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Porte-parole du gouvernement sénégalais: Sonko ''n'a aucune condition à poser'' pour sa comparution
L'opposant Ousmane Sonko, leader du parti Pastef et membre de la coalition F24 qui soupçonne le président Macky Sall de vouloir briguer un troisième mandat
Dakar - L'opposant Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, "n'a aucune condition à poser" au sujet de sa comparution, mardi prochain, devant la chambre criminelle du tribunal de Dakar pour "viols présumés" et "menaces de mort" sur une femme, a déclaré le ministre sénégalais du Commerce, porte-parole du gouvernement.
Le responsable répondait à Ousmane Sonko, suite à sa dernière sortie sur la télévision "Walf TV", lors de laquelle l'opposant sénégalais a réclamé des garanties pour pouvoir assister à l'audience du 23 mai.
Abdou Karim Fofana parle de «manipulation» et de «diversion» de la part du maire de Ziguinchor (sud) à propos de sa comparution devant la justice, relatif au dossier «Sweet Beauty».
Le porte-parole du gouvernement qui s'exprimait en marge de la rencontre de la "Task Force républicaine" à Grand-Yoff ce week-end a déclaré: "Quand on est convoqué devant une chambre criminelle, on n'a pas de condition à poser".
"Ousmane Sonko ne peut être au-dessus de la loi… C'est encore de la manipulation. Si Ousmane Sonko décide de se comporter en justiciable de bonne foi, il n’a qu’à aller au tribunal… et aucune action ne sera tentée par les Forces de l’ordre. Par contre, s’il décide de troubler l’ordre public, les forces de défense et de sécurité agiront conformément à la réglementation dans leurs compétences de maintien de l’ordre public", a martelé M. Fofana.
"Le jour où on me donnera des garanties, je viendrai à Dakar et mardi je serai au tribunal. Si toutes les conditions (de sécurité) sont remplies, je répondrai présent", avait déclaré Sonko dans une interview, dans la nuit de vendredi à samedi, à la télévision locale "Walf TV".
A Dakar, les forces de l'ordre "m'ont fait subir des violences, des brutalités. Ma maison est barricadée et on a tenté de m'assassiner", a-t-il dénoncé.
"Je suis pourchassé partout. J'ai été blessé. Mes militants reçoivent des bombes lacrymogènes ou sont arrêtés par centaines. L'institution judiciaire ne doit pas être le bras armé de l'exécutif pour éliminer un candidat à la présidentielle" de 2024, a ajouté Sonko, candidat déclaré à ce scrutin prévu le 25 février de cette année.
Le leader de Pastef et membre de la coalition Yewwi Askane Wi (libérer le peuple en Wolof) a indiqué n'avoir reçu de la justice "aucune convocation" pour son procès pour "viols et menaces de mort" présumés.
«Que rien ne sera plus comme avant quand je me rends au tribunal. Qu'on me laisse comparaitre librement sans être escorté de policiers ou de gendarmes», a-t-il insisté.
Le maire de Ziguinchor est poursuivi par une femme d'une vingtaine d'années, une employée d'un salon de beauté à Dakar où il allait, selon lui, se faire masser pour soulager son mal de dos.
La ville de Ziguinchor (sud), où il s'est retiré depuis quelques jours, a été en proie lundi et mardi dernier à des affrontements entre les forces de l'ordre et de jeunes supporteurs de l'élu.
Les autorités ont décidé la suspension des cours dans l'ensemble des établissements scolaires de la région de Ziguinchor (Casamance), durant la période du 19 au 25 mai courant, suite à des heurts.
Ousmane Sonko, placé sous contrôle judiciaire depuis mars 2021, avait déclaré avoir décidé de ne plus coopérer avec la justice dans les affaires judiciaires le concernant.
Selon des analystes, si l'accusé ne se présente pas devant le tribunal de Dakar il sera jugé par contumace.
Sonko avait été condamné en appel le 8 mai dernier à six mois de prison avec sursis dans une autre affaire pour "diffamation" et "injures publiques" contre un ministre. Cette peine, à elle seule, pourrait le priver de son éligibilité à la présidentielle de 2024 si elle est confirmée en cassation.
En mars 2021, l'interpellation de Sonko alors qu'il se rendait au tribunal dans l'affaire de "viols présumés", avait contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait des victimes.