Édito : Les Faussaires

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Pour avoir été à la scène de l’OLM Souissi, Quid.ma a constaté que tout l’espace était archicomble

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Une vidéo de la scène de Salé quasi vide se met à circuler sur les réseaux sociaux, annonçant victorieusement le triomphe de l’appel au boycott du festival en guise de solidarité avec nos frères palestiniens, victimes d’un massacre collectif à Gaza depuis neuf mois. À les suivre, on devrait appeler à un deuil national permanent. Sans avoir à le solliciter, revient à l’esprit le décès de Lalla Abla, mère du défunt Roi Hassan II, survenu le 2 mars 1992, à la veille de la fête du trône.

Fête nationale, elle était célébrée à l’époque par des récitals et des spectacles de rue partout dans le pays, et en raison des circonstances de deuil royal, la question du maintien des festivités s’est posée. Elles ont finalement eu lieu, parce que, on l’imagine bien, le souverain l’avait décidé.

Outre que cela exprime une règle de vie qui prévaut sur la mort confirmait par cette décision une règle de vie, qui porte bien son nom, un distinguo entre la marche du pays et, sauf cas de force majeure, tout événement qui pourrait en perturber le fonctionnement normal de l’État. Le Makhzen marocain pour faire plaisir à ceux qui appellent au boycott de Mawazine et qui, en dehors de Gaza, auraient trouvé tout autre motif d’interdire aux Marocains des instants de joie, indiquait nettement qu’on ne gère pas le pays  et ses populations avec l’émotionnel. 

Meurtris, nous le sommes tous par ce qui se passe en Palestine. Mais quel baume apporterait le boycott à notre constat d’impuissance face aux puissances qui commettent et/ou permettent le carnage et quel effet adoucissant aurait-il sur les bombes qui s’abattent au quotidien sur Gaza ?  Cet appel au boycott, et l’insistance ridicule à le faire passer pour un succès sont d’autant plus inutiles qu’aujourd’hui comme hier, il est sans impact sur le terrain : les spectateurs de tout âge affluent sur les spectacles.

La scène de Salé vide ? Une dérisoire et honteuse manipulation que ne confirment ni la suite du spectacle sur cette même scène ni l’affluence et le succès des cinq autres scènes de la capitale. Il suffit d’habiter ou d’être de passage en ce moment à Rabat pour se rendre compte du faux de cette prétention et de l’usage de faux qu’elle commet. Au plan éthique, ces manipulations posent un grave problème. Mais peut-on discuter éthique quand la vérité compte si peu pour ceux qui, mus par des intentions bien identifiées, n’ont aucun scrupule à travestir les faits tangibles pour faire avaler le mensonge aux crédules prédisposés à les croire et les relayer ? (Quid)

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