Le RN et le Nouveau Front populaire se donnent rendez-vous au second tour, avec avantage pour l’extrême droite, et ''effacent'' les macronistes

5437685854_d630fceaff_b-

Le Premier ministre français Gabriel Attal part après avoir prononcé un discours suite à l'annonce des résultats du premier tour des élections législatives françaises à l'Hôtel de Matignon à Paris le 30 juin 2024. L'extrême droite française a remporté le premier tour des élections législatives cruciales, les macronistes n'arrivent qu'en troisième position loin derrière la gauche après le taux de participation le plus élevé depuis plus de quatre décennies. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

1
Partager :

Les responsables du RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête, et ceux du Nouveau Front populaire se sont donné rendez-vous dimanche prochain pour un deuxième tour « déterminant » en effaçant d'ores et déjà le « bloc macroniste » à l'issue du premier tour des législatives.

Les consignes de vote pour le second tour ont aussi été au cœur de la soirée électorale. Pour le Premier ministre Gabriel Attal, "pas une voix ne doit aller au Rassemblement national" au deuxième tour.

Le Rassemblement national aux portes de "l'alternance"

Le "bloc macroniste" est "pratiquement effacé" après le premier tour, pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen qui a appelé ses électeurs à donner à son parti la majorité absolue à l'issue du deuxième tour "pour que Jordan Bardella soit nommé Premier ministre".

"Le deuxième tour sera déterminant pour éviter au pays de tomber entre les mains (...) d'une extrême gauche à tendance violente, antisémite et anti-républicaine, dont les éléments les plus activistes (...) imposeront Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre", at-elle mis en garde.

« Le camp présidentiel, encore largement désavoué aujourd'hui, n'est plus en mesure de l'emporter et le score élevé de l'extrême gauche soulève des inquiétudes majeures », a abandonné Jordan Bardella, pour qui « la victoire est possible et l'alternance est à portée de main ».

"J'entends être un Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du Président de la République, mais intransigeant sur la politique", a-t-il annoncé.

Son nouvel allié, le président contesté de LR Eric Ciotti, a appelé les électeurs de droite à rejeter le «terrifiant danger d'extrême gauche» au second tour des élections législatives.

Le Nouveau Front populaire ne s'avoue pas vaincu

"Il faut donner une majorité absolue au nouveau Front Populaire car il est la seule alternative", a réclamé pour sa part Jean-Luc Mélenchon, estimant que "ce vote a infligé une lourde et indiscutable défaite au président, à ces candidats et à la prétendue majorité présidentielle".

« La page du macronisme est tournée » et « la victoire du Nouveau Front Populaire est possible », a jugé la patronne des écologistes Marine Tondelier.

Le chef de file des Insoumis a également clarifié la ligne de conduite pour le deuxième tour : la France insoumise (LFI) "retirera" ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le Rassemblement national (RN) est en tête . "Nulle part, nous ne permettrons au RN de l'emporter. (...) Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN", a exhorté Mélenchon.

Une autre LFI, Clémentine Autain, réclame le « même engagement » de la part des macronistes.

"Je compte sur les macronistes, sur Gabriel Attal, sur le président de la République pour faire qu'on se sorte de cette histoire par le bon bout", a abondé François Ruffin, en difficulté dans la Somme.

"Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe", a insisté Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique, qui a appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se désister face au RN pour remporter le "référendum" contre ce dernier.

Le patron du PS Olivier Faure a appelé à "faire barrage" au RN, un "parti dont la matrice est une matrice raciste, xénopohobe, antisémite".

Le camp présidentiel courtisé

Déjà passé par pertes et profits par le RN et le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel était attendu dimanche soir sur ses consignes de vote pour le second tour.

A peine les résultats communiqués à 20h, Emmanuel Macron a appelé à un "large rassemblement" au second tour des législatives face au Rassemblement national, et salué une "volonté de clarifier la situation politique" exprimée au premier tour.

"Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", a dit le président de la République dans une déclaration écrite.

"La leçon de ce soir, c'est que l'extrême droite est aux portes du pouvoir" et "donc notre objectif est clair: empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue au second tour", a renchéri son Premier ministre Gabriel Attal, qui s'est exprimé deux heures plus tard depuis l'hôtel Matignon.

Dénonçant le "projet funeste" du parti lepéniste, il a appelé au "désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".

Mais les consignes ne sont pas aussi claires dans la bouche des autres leaders de l'ancienne majorité.

La présidente sortante de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a appelé à voter pour le candidat "le plus républicain" au second tour des législatives, à l'exclusion d'un "certain nombre de candidats" de l'alliance de gauche.

L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a estimé qu'"aucune voix" ne devait "se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise".

"Beaucoup de Français seraient totalement désespérés de se retrouver avec un choix entre RN et LFI, je pense qu'il faut regarder circonscription par circonscription", a estimé un autre allié du Président, François Bayrou.

La ministre chargée de l'égalité femmes-hommes Aurore Bergé a rejeté dimanche tout désistement automatique au second tour des élections législatives.

"Nous ne travaillons pas avec la France Insoumise, on ne l'a jamais fait", a assuré le chef de fil des députés d'Ensemble Sylvain Maillard.

LR ne donne pas de consigne

Les Républicains ont affirmé dimanche que "le macronisme est mort", et refusé de donner des consignes de vote ou de désistement.

L'eurodéputé François-Xavier Bellamy a estimé pour sa part que "le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche". (AFP)

lire aussi