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L’IA et le Cloud dans tous leurs états et Musk critique le projet d'investissement dans l'IA présenté par Trump
Le PDG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, fait un geste équivoque alors qu'il s'exprime lors de la parade inaugurale à l'intérieur de Capitol One Arena, à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (Photo par ANGELA WEISS / AFP)
Elon Musk a critiqué mercredi le projet d'investissements privés massifs dans l'intelligence artificielle (IA) présenté la veille par Donald Trump, affirmant que les partenaires de cette nouvelle coentreprise "[n'avaient] pas l'argent" pour le financer, ce qu'a contesté le patron d'OpenAI Sam Altman.
Lors d'un grand raout à la Maison-Blanche, le président américain a dévoilé une société commune baptisée "Stargate", qui prévoit d'engager "au moins 500 milliards de dollars" dans des infrastructures IA aux États-Unis.
Stargate réunit le spécialiste du "cloud" (informatique à distance) Oracle, le géant japonais des investissements SoftBank, et la start-up d'IA générative OpenAI (ChatGPT). Figure aussi parmi les financiers du projet le fonds d'investissement MGX, adossé aux Émirats arabes unis.
Le flamboyant patron de SoftBank, Masayoshi Son, a précisé que la coentreprise allait "commencer à déployer immédiatement 100 milliards de dollars", avec l'objectif d'atteindre un total de 500 sur quatre ans.
"Ils n'ont pas l'argent" pour financer ce projet, a clamé mercredi Elon Musk sur son compte X.
"SoftBank n'est assuré que de 10 milliards de dollars", a-t-il affirmé, ajoutant: "je le tiens de bonne source."
Le patron de Tesla a dépensé de sa poche 277 millions de dollars pour financer la campagne de Donald Trump et s'est vu confier une mission extra-gouvernementale pour couper dans les dépenses publiques.
"Faux, comme vous le savez probablement", a rapidement rétorqué le patron d'OpenAI, Sam Altman, sur X, proposant à Elon Musk de "venir visiter le premier site en cours de construction".
"J'ai conscience que ce qui est bon pour le pays ne l'est pas toujours pour vos sociétés, mais j'espère que dans votre nouveau rôle, vous donnerez la priorité aux États-Unis", a poursuivi Sam Altman.
Elon Musk, qui fait partie des cofondateurs d'OpenAI, s'en prend régulièrement à Sam Altman, à qui il reproche notamment d'avoir dévoyé la mission initiale de la start-up, axée sur un développement raisonné de l'IA.
De son côté, SoftBank, interrogé jeudi par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire, renvoyant à son communiqué de presse de la veille.
Le titre de SoftBank continuait de s'envoler à la Bourse de Tokyo, grimpant de 6% à la mi-journée jeudi après avoir gagné quelque 10% mercredi.
"Sur parole"
"Le peuple américain devrait croire le président Trump et ces PDG sur parole: ces investissements arrivent dans notre grand pays et les emplois américains arrivent avec eux", a déclaré la porte-parole de Donald Trump, Karoline Leavitt, à la chaîne Fox News.
Selon le Wall Street Journal, SoftBank dispose d'environ 30 milliards de dollars en liquidités disponibles, et Oracle d'environ 11 milliards de dollars en liquidités et en titres.
Les dépenses d'Oracle dans son réseau de centres de données n'ont été que de quelques milliards lors de son dernier exercice.
De son côté, selon un compte-rendu de Bloomberg, le site d'information The Information a affirmé jeudi que SoftBank et OpenAI prévoyaient d'investir chacun 19 milliards de dollars dans Stargate, et contrôleraient alors chacune 40% du capital.
Oracle et MGX contribueraient chacun à hauteur d'environ 7 milliards de dollars, le reste provenant de commanditaires et de financements par emprunt.
Stargate porte principalement sur la construction de centres d'hébergement et de traitement de données, les fameux "data centers".
Le développement du cloud (informatique à distance) et de l'IA, surtout générative, nécessite d'immenses capacités de stockage de données, ce qui a dopé les besoins en serveurs de pointe.
Elon Musk est lui-même partie prenante dans la course à l'IA et les sociétés qu'il contrôle, notamment Tesla, ont massivement investi dans ce domaine.
Sa start-up d'IA générative, xAI, lancée en 2023, veut construire une "usine à calcul géante" sur un ancien site industriel à Memphis (Tennessee).
Avec la bénédiction de Trump, le trublion de la tech Larry Ellison revient au centre du jeu
Du possible rachat de TikTok à un projet géant d'infrastructures pour l'intelligence artificielle (IA), le cofondateur du groupe américain Oracle Larry Ellison est impliqué dans plusieurs dossiers chauds, remis sur le devant de la scène par son ami Donald Trump.
Le fantasque entrepreneur, qui reste président et responsable technique de la société qu'il a cofondée il y a près d'un demi-siècle (1977), avait déjà favorablement positionné Oracle dans la course à l'IA.
Spécialisée depuis ses débuts dans la gestion de bases de données, la société a ainsi fait sa révolution au milieu des années 2010 pour devenir un acteur majeur du "cloud" (informatique à distance), essentiel à l'IA.
Mardi, lors d'un grand raoût à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a réuni Larry Ellison avec le patron de la société japonaise SoftBank et celui d'OpenAI pour annoncer un projet d'investissements privés massifs dans l'IA.
La nouvelle coentreprise Stargate, qui réunit les trois partenaires, s'est engagée à injecter au moins 500 milliards de dollars dans la construction et la gestion de centres de données.
"Le centre que nous bâtissons sera le plus grand ordinateur jamais construit", a promis Larry Ellison à la sortie de la Maison Blanche.
A 80 ans révolu, le natif de New York, troisième fortune mondiale (229 milliards de dollars) selon Forbes, se voit en rouage essentiel de la révolution IA, qui va notamment transformer la médecine, d'après lui.
"On pourra faire de la détection de cancer en utilisant l'IA sur des prélèvements sanguins", a-t-il pris comme exemple. En cas d'identification d'une tumeur, il sera possible de développer "un vaccin adapté spécifiquement à votre cancer, disponible en 48 heures. C'est la promesse de l'IA."
Le projet Stargate offre un accélérateur majeur à Oracle qui, s'il est un acteur reconnu du cloud, pèse moins de 5% du marché mondial, bien loin du trio composé de Google, Microsoft et Amazon, qui en contrôlent près des deux tiers.
"Stargate apparaît plus gros que ce que nous anticipions depuis un an que les spéculations circulent", a commenté Angelo Zino, analyste du cabinet CFRA. "Le projet peut offrir une croissance significative à Oracle."
Au chevet de TikTok
Personnage haut en couleurs, Larry Ellison n'a jamais caché son immense ambition, clamant, à la fin des années 90, qu'il allait rendre Microsoft obsolète, puis promettant plus récemment de détrôner Amazon sur le cloud.
Abandonné à quelques mois par sa mère, élevé dans un quartier populaire de Chicago, ce patron athlétique est une figure hors norme dans le milieu de la tech, pourtant peuplé d'individus atypiques.
Sympathisant républicain de longue date, il s'est rapproché de Donald Trump dès sa première campagne, au point d'affecter, en 2016, des cadres d'Oracle à l'équipe de transition avant l'entrée du promoteur immobilier à la Maison Blanche.
En 2020, le chef de l'Etat se tourne vers lui pour trouver une issue au dossier TikTok. Il donne sa bénédiction à un montage qui prévoit une prise de participation de Walmart et d'Oracle.
Mais la transaction tombe à l'eau et Donald Trump prend un décret interdisant TikTok, lequel sera retoqué par la justice américaine. Pressé par le gouvernement américain, TikTok choisit Oracle comme unique prestataire de cloud aux Etats-Unis.
Interrogé mardi, le président s'est dit favorable à un scénario incluant le rachat de la plateforme par Elon Musk pour la sauver d'une disparition aux Etats-Unis, prévue par une loi du Congrès. "J'aimerais bien aussi que Larry (Ellison) l'achète", a-t-il enchaîné, l'intéressé qualifiant cette possible transaction de "bon deal".
Dans cette nouvelle ère marquée par les efforts ostensibles des grands patrons de la tech pour se faire une place dans le premier cercle Trump, Larry Ellison a une longueur d'avance.
Mardi, le président a eu pour lui des mots louangeurs, comparables à ceux qu'il a utilisés pour parler d'Elon Musk, un proche désormais à qui il a confié une mission de réduction des dépenses publiques.
"C'est un homme incroyable", a dit Donald Trump, le présentant comme "le patron d'un peu tout", en référence à sa diversification dans d'autres domaines que l'informatique.
"Nous n'aurions pas pu faire ça sans vous", lui a répondu Larry Ellison. "Cela aurait tout simplement été impossible."