chroniques
Une paix made in China… Par Dr Samir Belahsen
Le début de l’avènement d’un nouvel ordre mondial. Mais le déclin structurel américain prendra du temps. La Rome des temps modernes va lutter, elle en a les ressorts économiques, technologiques et politiques. Le« déclin hégémonique » total n’est pas pour demain.
« J'aurais voulu agir comme Rambo. »
Ronald Reagan, juillet 1985
« À l'aube du nouveau millénaire, les États Unis jouissent d'une prééminence inégalée même par les plus grands empires du passé. De l'armement à l'esprit d'entreprise, de la science à la technologie, de l'enseignement supérieur à la culture populaire, l'Amérique exerce un ascendant sans précédent dans le monde entier.
Henry Kissinger
Il y a 20 ans quand les chars américains pénétraient Bagdad, John Ikenberry écrivait : « Ce que les années 1990 ont forgé est une Amérique unipolaire qui est plus puissante que n'importe quel autre grand État dans l'Histoire ».
Les conservateurs Américains nous expliquaient les divers avantages de la puissance américaine, sans précédent, et qui avait peu de chances de disparaître de sitôt... L’empire du Bien s’installait.
Les néo-impérialistes proches de l'Administration Bush plaidaient ouvertement en faveur d'un empire américain mondial. Pour Stephen Peter Rosen, « le principe organisateur de l'empire repose sur l'existence d'un pouvoir global qui crée et applique le principe de hiérarchie, mais n'est pas lui-même lié par de telles règles... Si un empire américain perdure, nous pourrons rétrospectivement considérer l'ère des États-nations indépendants comme une sorte d'anomalie historique ».
En 2023, nous pouvons déjà constater que l’empire n’a pas perduré. J’ajouterais, sans m’y attarder, que globalement des États-nations indépendants se veulent de plus en plus indépendants, de plus en plus nations et pour certains développent même des envies d’Empire. Le rôle des États-Unis n'est plus ce qu'il était. L’occident a vécu près d'un siècle sur l'illusion qu'à l'Empire du Bien, qu'il était, s'opposait le Mal absolu.
Aujourd'hui, en plus de la crise de structure du système financier américain et les échecs des États-Unis en Afghanistan et en Irak, la porte est grandement ouverte aux jugements excessifs. Le déclin structurel américain prendra du temps. L’empire va lutter, il en a les ressorts économiques, technologiques et politiques. Le« déclin hégémonique » total n’est pas pour demain.
Aujourd'hui, l'Amérique n'est plus et ne pourra plus être le seul gendarme du monde. L’Amérique sera pour longtemps un big player, elle devra compter avec les autres. Avec la visite d’État que le président Chinois vient d’entamer à Moscou, le rêve Chinois, tel qu’il ressort de la doctrine du PCC, se concrétise. L’influence Chinoise sur la scène régionale et internationale est grandissante.
Après avoir orchestré une réconciliation prometteuse entre le royaume Saoudien et la république Islamique d’Iran, le président Chinois propose un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine.
Je suis convaincu que c’est une chance pour la paix.
Je persiste à croire que pour la Chine, ce qui compte c’est l’intérêt de la Chine à long terme. Elle n’a donc aucun intérêt à voir cette guerre perdurer ni à s’y engager de quelque manière que ce soit.
La Russie doit en tout cas revoir ses ambitions impériales à la baisse, le dirigeant Chinois a rappelé l’exigence de respect de la souveraineté et du droit international. Les Ukrainiens doivent avoir compris que dans tous les cas ils vont payer le plus gros de la facture.
L’occident doit avoir compris ses fragilités, la sagesse chinoise voudrait qu’une fois que chacun a assimilé ses limites, on peut parler de paix. Une paix made in China.