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Macron qui dit continuer à ''avancer'' avec le Maroc et l'Algérie, au-delà des ''polémiques'', décline sa politique africaine ‘’rénovée’’
Le président français Emmanuel Macron discours a présenté ‘’la stratégie rénovée de la France pour l'Afrique’’ avant sa visite en Afrique centrale, au palais de l'Élysée à Paris, le 27 février 2023. (Photo : Stefano Rellandini / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi qu'il continuerait à "avancer" pour renforcer la relation de la France avec l'Algérie comme avec le Maroc, au-delà des "polémiques" actuelles et des tensions entre ces deux pays.
"On va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse sur sa stratégie en Afrique. "Ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales", a-t-il souligné.
"Il y a, après, toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d’écoute qui ont été révélés par la presse".
Dans une résolution adoptée fin janvier, le Parlement européen s’d’était permis d’enjoindre les autorités marocaines à "respecter la liberté d'expression et la liberté des médias" et à mettre fin au "harcèlement de tous les journalistes". Il s'est également dit "profondément préoccupé" par les allégations fallacieuses selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen".
Au Maroc on y a vu la main de la France alors que les relations étaient déjà tendues entre Paris et Rabat, concernant notamment le statut du Sahara.
"Est-ce que c’est le fait du gouvernement de la France ? Non ! Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non ! Il faut avancer malgré ces polémiques", a à en croire le président français.
L'Algérie a rappelé de son côté "pour consultations" son ambassadeur en France le 8 février pour protester contre "l'exfiltration illégale" via la Tunisie de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui.
"Je sais pouvoir compter sur l’amitié et l'engagement du président (algérien Abdelmadjid) Tebboune. Nous avancerons là aussi", a poursuivi le chef de l'Etat.
"Il y a eu une polémique sur le retour en France d'une Franco-algérienne depuis la Tunisie, avec aussi beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit", a-t-il estimé.
"Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que l’on fait depuis des années maintenant avec l'Algérie n’aboutisse pas", a-t-il souligné sans aller plus loin.
"Et bien j’ai un message très simple: je vais continuer, ce n’est pas le premier coup de grisou, j'en ai déjà eu mais il faut continuer ainsi, humblement, honnêtement", a-t-il dit en pointant notamment l'"énorme travail sur la mémoire" effectué avec l'Algérie ou la visite du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, en janvier en France. (Quid avec AFP)
Macron: la France a assumé une "responsabilité exorbitante" au Mali
Le président français Emmanuel Macron a jugé lundi que la France avait "malgré elle" assumé "une responsabilité exorbitante" en une décennie d'engagement militaire au Mali, et annoncé la fin de "la prééminence du sécuritaire" dans la relation avec l'Afrique.
L'engagement français dans la lutte antijihadiste au Sahel "restera une immense fierté partagée avec les alliés qui nous ont rejoints", a déclaré M. Macron, évoquant "la chronique de notre dernière décennie d'engagement au Mali, au prix du sacrifice ultime".
Mais "ce n'était pas le rôle de la France d'apporter, seule, des réponses politiques qui devaient prendre le relais de la réponse militaire", a-t-il dit. "Nous avons malgré nous assumé une responsabilité exorbitante" au Mali, qui a donné des arguments aux opposants et permis que la France devienne "le bouc émissaire idéal", a-t-il poursuivi.
M. Macron, qui s'exprimait depuis l'Elysée deux jours avant de partir pour une tournée en Afrique centrale, a promis la fin d'un "cycle" marqué par "la centralité de la question sécuritaire et militaire", qui a été "un prétexte utilisé par nos opposants".
Après neuf ans de présence au Mali, les militaires français ont achevé leur retrait du pays en août, poussés dehors par une junte hostile qui s'est rapprochée de la Russie et a fait appel à la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner, ce que Bamako dément.
Le Mali subit depuis 2012 la propagation jihadiste et une profonde crise multidimensionnelle, politique, économique et humanitaire.
En 2013, l'intervention française pour empêcher des groupes armés jihadistes de s'emparer de Bamako et les chasser des villes du nord dont ils avaient le contrôle avait été bien accueillie. Et les relations entre Paris et le président Ibrahim Boubacar Keita, élu dans la foulée du succès de l'opération française en 2013, étaient bonnes au départ.
Elles se sont progressivement dégradées, puis muées en franche hostilité après les deux coups d'Etat de 2020 et 2021 et la prise du pouvoir par des militaires maliens. (AFP)
La France va "diminuer" les effectifs militaires en Afrique, annonce Macron
Emmanuel Macron a annoncé lundi une prochaine "diminution visible" des effectifs militaires français sur le continent africain, plaidant pour un réel partenariat sécuritaire avec les Etats locaux face à la progression des groupes jihadistes.
"La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains", a déclaré le chef de l'Etat français dans un discours prononcé à la veille d'une tournée africaine.
Cette réorganisation "n'a pas vocation à être un retrait ou un désengagement, mais elle se traduira en effet par (...) une africanisation, une mutualisation de ses grandes bases", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.
"Vous aurez une réduction du nombre de nos militaires, qui s'accompagnera d'une montée en charge de leurs partenaires africains en fonction des besoins qui seront définis et précisés" dans les prochaines semaines, a-t-il ajouté.
Paris avait annoncé il y a un an vouloir discuter avec les Etats du golfe de Guinée, menacés par les jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, pour mettre au point une nouvelle relation.
Les déclarations de M. Macron interviennent après la fin de l'opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso. Ces deux pays sont désormais contrôlés par des juntes militaires et un sentiment d'hostilité à l'égard de la France y est vivace.
L'idée est que l'armée française agisse désormais en "second rideau", a précisé l'Elysée.
Pas de bases fermées
"Ces bases ne seront pas fermées, mais elles seront transformées, elles deviendront pour les unes des académies, pour les autres des bases mais partenariales", a expliqué M. Macron. "Elles seront pour certaines rebaptisées, elles vont changer de physionomie, de logique d'empreintes".
Selon lui, ces bases sont "un prétexte pour beaucoup d'opposants de la France et parfois un prétexte pour ne pas régler les problèmes politiques" sur le terrain. "La France n'est pas une assurance-vie au règlement des problèmes politiques des différents pays", a-t-il ajouté.
Sans donner de détails sur ces négociations avec les pays du golfe de Guinée, le président les a invités à exprimer "leurs besoins sécuritaires et militaires".
"On restera, mais avec une empreinte réduite en propre", a-t-il promis, "mais nous allons plus former, plus équiper et mieux accompagner, parce que ce sera sur la base d'une demande exprimée".
Le président est par ailleurs revenu sur le groupe paramilitaire russe Wagner, installé notamment en Centrafrique et au Mali, ce que la junte de Bamako continue de démentir et qui, outre ses activités militaires aux côtés des régimes en place, déploie des campagnes informationnelles dénigrant le rôle de Paris dans ces anciennes colonies.
"C'est un groupe de mercenaires criminels (...), l'assurance-vie des régimes défaillants ou des putschistes", a dénoncé Emmanuel Macron, évoquant des "comportements de prédation sur les mines, les ressources premières, voire de violences sur les populations, viols et autres".
"Le rôle qui doit être le nôtre, c'est d'apporter une solution crédible (...). Et ma conviction c'est que les différents États africains, y compris ceux qui se sont tournés vers cette solution de court terme, finiront par s'en passer", a-t-il conclu. (AFP)