L’ignorance barbare

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La barbarie tue même des musulmans pratiquants dans les mosquées. Cette idéologie mortifère n’a aucune limite. Elle définit ses membres comme le « Al Farka Najia » (groupe sauvé), vouant tout le reste de l’humanité à l’extermination. Cet aspect haineux, nauséabond, est le fondement même de la Salafia Jihadia

Les terroristes s’attaquent aux coptes en Egypte, poursuivant leur objectif macabre, celui de détruire un vivre ensemble millénaire. Dans cette région du monde, l’histoire a voulu que le brassage soit la règle. L’Irak et la Syrie sont de véritables mosaïques et ce, depuis la nuit des temps. En Égypte, les coptes représentent 10% de la population. Toutes ces minorités ont pris leur part dans la construction de leur pays. Les coptes ont combattu pour l’Égypte, les chrétiens d’Orient en ont fait de même. Pour l’histoire, les penseurs coptes ont encadré le panarabisme, et les chrétiens de Syrie ont donné Michel Aflak qui a créé le Baas, parti qui a gouverné en Syrie et en Irak pendant des décennies et a influencé la Gauche, y compris au Maroc. La barbarie ignore tout ça, elle tue même des musulmans pratiquants dans les mosquées. Cette idéologie mortifère n’a aucune limite. Elle définit ses membres comme le « Al Farka Najia » (groupe sauvé), vouant tout le reste de l’humanité à l’extermination. Cet aspect haineux, nauséabond, est le fondement même de la Salafia Jihadia. C’est ce qui explique le passage à l’acte rapide des néo-convertis. Il n’y a aucune démarche spirituelle dans cet engagement, ou plutôt dans ce naufrage déshumanisant. Le combat contre cette idéologie ne peut se limiter au sécuritaire. Il est d’abord culturel. Au Maroc, sur les réseaux sociaux, cette idéologie prospère, non pas dans ses slogans les plus choquants, mais dans des prises de position au nom du conservatisme, qui a bon dos. La culture de la haine, contre les femmes, les juifs, les homosexuels, l’Occident, est omniprésente, sans riposte sérieuse de la part des intellectuels. C’est ce qui explique que de nombreux jeunes sont happés par les recruteurs terroristes, parce qu’ils sont imbibés de la haine de l’autre et qu’ils sont donc préparés au saut dans la barbarie. C’est un vrai problème, parce que nous sommes dans l’œil du cyclone et que le nombre de cellules démantelées prouve que le risque domestique est très élevé. Nous sommes aussi entourés de zones à risque, le Sahel, la Lybie, véritables poudrières et l’Algérie et la Tunisie qui sont en butte à un terrorisme organisé, avec des camps, des Katiba et un armement sophistiqué. Nous devons combattre la culture de la haine ignorante ou de l’ignorance haineuse à la racine et de manière frontale. En défense des valeurs universelles, mais aussi en défense de notre sécurité tout court. C’est une condition de la victoire finale contre le terrorisme. Le phénomène terroriste ne disparaîtra pas après la chute de Mossoul et de Raqqa, c’est une évidence. Il faut donc combattre les causes qui ne sont pas uniquement économiques. Il y a un aspect identitaire, instrumentalisé par la Salafia Jihadia et surfant sur la culture de la haine. C’est en cela que le combat culturel, idéologique, constitue un front au moins aussi important que le front sécuritaire. De même que la lutte armée et le renseignement donnent lieu à une coopération internationale, la lutte idéologique doit, elle aussi, être concertée. La société marocaine ne peut qu’y prendre part, pour se prémunir.