Ukraine: Moscou continue à bombarder dans l'Est, Finlande et Suède aux portes de l'Otan

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken donne une conférence de presse à la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN sur l'Ukraine, à Berlin, le 15 mai 2022. (Photo : John MACDOUGALL / AFP)

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Les pays de l'Otan continueront à aider militairement l'Ukraine, toujours sous la pression des bombardements russes, a assuré Berlin dimanche, alors que la Finlande a annoncé sa candidature à l'Alliance atlantique en saluant un "jour historique".

Les forces russes s'efforcent pendant ce temps de progresser dans la région stratégique du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont Moscou a fait son objectif principal depuis le retrait de ses troupes des environs de Kiev fin mars.

Mais elles sont à la peine face à la résistance acharnée des forces ukrainiennes fortement soutenus par l’armement, le renseignement et les financements des pays occidentaux.. 

A l'issue d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Otan à Berlin, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a affirmé que les pays de l'Alliance, individuellement, ne relâcheraient pas leurs efforts "en particulier en matière d'assistance militaire" à l'Ukraine.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, qui a rencontré son homologue américain Antony Blinken samedi à Berlin, s'est félicité du "précédent" créé par la décision de l'Allemagne de fournir de premières armes lourdes à Kiev, dans une vidéo postée dimanche sur son compte Facebook.

"Le jour où je suis arrivé à Berlin, il y avait une formation pour des soldats ukrainiens à l'utilisation d'artillerie automotrice allemande de 155 mm", a déclaré M. Kouleba. "Bientôt, ces Howitzer automoteurs frapperont l'ennemi. Un précédent a été créé. L'obstacle psychologique (à la fourniture d'armes lourdes à l'Ukraine) a été surmonté".

Après des décennies à l'écart des alliances militaires, la Finlande avait annoncé quelques heures plus tôt qu'elle allait demander officiellement à adhérer à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède voisine en vue d'une probable demande simultanée des deux pays, qui n’attendaient que le prétexte de rejoindre l’encerclement atlantique de la Russie. Il a été tout trouvé avec la guerre d’Ukraine.

"C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a affirmé le président finlandais Sauli Niinistö, dont le pays partage une frontière de 1.300 kilomètres avec la Russie. Il avait appelé samedi Vladimir Poutine pour l'informer de cette décision, que le président russe a qualifiée d'"erreur".

Moscou avait auparavant menacé de représailles "militaro-techniques", sans préciser lesquelles, et, dans la nuit de vendredi à samedi, avait arrêté de fournie de d'électricité à la Finlande - environ 10% de la consommation du pays nordique.

En Suède, la direction du parti social-démocrate au pouvoir a approuvé dimanche soir une candidature à l'Otan - un revirement historique pour cette formation. La Première ministre Magdalena Andersson a ensuite estimé qu'une candidature commune avec la Finlande était "le mieux pour la Suède" et sa sécurité.

Le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg, s'est dit "confiant" dans la possibilité pour les pays de l'Alliance de trouver un compromis avec la Turquie, qui avait manifesté son hostilité à l'adhésion de la Suède et de la Finlande.

"Perdu de son élan"

Sur le terrain, quatre missiles russes ont détruit des installations militaires dans l'ouest de l'Ukraine, dans le district de Yavoriv tout proche de la frontière polonaise, sans faire de victimes, a annoncé dimanche le gouverneur de la région de Lviv, Maxim Kozytski, sur Telegram.

Les forces ukrainiennes ont également détruit deux missiles de croisière au-dessus de la région de Lviv, largement épargnée depuis le début de la guerre, a ajouté le gouverneur.

Moscou a par ailleurs annoncé que des missiles russes de "haute précision" avaient visé dans la nuit deux points de commandement ukrainiens et quatre dépôts de munitions d’artillerie près de Zaporijjia, Paraskovievka, Konstantinovka et Novomikhaïlovka dans la région de Donetsk (est).

L’aviation russe a elle détruit deux lance-missiles et un système radar dans la région de Soumy, dans le nord-est. Et les systèmes de défense anti-aérienne russes ont détruit 15 drones ukrainiens, affirme encore Moscou.

Mais si Moscou égrenne ses succès, les services de renseignement militaire britanniques estimaient dimanche que l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine avait "perdu de son élan".

Selon eux, la Russie a subi d'énormes pertes et risque fort de s'enliser dans sa tentative de conquête de l'est du pays.

Les troupes de Moscou n'ont pas réussi à réaliser des gains territoriaux substantiels, mettant leur plan de bataille "considérablement en retard", toujours selon les Britanniques.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois souligné que la "situation dans le Donbass" restait "très difficile", car "les troupes russes tentent d'y obtenir au moins une victoire".

"On se prépare à de grandes offensives à Severodonetsk, et autour de l'axe Lyssytchansk-Bakhmout", a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, qui forme avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass.

"La région de Lougansk est constamment sous un feu chaotique (...) il n'y a absolument ni gaz, ni eau, ni électricité", avait-il décrit samedi soir.

Les Russes tentent notamment depuis trois semaines de franchir la rivière Severskyi Donets, au niveau du village de Bilogorivka.

"Azov était là" 

Dans ce village quasi désert, une équipe de l'AFP a vu les routes jonchées d'équipements militaires abandonnés. Il ne restait que trois angles couverts de suie d'une école bombardée il y a une semaine, une frappe que Kiev présente comme l'un des plus graves crimes commis par les forces russes depuis le début de leur invasion de l'Ukraine, avec 60 civils tués.

A Vilkhivka, un autre village près de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, les stigmates de la violence des combats qui sont partout.

Symboliquement, l'inscription "Azov était là", avec le symbole du régiment ukrainien ressemblant à la croix gammée nazie, a été apposé sur un des chars, à côté du "Z" qui y avait été peint par les troupes russes.

Des dizaines de maisons de ce village d'environ 2.000 habitants ont été éventrées par des obus, des explosions ou des incendies. Les rues sont jonchées de débris, douilles de balles et autres restes de munitions.