Sanctions contre Moscou et relations avec Pékin au menu du G7 à Hiroshima

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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak montre ses chaussettes au Premier ministre japonais Fumio Kishida, sur lesquelles figure le nom de l'équipe de baseball préférée de Kishida, Hiroshima Toyo Carp., lors de leur rencontre bilatérale à Hiroshima le 18 mai 2023, avant le sommet des dirigeants du G7. (Photo par Stefan Rousseau / POOL / AFP)

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Les dirigeants des pays du G7 ont commencé jeudi à arriver dans la ville japonaise de Hiroshima pour s'entretenir du renforcement des sanctions contre la Russie et de mesures de protection contre la "coercition économique" de la Chine.

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida accueillera de vendredi à dimanche les dirigeants des six autres pays parmi les plus industrialisées dans cette ville détruite par une bombe atomique américaine en 1945.

Le Japon a aussi invité à Hiroshima huit pays tiers, dont des économies émergentes majeures comme l'Inde et le Brésil, dans une tentative de rallier certains dirigeants réticents à s'opposer à la Russie dans la guerre en Ukraine et à ce qu’ils considèrent comme les ambitions militaires croissantes de Pékin.

Les dirigeants des pays membres du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) tenteront de présenter un front uni face à la Russie et la Chine, mais aussi sur d'autres questions stratégiques où leurs intérêts ne sont pas toujours parfaitement alignés.

Le président américain Joe Biden est arrivé au Japon jeudi après-midi, devenant le deuxième président en exercice à visiter Hiroshima après Barack Obama en 2016.

La guerre d’Ukraine commencée il y a 15 mois devrait dominer l'ordre du jour.

En marge d'une rencontre avec M. Kishida, M. Biden a déclaré jeudi que le G7 défendait "des valeurs communes, notamment le soutien au peuple ukrainien qui défend son territoire souverain et la responsabilité de la Russie pour son agression brutale".

Les Etats-Unis et leurs alliés ont multiplié les envois d'armes en Ukraine, dont le président Volodymyr Zelensky doit participer au sommet par vidéoconférence.

Désarmement nucléaire 

Selon le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, les discussions devraient se concentrer notamment sur le renforcement des sanctions contre Moscou ayant entraîné une contraction de l'économie russe au premier trimestre 2023.

Il s'agit aussi "de savoir comment nous pouvons éviter le contournement des sanctions", a estimé jeudi le chancelier allemand Olaf Scholz devant la presse, ajoutant: "Je pense que cette question sera très bien résolue, et de manière très pragmatique".

Selon un responsable de l'Union européenne, organisation qui participe au G7, les chefs d'Etat et de gouvernement discuteront également de sanctions contre le commerce de diamants russes.

"Nous pensons qu'il faut limiter les exportations russes dans ce secteur", a déclaré ce responsable, se refusant à donner un calendrier et ajoutant qu'il était peu probable que le G7 parvienne à un accord final au Japon.

Les menaces répétées de M. Poutine de transformer la guerre en Ukraine en conflit nucléaire sont considérées par certains observateurs comme une tentative d'ébranler la détermination des Européens et des Américains.

La visite prévue des dirigeants au parc commémoratif de la paix de Hiroshima devrait mettre ces menaces en exergue, là où le 6 août 1945, la ville a été en grande partie détruite par une bombe atomique américaine sans regrets ni remords, faisant 140.000 victimes.

M. Kishida, dont la famille est originaire de Hiroshima et qui y est lui-même élu, souhaite profiter de ce sommet pour inciter ses invités, notamment le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis, qui possèdent ensemble des milliers d'ogives nucléaires, à s'engager à faire preuve de transparence sur leurs stocks et à réduire leurs arsenaux.

De nombreux chefs militaires et diplomatiques, dont six anciens chefs d'Etat, ont aussi exhorté mercredi les puissances nucléaires à mettre de côté les tensions et à négocier des mesures de maîtrise des armements.

Mais dans le contexte de tensions entretenues avec d'autres puissances nucléaires que sont la Russie, la Corée du Nord et la Chine, les espoirs d'avancées dans ce domaine sont maigres.

"Coercition économique" 

Le G7 devrait aussi consacrer une large part de ses discussions à la Chine, et en particulier aux moyens de se protéger d'un éventuel chantage économique de Pékin, en diversifiant la production et les chaînes d'approvisionnement, alors que le gouvernement chinois s'est montré disposé à recourir à des entraves au commerce.

Pour M. Sullivan, les dirigeants du G7 devraient dénoncer cette "coercition économique" et s'efforcer de surmonter les divergences transatlantiques sur la position à adopter face à la Chine.

Mais les pays européens, en particulier la France et l'Allemagne, tiennent à s'assurer que l'élimination des risques ne signifie pas la rupture des liens avec la Chine, l'un des plus grands marchés du monde.

Ce n'est "pas un G7 antichinois", a insisté l'Elysée en amont du sommet, en souhaitant "un message positif" de coopération "à condition que nous négociions ensemble".

Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, l'Allemagne, la France et l'Italie ont tous affirmé que l'adoption contre la Chine de mesures commerciales punitives figurerait à l'ordre du jour de leur sommet annuel de trois jours, l’objectif étant de soustraire les chaînes d'approvisionnement cruciales de l'influence chinoise.

Alors que le sommet devrait aboutir, selon les analystes, à une déclaration commune exprimant la préoccupation des pays face à ce qu’ils caractérisent de "coercition économique" de la Chine et une vision commune quant à la position à adopter vis-à-vis de la deuxième économie mondiale, la question est de savoir si les pays membres sont prêts à afficher un front uni.

Les Etats-Unis ont déjà adopté une approche ferme, bloquant l'accès de Beijing aux semi-conducteurs les plus avancés et aux équipements nécessaires à leur fabrication.

Ces nouvelles restrictions américaines à l'investissement, dont le mécanisme de sélection devrait être dévoilé suite au sommet, seraient "de portée étroite" et "ciblées sur les technologies ayant des implications claires pour la sécurité nationale", avait expliqué Mme Yellen.

La Chine, pour sa part, rejette les accusations selon lesquelles elle utilise le commerce comme une arme. "Si le sommet du G7 met à l'ordre du jour la lutte contre la coercition économique, je suggère qu'ils discutent d’abord de ce que les États-Unis ont fait", avait déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'une conférence de presse.

"La Chine elle-même est victime de la coercition économique américaine et nous avons toujours été fermement opposés à la coercition économique des autres pays", a-t-il insisté.

Selon les analystes, si la position des Etats-Unis sur la question est sans équivoque, le Japon et l’Europe devraient se montrer “plus prudents” dans leurs prises de position au risque de perturber les relations avec la Chine, leur premier partenaire commercial. (Quid avec AFP et MAP)