Les médias occidentaux fustigent le débat Macron-Le Pen

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A quatre jours de la date décisive, la confrontation entre les deux finalistes de la présidentielle française a été jugée comme la plus violente dans l’histoire de la 5ème république. Entre l’agressivité de Marine Le Pen et la volonté de Macron de faire entendre la voix de la raison, la presse internationale a pointé du doigt un débat virulent et tendu entre les deux candidats.

Pour la presse américaine, le face-à-face Macron-Le Pen était loin de la tradition des débats français et ressemblait par contre davantage à un duel à l’américaine. Le « Washington Post » a qualifié le débat d’une « rixe à l’américaine ».  « Malgré les enjeux, ce débat a rarement atteint la hauteur et la qualité rhétorique qui caractérise d'habitude en France la parole politique. Ce débat ressemblait aux échanges entre Hillary Clinton et Donald Trump » explique le quotidien.

Cette rupture par rapport à la tradition des Français dans les débats politiques a été également relayée par le « New York Times » qui indique qu’il s’agit d’« une empoignade dans le style de la télévision américaine [davantage] qu’une discussion raisonnée telle que les Français en ont pris l’habitude ».

Au Royaume-Uni, « The Guardian » met en avant un échange « d’insultes personnelles et venimeuses » au cours d’un débat « éprouvant, plus riche en insultes qu’en détails sur leurs politiques ».

Le correspondant de la BBC à Paris n’hésite pas à lancer de son côté qu’il a assisté « à un grand débat, de ceux dont les gens se souviennent », un duel entre « l’agression de la démagogue » et la « rationalité cartésienne du technocrate brillant ». Pour lui, cette confrontation « entre la nation et le monde » va « bien au-delà des frontières de la France, c’est pour cela que cette confrontation explosive restera dans les annales ».

Pour sa part, le quotidien britannique « The Times » est revenu également sur la violence qui a dominé les échanges en soulignant que les candidats «se sont pris le bec sur tous les sujets – économie, Europe, islam et corruption – alors que les journalistes supervisant le débat luttaient, et souvent échouaient, à garder le contrôle ».

Le quotidien allemand « Die Welt » est allé, lui, jusqu’à responsabiliser les présentateurs, Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, de la tournure du débat. « Malheureusement, personne ne leur avait dit qu’ils devaient modérer un débat présidentiel. Impassibles, ils ont regardé les candidats multiplier les insultes», estime le journal, qui conclue que « les Français ont assisté de loin au pire débat télévisé entre deux candidats à l’élection présidentielle dans l’histoire de la Ve République. Aujourd’hui, les personnes qui ne savaient pas pour qui voter dimanche ne sont sans doute pas plus avancées ».

Le quotidien « El Mundo » ne cache pas, par ailleurs, son inquiétude de voir la tradition des débats français s’effriter. « Cette vieille cérémonie républicaine, où le respect et l'intelligence des deux candidats sont censés s'exprimer, a peut-être été avilie pour toujours », peut-on lire sur les pages du journal espagnol.

Un face-à-face tendu mais sans vainqueur

Ces deux heures et demie de débat intense et virulent ont également été marqué par l’attitude agressive de Marine Le Pen, le journal allemand « Die Zeit » qui titre « Le Pen a fait du Trump », expliquant qu’ « avec ses interruptions en permanence, comme “c’est pas mon truc” ou “n’avez-vous pas un compte offshore”, elle semblait vouloir faire régner une ambiance de comptoir de bistrot français ». L’hebdomadaire de Hambourg a également regretté que Macron n’ait pas fait allusion lors de cette confrontation à l’amitié franco-allemande, face au cynisme de la candidate du Front National.

Pour le « Daily Telegraph », Marine Le Pen est la grande perdante du débat. « Elle a oublié la règle numéro un d’un débat télévisé : rester calme et apparaître de stature présidentielle », relate le journal qui note également que même si celle-ci a maitrisé les dossiers sur le terrorisme et la sécurité, « sur pratiquement tous les autres sujets elle est apparue non préparée et confuse ».

« The Daily Telegraph » s’est arrêté sur une phrase répétée à maintes reprises par Macron lors du face-à-face, à savoir « les Français méritent mieux que cela », pour conclure en avançant qu’« après le débat d’hier soir, peu de monde pourrait dire le contraire ».

Par contre, « Le Temps » suggère que Marine Le Pen a « imposé son rythme » tandis qu'Emmanuel Macron, « piégé par ses formules de technocrate », « n'a pas réussi à imposer son discours pédagogique. (...) Même le passage sur l'euro, durant lequel son adversaire a multiplié les approximations et les mensonges en prétendant pouvoir gérer tranquillement un retour au franc, ne lui a pas permis d'asséner le coup fatal ».

Même si la presse internationale a noté la nature vertigineuse et violente du débat, 63% des Français ayant suivi ce débat ont trouvé Macron convaincant, contre 38% pour Le Pen. Cet affrontement aidera-t-il donc les indécis à trouver leur candidat préféré et à réduire par ricochet le taux d’abstention ou de vote blanc, la réponse dans quatre jours.