Mali : pour ''atteinte aux biens publics'': le ministre français des Affaires étrangères convoqué par la justice malienne

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Photo prise le 1er avril 2022 montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a convoqué par la justice malienne dans le cadre d'une enquête pour "atteinte aux biens publics et autres infractions", a appris l'AFP le 11 mai 2022 auprès d'un tribunal de Bamako, dans un contexte de relations très tendues entre Paris et Bamako. (Photo de PETRAS MALUKAS / AFP) /

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Quid avec AFP

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est convoqué par la justice malienne dans le cadre d'une enquête portant sur une "atteinte aux biens publics et autres infractions", a appris mercredi l'AFP auprès d'un tribunal de Bamako, dans un contexte de relations très tendues entre la France et le Mali.

"Le juge d'instruction du deuxième cabinet au tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako (pôle économique et financier) invite Monsieur Jean-Yves Le Drian à se présenter à son cabinet le lundi 20 juin 2022 pour affaire le concernant", précise la convocation, qui a été authentifiée à l'AFP par la justice malienne.

Une source judiciaire malienne a précisé à l'AFP que cette enquête faisait suite à une plainte d'une plateforme de plusieurs associations de la société civile malienne, dénommée "Maliko" ("La cause du Mali"). "C'est une histoire d'attribution d'un marché de fabrication de passeports maliens à une société française (à laquelle) le fils de Le Drian serait lié", a ajouté cette source judiciaire.

Selon un document officiel consulté par l'AFP, l'affaire date de 2015, lorsque Ibrahim Boubacar Keita était président du Mali.

A cette époque, une société française - Oberthur Technologie - a obtenu pour une dizaine d'années le marché de fabrication des passeports biométriques maliens.

"Le Drian était à l'époque ministre de la Défense. A-t-il appuyé le dossier pour défendre une entreprise française ou ses intérêts ? Voilà en gros ce que la justice malienne cherche à comprendre. Là, nous sommes au stade des enquêtes", a déclaré à l'AFP une autre source judiciaire malienne.

De son côté, l'association Maliko, qui a porté plainte et s'est constituée partie civile, a mis un document à la disposition de l'AFP. "Les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret n°2015 – 06040 du 25 septembre portant code des marchés publics ont été allègrement violées à l'occasion de l'attribution du marché susmentionné", affirme le document qui accompagne la plainte.

Interrogée par l'AFP, une source diplomatique à Bamako a affirmé mercredi "qu'à ce jour, aucune plainte n'est parvenue à l'ambassade de France à Bamako".

Le Mali est le théâtre depuis 2012 d'opérations de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, ainsi qu'à des violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense et des bandits.

Ces violences, parties du nord en 2012, se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces françaises.

Les rapports entre Bamako et Paris ne cessent de se dégrader ces derniers mois à cause de l’attitude de Paris et de l’échec de son intervention. en L'arrivée au Mali des forces du groupe russe Wagner pour pallier l’insuffisance de l’intervention française a envenimé encore plus ces relations.

Les autorités maliennes - dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 - ont annoncé début mai mettre fin au traité de coopération de 2014 avec la France, ainsi qu'aux accords de 2013 et 2020 fixant le cadre juridique de la présence de Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France.