politiques de l’Espagne pour associer les Marocains à cette gestion de l’islam.
Cepnedant la gestion des mosquées et la réglementation de l’islam est différente au Maroc et en Espagne. Au Maroc, la pratique de l’islam est contrôlée aussi bien dans la production de contenus que dans la gestion des espaces religieux. Les imams, par exemple, parrainés par l’Etat n’ont pas le droit d’avoir des activités politiques et les enfants doivent obligatoirement étudier un cours d’éducation islamique de l’école primaire à la dernière année scolaire. Ce qu’il serait impossible d’imposer dans un pays comme l’Espagne.
D’ailleurs, un professeur de l’université Rovira Virgili, Jordi Moreras, a déclaré à EFE que cette idée de la nécessité d’un contrôle des imams et des mosquées doit être traitée prudemment en Espagne. « Il existe un protocole de collaboration tacite entre les responsables des mosquées et de la police », a-t-il fait savoir. Il poursuit que le fait de faire un recensement des lieux de culte et des imams par le gouvernement socialiste a été considéré avec suspicion dans la mesure où la communauté musulmane se sent en permanence soupçonnée.