Les Egyptiens, peuple et gouvernement, furieux contre le plan de Trump pour Gaza

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Un enfant palestinien au milieu des décombres de bâtiments détruits dans la rue Saftawi à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 5 février 2025, lors d'un accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)

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Au gouvernement, dans la presse ou dans l'opinion publique, les Egyptiens, peuple et gouvernement, ont exprimé mardi leur colère face aux menaces de Donald Trump de suspendre l'aide à l'Egypte et à la Jordanie si ces pays refusaient d'accueillir les Palestiniens de Gaza sur leur territoire.

"L'Egypte exhorte le monde à mettre fin à l'injustice historique contre le peuple palestinien", affirmait en première page le journal gouvernemental Al-Ahram tandis que le quotidien privé Al-Masri al-Yom titrait "Les Palestiniens en colère: Gaza n'est pas à vendre".

Sur X, le hashtag "sous notre chaussure" --expression populaire pour dire "peu nous chaut"-- a fait son apparition pour répondre à ce que les Egyptiens considèrent comme une mesure d'intimidation.

Le président Abdel Fattah al-Sissi a appelé mardi à la reconstruction de Gaza "sans déplacer" les Palestiniens hors de leur terre, lors d'un appel téléphonique avec la Première ministre danoise, Mette Frederiksen.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères avait rejeté la veille "tout compromis" pouvant porter atteinte aux droits des Palestiniens, notamment leur droit de "rester sur la terre", après une réunion à Washington entre le ministre Badr Abdelatty et son homologue américain, Marco Rubio.

"Un acte de guerre" 

"L'Egypte envoie un message clair: toute tentative des Etats-Unis visant à favoriser l'entrée des Palestiniens en Egypte sera considérée comme une acte de guerre", a déclaré Gamal Bayoumi, ancien ministre adjoint des Affaires étrangères.

Selon lui, l'Egypte était bien préparée à toute mesure que Washington pourrait prendre, y compris un éventuel arrêt de l'aide financière américaine.

Les Etats-Unis fournissent à l'Egypte environ 1,3 milliard de dollars d'aide militaire par an, ce qui en fait l'un des plus grands donateurs étrangers du pays.

Selon les données du gouvernement américain, Le Caire a reçu environ 1,5 milliard de dollars d'aide militaire et économique de Washington en 2024.

Hussein Haridi, également ancien ministre adjoint des Affaires étrangères, a minimisé l'impact d'un arrêt de l'aide américaine, arguant qu'elle n'influencerait pas la position égyptienne sur Gaza.

"Ce petit montant - environ 200 millions de dollars d'aide économique - n'affectera pas l'économie égyptienne", a déclaré Haridi à l'AFP.

"De toutes façons, nous ne céderons pas aux menaces de Trump", a-t-il déclaré.

Pour M. Haridi, le président américain ignore le "rôle historique" de l'Egypte dans la défense des intérêts arabes, et en particulier de la cause palestinienne.

"L'Egypte est tout à fait prête à y faire face et ces menaces se retourneront contre les intérêts américains dans la région", a-t-il dit.

"Soyons clair: ce n'est pas seulement la position de Sissi ou celle du gouvernement égyptien, c'est la position du peuple égyptien", a-t-il ajouté.

"L'Egypte tiendra bon" 

Les propos de Donald Trump ont provoqué aussi l'indignation dans l'opinion publique.

"Après les avoir bombardés et tués, ils veulent maintenant les déplacer ?", s'est insurgé Samir Gomaa, un garagiste de 71 ans au Caire.

"C'est une terre palestinienne. Quel sain d'esprit vendrait une terre qui ne lui appartient pas et la transformerait en un projet touristique ?", dit-il.

"Nous n'abandonnerons jamais la cause palestinienne", a-t-il ajouté.

Malgré les énormes difficultés économiques de l'Egypte, marquées par une inflation galopante et une dette écrasante, de nombreux citoyens interrogés par l'AFP ont exprimé leur soutien à la position officielle du Caire sur la question.

L'Egypte, premier pays arabe à avoir signé en 1979 la paix avec Israël, mettant fin à l'état de guerre entre les deux pays voisins, se positionne depuis longtemps comme un médiateur clé dans le conflit israélo-palestinien, et plus récemment dans les négociations pour un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

"Le monde arabe reconstruira Gaza et l'Egypte tiendra bon", a déclaré Mohamed Abdel Tawab, 53 ans, un négociant en papier. (Quid avec AFP)

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