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Les improvisations de l’Europe face à l’éclatement des pays arabes
Comment peut-on parler des relations euro-arabes sans ?voquer la lourde historicit? et les pesanteurs pr?sentes qui brouillent aussi bien? l?Europe que le ??monde arabe????
Ce sujet semble s?inscrire dans un ensemble de configurations de rapports flous, d?int?r?ts contradictoires, d?un syst?me de relations in?gales, in?quitables et d?nu?es de tout esprit d??coute ou de partenariat. Le traiter en termes rationnel parait une aventure sinon une gageure. Car l?Union Europ?enne n?est, selon la formule de Bertrand Badie, ??ni une addition d?Etats ni un super-Etat. C?est quelque chose d?autre, une sorte d?objet politique non-identifi?, difficile ? concevoir??. La gestion europ?enne de la crise ?conomique de 2008, les h?sitations de faire sortir la Gr?ce de sa faillite ?vit?e apr?s de longues et difficiles tractations, les divergences d?appr?ciations et d?int?r?ts face aux d?fis impos?s par Poutine au sujet de la Crim?e et de l?Ukraine attestent de la pertinence de ??L?intuition?? de Badie, formul?e d?j? en 2000, et s?av?re d?une actualit? saisissante. Cet ?tat permanent de fragilit? europ?enne avait d?j? fait dire ? l??ditorialiste du journal ?? le Monde?? que l?Europe ??fait chaque jour un peu plus ?talage de son impuissance aux yeux du monde -et des europ?ens?? (2 avril 2010). ?L?euro-inqui?tude?? commence ? gagner du terrain car les derni?res ?lections europ?ennes ont confirm?es ces angoisses avec la mont?e des extr?mes droites. Ces expressions de scepticisme alimentent, de plus en plus, les?divisions, les??go?smes, les tergiversations et l?incapacit? des europ?ens ? formuler un discours clair et prendre des d?cisions pertinentes pour sauver la zone euro et r?habiliter la solidarit? europ?enne aussi bien que l??tablissement de rapports r?ciproquement fructueux avec la rive sud-est de la m?diterran?e.
Par ailleurs, ??le monde arabe?? s?est expos? ? l??clatement, engendrant? des secousses d?une violence destructrice?: la deuxi?me guerre du Golfe en 1991, l?invasion de l?Irak en 2003, l??chec des accords d?Oslo, la double agression isra?lienne contre le Liban en 2006 et Gaza en 2008, jusqu?aux ?v?nements du ??printemps arabe??, baptis? par les m?dias occidentaux comme tel. Cette situation est ind?niablement aggrav?e par la permanence des n?uds conflictuels au Maghreb, le nouveau r?le de l?Iran dans la r?gion, amplement engag? dans la guerre asym?trique en Syrie ?et l?expansion des foyers djihadistes affili?s ? Al qaiida. A ces facteurs?g?ostrat?giques, s?ajoutent le?d?s?quilibre d?mographique, l?accroissement des in?galit?s sociales et ?conomiques et l?explosion des identit?s, reni?es depuis longtemps par le despotisme. Cependant,? ces nouvelles revendications identitaires s?expriment, voire s?explosent, au nom de la doctrine, de la tribu, de la confession ou de la r?gion, c?est-?-dire au nom de ce qui participe concr?tement ? la fragilisation de l?Etat-Nation, d?j? fragile dans ses fondements. On se retrouve face ? une mosa?que d?entit?s et de pays qui s?entred?chirent dans les faits? et qui n?ont, malgr? les formes et les d?clarations de bonnes intentions, aucune politique consciente des int?r?ts partag?s ni entre eux ni ?par rapport ? l?Europe.
Nombre d?observateurs des rapports euro-arabes consid?rent que les r?sultats limit?s des accords de partenariat issus de la conf?rence de Barcelone (1995), les promesses pompeuses du ??Projet pour la M?diterran?e?? montrent ? quel point l?union europ?enne n?arrive pas ? trouver? ??un v?ritable projet strat?gique de la M?diterran?e??. Tout en pr?tendant assurer la d?mocratisation, les avanc?es en mati?re des droits de l?homme, ou en pr?nant la bonne gouvernance, la s?curit? et la coop?ration ?conomique, la politique europ?enne avec les pays arabes, si on excepte les ventes d?arme et les achats de p?trole et de gaz, souffre d?un probl?me flagrant d?incoh?rence, d?incompr?hension et d?interventions improvis?es.