Opération transparence pour la monarchie espagnole

5437685854_d630fceaff_b-

Sur cette photo prise et publiée par le service de presse du Premier ministre espagnol, La Moncloa, le 13 mars 2022, le roi d'Espagne Felipe VI (à gauche) et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez arrivent à une "Conférence des présidents", sur l'île canarienne de La Palma. Le 25 avril 2022, le palais royal d'Espagne a dévoilé pour la première fois la fortune personnelle du roi Felipe VI, indiquant qu'elle s'élevait à 2,6 millions d'euros (2,8 millions de dollars). (Photo : Fernando CALVO /

1
Partager :

 

Le roi d'Espagne Felipe VI et le gouvernement de gauche espagnol ont lancé une opération "transparence" pour le palais royal visant à redorer le blason de la monarchie terni par l'ex-souverain Juan Carlos.

"C'est un pas en avant très important dans la modernisation, dans l'exemplarité du palais royal (...) un pas en avant en matière de transparence", a déclaré mardi Félix Bolaños, ministre de la Présidence et bras-droit du Premier ministre Pedro Sanchez, en présentant le décret adopté par le Conseil des ministres.

"C'est le pas en avant que les citoyens demandaient au palais royal (...), au gouvernement", a-t-il ajouté, en assurant que les mesures adoptées étaient "le fruit du travail de ces derniers mois avec le palais royal".

Concrètement, le palais royal devra désormais faire auditer ses comptes par la Cour des comptes, rendre publics ses contrats, son budget ou encore dresser un inventaire des cadeaux reçus par la famille royale, selon le décret-loi adopté par le gouvernement.

Les hauts dirigeants du palais devront par ailleurs dévoiler leur patrimoine en prenant leur poste et lors de leur départ.

Un fonctionnement qui se rapprochera de celui des grandes administrations du pays.

A la veille de l'annonce de ces mesures, Felipe VI avait voulu montrer son exemplarité en communiquant lundi soir sa "décision personnelle de rendre public son patrimoine" qui s'élève au total à 2,573 millions d'euros.

La plupart des avoirs du roi, environ 2,3 millions d'euros, sont des dépôts sur des comptes en banque issus de ses revenus des 25 dernières années, d'abord comme prince des Asturies, puis, depuis 2014, comme roi, selon le palais. Le reste, près de 300.000 euros, sont des œuvres d'arts, des antiquités ou des bijoux.

Enquêtes classées 

Monté sur le trône en 2014 après l'abdication de son père Juan Carlos sur fond de scandales, Felipe VI s'était alors engagé à "rénover" la monarchie et à adopter "une conduite intègre, honnête et transparente".

Il avait rapidement ordonné un audit des comptes de la maison royale, publié un code de conduite pour ses membres et retiré en 2015 le titre de duchesse à sa sœur, l'infante Cristina, impliquée avec son époux Iñaki Urdangarin dans une vaste affaire de détournements de fonds publics.

Jugée, elle a finalement été innocentée mais son mari a été lui condamné à de la prison.

Face à la multiplication des révélations sur la fortune opaque de Juan Carlos et son train de vie fastueux, Felipe VI avait ensuite décidé en 2020 de renoncer à son héritage et de retirer à son père son allocation annuelle de près de 200.000 euros.

L'opération "transparence" annoncée par le gouvernement intervient alors que la justice espagnole a classé début mars ses trois enquêtes visant Juan Carlos, parti en exil en août 2020 aux Émirats arabes unis où il a décidé de rester pour le moment.

Ne pouvant poursuivre l'ex-souverain "en raison de l'insuffisance d'indices incriminants, de la prescription des délits et de l'immunité" dont il bénéficiait en tant que chef d’État jusqu'en 2014, le parquet avait toutefois souligné les "irrégularités fiscales" dont l'ancien roi s'était rendu coupable.

"Maquillage" 

Selon le gouvernement, les mesures annoncées mardi vont rapprocher le palais royal espagnol des "normes les plus exigeantes des autres palais royaux européens".

Pour le quotidien conservateur El Mundo, elles vont surtout permettre "de maintenir un contrôle rigoureux et respectueux sur le patrimoine du monarque afin que les situations qui ont sapé la réputation de Juan Carlos ne se reproduisent jamais".

Le parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes de Pedro Sanchez au sein du gouvernement, a lui jugé que ces mesures ne changeraient pas grand-chose.

"A partir du moment où le roi conserve son immunité, tout maquillage concernant la monarchie aura peu d'effet", a lancé Pablo Echenique, l'un des dirigeants de cette formation ouvertement républicaine. (AFP)

lire aussi