Washington prêt à ''remuer ciel et terre'' pour faire gagner l'Ukraine contre la Russie

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Photo prise le 26 avril 2022 montre le monument soviétique à l'amitié Ukraine-Russie en cours de démantèlement à Kiev. Les autorités de Kiev ont commencé le 26 avril 2022 à démolir un monument symbolisant les liens historiques entre l'Ukraine ex-soviétique (Photo de Genya SAVILOV / AFP)

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Les Etats-Unis sont prêts à "remuer ciel et terre" pour faire gagner l'Ukraine contre la Russie, a affirmé mardi le chef du Pentagone lors d'une réunion avec ses homologues alliés en Allemagne, tandis que le secrétaire général de l'ONU plaidait à Moscou pour des couloirs humanitaires permettant d'évacuer les civils des zones bombardées.

"L'Ukraine croit clairement qu'elle peut gagner et c'est aussi le cas de tout le monde ici", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin à l'ouverture de cette rencontre avec une quarantaine de pays sur l’ancienne base américaine de Ramstein, organisée afin d'accélérer les livraisons d'équipements militaires que l'Ukraine réclame pour affronter l’armée russe.

La vaste alliance contre la Russie

"Nous allons continuer à remuer ciel et terre pour pouvoir les satisfaire", a ajouté le ministre, qui s'était rendu dimanche avec le secrétaire d'Etat Antony Blinken à Kiev. Les Etats-Unis et leurs alliés se réuniront désormais mensuellement pour examiner comment renforcer les capacités militaires ukrainiennes.

Les Ukrainiens font face à des bombardements incessants et à une progression de l'armée russe dans le Donbass (est), que des séparatistes prorusses contrôlent déjà en partie depuis 2014, et dans le sud.

S'exprimant sur Facebook, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré : "Je peux dire quelque chose : l'armée ukrainienne aura de quoi se battre (...) Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, à laquelle personne n'aurait pensé il y a deux mois. Le transfert aux forces armées ukrainiennes d'armes de l'Otan, aux standards de l'Otan. C'est en cours".

Après avoir initialement rechigné à fournir des armes offensives à l'Ukraine, les Etats-Unis, comme la Grande-Bretagne, la France et la République tchèque ont sauté le pas. Même l'Allemagne, particulièrement réticente, a annoncé mardi qu'elle allait autoriser la livraison de chars de type "Guepard".

Les Pays-Bas fourniront pour leur part des obusiers blindés de type Panzerhaubitze 2000 à Kiev, a confirmé mardi le gouvernement hollandais.

Ces obusiers représentent l'artillerie "la plus lourde de l'armée" néerlandaise, selon le ministère de la Défense, et permettent de tirer sur des cibles ennemies à 50 kilomètres.

Selon Mike Jacobson, un spécialiste civil de l'artillerie, les Occidentaux veulent permettre aux Ukrainiens de répliquer aux bombardements russes de longue portée, qui visent à faire reculer le gros des forces ukrainiennes pour ensuite envoyer chars et soldats occuper le terrain.

Frappes russes 

En attendant l'acheminement de ces armes, sur le front du Donbass, la situation est compliquée et "sur le plan du moral, ce n'est pas rose du tout", a dit à l'AFP Iryna Rybakova, officier de presse de la 93e brigade ukrainienne.

Selon un conseiller du ministre de l'Intérieur ukrainien, les forces russes bombardent ponts et voies ferrées pour ralentir les livraisons d'armes occidentales.

L'armée russe a affirmé avoir mené mardi des frappes de missiles de haute précision contre 32 cibles militaires ukrainiennes, dont 20 zones de concentrations de troupes et d’équipements, et quatre dépôts de munitions près des localités de Slaviansk et Droujkovka dans la région de Donetsk.

Plusieurs localités comme Izioum et Kreminna sont tombées ces deux dernières semaines et l'armée russe continue de grignoter du terrain, poche par poche.

Dans les régions du Donbass comme dans le sud, l’armée russe " effectue des frappes sur les positions de nos troupes sur toute la longueur de la ligne de front avec mortiers, artillerie et lance-roquettes multiples", a expliqué mardi le ministère ukrainien de la Défense.

Dans le sud, deux missiles russes ont notamment touché mardi matin la ville de Zaporijjia, faisant au moins un mort et un blessé, selon l'administration régionale.

Zaporijjia, grand centre industriel sur le Dniepr, a été ces dernières semaines le point d'accueil des civils ukrainiens fuyant Marioupol assiégée et d'autres villes bombardées du Donbass. Mais la ville se prépare maintenant à une attaque des Russes en provenance de la côte, selon Kiev.

Zaporijjia est proche de la plus grande centrale nucléaire de l'Ukraine, dont la situation est suivie de près par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Son patron Rafael Grossi, qui visitait Tchernobyl mardi pour le 36e anniversaire de la catastrophe nucléaire de 1986, a souligné que le niveau de radioactivité se situait "dans la normale", après avoir augmenté à certains moments pendant que les Russes l'occupaient, entre fin février et fin mars.

A Kiev, épargnée depuis le 17 avril par les frappes russes, la mairie a démoli mardi un monument de l'époque soviétique célébrant l'amitié ukraino-russe. "

Azovstal toujours pilonnée

La situation semble par ailleurs bloquée à Marioupol, port stratégique à la pointe sud du Donbass presque entièrement contrôlé par les Russes mais dans lequel seraient toujours coincés quelque 100.000 civils, selon Kiev.

Les forces russes continuent d'y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où se sont repliés les derniers soldats ukrainiens avec, disent-ils, près de 1.000 civils, a souligné mardi le gouverneur de la région Pavlo Kyrylenko.

Dans un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le président russe Vladimir Poutine a martelé mardi que "les autorités de Kiev doivent prendre leurs responsabilités politiques et intimer l'ordre de déposer les armes" aux soldats, selon le Kremlin.

Guterres à Moscou 

C'est dans ce contexte que le secrétaire général des Nations unies était mardi à Moscou, sa première visite dans la capitale russe depuis le début d'un conflit qui a chamboulé les grands équilibres mondiaux et anéanti toute coopération entre la Russie et les Occidentaux.

"J'ai proposé la création d'un groupe de contact réunissant la Russie, l'Ukraine et les Nations unies afin de rechercher les possibilités d'ouverture de couloirs humanitaires", a déclaré Antonio Guterres.

A l'issue de sa rencontre avec le chef de l'ONU, le président Vladimir Poutine a affirmé croire toujours en une issue positive des négociations.

"Malgré tout, les négociations se poursuivent (...) J'espère que nous arriverons à un résultat positif", a-t-il déclaré durant sa rencontre au Kremlin avec M. Guterres.

Appel au calme en Moldavie

Mais les pourparlers russo-ukrainiens semblent plus que jamais dans l'impasse. Alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky de "faire semblant" de négocier, son homologue américain Antony Blinken a déclaré mardi que Vladimir Poutine n'avait pas démontré de "sérieux" dans ses intentions de négocier.

Et la menace d'une extension du conflit demeure. L'inquiétude monte en Moldavie, au sud de l'Ukraine, après une série d'explosions lundi et mardi dans la région séparatiste de Transdniestrie soutenue par Moscou.

"Nous appelons nos concitoyens à rester calmes", a déclaré la présidente moldave Maïa Sandu après avoir réuni son conseil de sécurité nationale. "Il s'agit d'une tentative d'accroître les tensions. Les autorités moldaves veilleront à empêcher la république d'être entraînée dans un conflit".

"La Russie veut déstabiliser la région de Transdniestrie et laisse entendre que la Moldavie doit s'attendre à +des invités+", dit le conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak pour ameuter les moldaves.

Un général russe, Roustam Minnekaïev, avait dit la semaine dernière que la prise du sud de l'Ukraine permettrait aux Russes d'avoir un accès direct à cette région.

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