Par Adil Chadli (MAP)

Abuja - Un peu plus d'un mois après son investiture, le président de la République fédérale du Nigeria, Bola Tinubu prend la voie d’honorer ses engagements. Plusieurs décisions cruciales pour le progrès et le développement du Nigeria ont été prises suivant les promesses et les objectifs contenus dans son programme de campagne.

A son investiture le 29 mai, le président nigérian avait décidé la levée des subventions sur le carburant pour délivrer le pays d'une lourde perte économique annuelle.

Une décision douloureuse mais en échange d'investissements futurs importants étant donné que ces subventions sur le carburant coûtaient à l'Etat des milliards d'euros et l'obligeaient à emprunter massivement pour maintenir l'essence à des prix artificiellement bas.

"Le gouvernement que je dirige vous remboursera par des investissements massifs dans les infrastructures de transport, de l'éducation, l'approvisionnement régulier en électricité, les soins de santé et d'autres services publics", avait déclaré le président nigérian en s'adressant aux Nigérians dans une allocution à l'occasion de la Journée nationale de la démocratie au Nigeria.

Selon les experts, la suppression des subventions était plus que nécessaire pour favoriser le développement de ce pays ouest-africain. Les analystes s'accordent également sur la nécessité de cette décision en tant que moyen et solution visant à réduire les dépenses publiques.

Sur le marché monétaire, la Banque centrale du Nigeria (CBN) avait annoncé avoir adopté un taux de change unifié et laissé fluctuer sa monnaie, le naira, dans le cadre d'une vaste réorganisation des politiques monétaires du président Bola Tinubu.

La CBN avait indiqué avoir mis fin à la "segmentation" du marché des changes et que le naira sera désormais négocié au taux du marché au lieu d'être fixé par rapport au dollar américain et à d'autres devises.

Ce chamboulement du marché des changes fait partie des nombreuses décisions prises par l'ancien gouverneur de Lagos, M. Tinubu, qui a fait la promesse de mener plusieurs réformes sur différents fronts pour revitaliser l'économie du Nigeria.

Dans le secteur fiscal, le président Bola Tinubu a signé trois décrets visant à atténuer les impacts négatifs des ajustements fiscaux sur les entreprises et les ménages dans divers secteurs. Les nouveaux décrets concernent la Loi de finances 2023, les douanes, le tarif d'accise et la taxe d'accise sur les télécommunications, ainsi que la taxe verte.

Ces réformes s'inscrivent dans le cadre de l'engagement du président du Nigeria de créer un environnement favorable aux entreprises. M. Tinubu avait déclaré que cette révision s'inscrivait aussi dans la volonté de son administration de faciliter la vie des Nigérians et d'encourager les entreprises en dépit de difficultés évidentes.

Dans son discours inaugural, M. Tinubu avait promis de s'attaquer aux mesures de politique fiscale défavorables aux entreprises et à la multiplicité des taxes.

Il avait également souligné que "le gouvernement fédéral considère les chefs d'entreprise, les investisseurs locaux et étrangers comme des moteurs essentiels pour atteindre une croissance plus élevée du PIB et une réduction sensible du taux de chômage grâce à la création d'emplois".

Depuis sa prise de fonctions il y a 40 jours, M. Tinubu a rencontré plusieurs gros investisseurs de plusieurs secteurs économiques vitaux pour la croissance du pays. Il a notamment tenu des réunions avec les investisseurs du secteur des hydrocarbures.

Ces réunions s'inscrivent dans le prolongement des efforts déployés par son administration pour s'assurer la collaboration des principaux acteurs du secteur pétrolier afin de garantir la stabilité, la transparence et une concurrence loyale dans ce secteur.

M. Tinubu a avait indiqué que sa porte restera ouverte aux investisseurs désireux d'engager des ressources dans la mission de développement de ce gouvernement, à savoir l'autonomisation économique, la croissance, l'emploi et les opportunités pour tous les Nigérians, et plus particulièrement pour les jeunes talentueux et entreprenants.

Dans la même veine d'idée, le dirigeant nigérian a inauguré le Conseil économique national (NEC). Un organe important qui a pour mission de soutenir et d'approfondir les efforts de l'administration en faveur d'une croissance économique rapide et inclusive grâce à des politiques et à des mesures bien conçues.

Dans le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur, M. Tinubu a signé la loi sur l'accès à l'enseignement supérieur, qui accorde des prêts sans intérêt aux étudiants méritants de tout le pays qui souhaitent poursuivre leurs études dans des établissements d'enseignement supérieur.

"Grâce à cette loi, nous veillerons à ce que tous les étudiants méritants aient accès à une éducation abordable et de qualité, indépendamment de leur situation financière", avait-il mis en avant.

S'agissant de la lutte contre la corruption, le président Tinubu a suspendu le gouverneur de la CBN, Godwin Emefiele. La suspension d'Emefiele était "consécutive à l'enquête en cours sur son bureau et aux réformes prévues dans le secteur financier de l'économie".

Le président nigérian a également suspendu le président de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), Abdulrasheed Bawa. La suspension de ce dernier "a pour but de permettre une enquête appropriée sur sa conduite pendant son mandat" (...) et "fait suite à de lourdes allégations d'abus de pouvoir formulées à son encontre".

Au volet sécuritaire, M. Tinubu a procédé, dans les quelques jours suivant son investiture en tant que président du Nigeria au remplacement des chefs de tous les services de sécurité du Nigeria dans un remaniement majeur. Objectif : renforcer le sentiment de sécurité chez tous les Nigérians et lutter de façon efficace et efficiente, avec des résultats dans l'immédiat, contre le terrorisme.

Ayant la sécurité comme priorité absolue, M. Tinubu vise, à travers ces nominations, à donner du nouveau sang aux services de sécurité du pays et favoriser une coopération de plus en plus coordonnée entre eux.

Côté politique, le parti du Congrès des progressistes (APC), de M. Tinubu, a réussi à apaiser le débat et la polémique autour des postes des présidents du Sénat et de la Chambre des représentants, avec l'élection de personnalités de consensus.

Le parti au pouvoir au Nigeria a conservé la direction de l'Assemblée nationale avec l'élection de ses candidats de consensus en tant que président du Sénat et président de la Chambre des représentants.

Godswill Akpabio a été élu à la tête du Sénat alors que Tajudeen Abbas a été choisi comme président de la Chambre des représentants.

En outre, l'APC détient une majorité confortable au Sénat de 109 membres avec 59 sénateurs. Le parti est également en tête à la chambre basse avec 162 sièges à la Chambre des représentants qui compte 360 membres.

Toutes ces décisions dans divers domaines ainsi que la forte position de l'APC sur l'échiquier politique national, devraient créer des conditions de travail favorables pour l'administration de M. Tinubu pour mener des réformes et des politiques économiques et sociales à même de contribuer au développement, au progrès et à la prospérité du Nigeria. (Avec Quid)