International
Nouvelles violences en Cisjordanie, une ville attaquée par des colons israéliens
Des colons lors de l'attaque dans la ville de Huwara, en Cisjordanie occupée, le 27 février 2023, narguent un Palestinien. Le 27 février, les Palestiniens de Cisjordanie ont fait le compte des violences meurtrières et des incendies criminels commis par des colons israéliens à Huwara. (Photo de RONALDO SCHEMIDT / AFP)
Murs noircis par le feu, vitres brisées et voitures calcinées: les habitants de la ville palestinienne de Huwara, en Cisjordanie occupée, ont découvert lundi les dégâts d'une attaque menée par des colons israéliens après la mort de deux d'entre eux par des tirs palestiniens.
Fait rare, les autorités israéliennes ont appelé les colons au calme après ce nouvel épisode de violences qui intervient alors que le conflit connaît déjà une nette escalade et que des responsables de chaque côté se sont engagés, lors d'une réunion dimanche en Jordanie, à "prévenir toute nouvelle violence".
Dimanche soir, des centaines de colons israéliens sont entrés à Huwara, petite ville du nord de la Cisjordanie occupée où les tensions sont fréquentes. Ils ont jeté des pierres vers des habitations palestiniennes, incendié des bâtiments, des poubelles et des voitures, a constaté un journaliste de l'AFP.
Au petit matin, une décharge avait des airs de cimetière de voitures, avec des dizaines de véhicules calcinés.
"Ils ont brûlé tout ce qu'ils ont trouvé", a raconté un habitant, Kamal Odeh: "Ils ont incendié plus de 20 bâtiments, dont des magasins, des maisons. Même les arbres n'ont pas été épargnés".
D'après Wajeh Odeh, membre de la municipalité de Huwara, plus de 100 voitures ont été incendiées et 30 maisons brûlées ou endommagées.
"Nous considérons ces actes comme des actes de terrorisme", a dit un responsable de l'armée israélienne à des journalistes, estimant que de 300 à 400 colons étaient entrés dans la ville palestinienne par esprit de "vengeance".
"Hors de contrôle"
"Il ne peut y avoir de justification au terrorisme, aux incendies criminels et aux actes de vengeance envers des civils", a estimé dans un communiqué le médiateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, se disant "profondément préoccupé".
Le ministère français des Affaires étrangères a jugé "inacceptables" les violences contre des civils palestiniens en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, s'inquiétant de violences menaçant "de dégénérer hors de contrôle".
Il a aussi condamné "fermement l'attaque qui a coûté la vie à deux Israéliens".
Ceux-ci se trouvaient en voiture à Huwara lors de l’attaque des colons, dimanche après-midi, lorsqu'ils ont été tués par balles, dans ce que le gouvernement israélien a qualifié d'"attentat terroriste palestinien".
Plus tard, un Palestinien a été tué par balles alors que les forces israéliennes et des colons se trouvaient à Zaatara, un autre village près de Naplouse.
"Nous voulons de la sécurité, mais la responsabilité d'assurer la sécurité dépend uniquement de l'armée", a déclaré à des journalistes lundi Esty Yaniv, la mère des deux colons.
Plusieurs centaines de personnes ont assisté lundi à leurs funérailles à Jérusalem. Leurs cercueils étaient recouverts de drapeaux israéliens et portés par des proches et des soldats, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Pogrom
Des organisations israéliennes de défense des droits humains ont dénoncé un "pogrom", "soutenu" par le gouvernement israélien, d'après "La paix maintenant".
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé Israël de "protéger les actes terroristes perpétrés par des colons".
L'armée a multiplié depuis près d'un an dans le nord de la Cisjordanie les opérations présentées comme "antiterroristes".
Mercredi, onze Palestiniens ont été tués à Naplouse dans l'incursion militaire israélienne la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2005 au moins.
Depuis le début de l'année, le conflit a coûté la vie à 63 Palestiniens (dont des combattants et des civils incluant des mineurs) et à 12 Israéliens (dont des mineurs et des forces de sécurité) et une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Lors d'une réunion dimanche en Jordanie, de hauts responsables sécuritaires israéliens et palestiniens ont "réaffirmé la nécessité de s'engager dans la désescalade sur le terrain et de prévenir toute nouvelle violence".