Fnideq : des journées de ''soft guérilla'' entre candidats à la migration et forces de l’ordre

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Des migrants prennent d'assaut une clôture de barbelés alors qu'ils tentent de franchir pour accéder à Sebta, près de Fnideq, dans le nord du Maroc, le 15 septembre 2024. (Photo par AFP)

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Fnideq – Correspondance particulière

Fnideq et toute sa région, y compris les villes d’accès telles Tétouan et Tanger ont vécu les nuits de samedi à lundi sous haute tension. Les forces de l'ordre marocaines n’ont cessé de repousser des centaines de candidats à l'émigration irrégulière, des Marocains et des ressortissants d'autres pays africains qui cherchaient à rallier la ville occupée de Sebta, incités par des appels sur les réseaux sociaux. Prenait corps ainsi ce phénomène sur lequel, dix jours avant ces évènements, le ministère de l’Intérieur marocain attirait l’attention :  la pression migratoire croissante sur le Maroc au cours de cette année 2024.

Les migrants, dont beaucoup de mineurs en majorité marocains, se sont dirigés dans l'après-midi vers le poste-frontière de la ville marocaine de Fnideq, voisine de Sebta, avant d'être éloignés par la police, souvent contraintes à l’emploi de la force.

Les candidats à la migration, dont un certain nombre originaire de pays d'Afrique subsaharienne, se sont ensuite repliés vers des collines dans la zone frontalière d’où ils harcelaient les forces de l’ordre.

Dans le bruit strident des sirènes des véhicules anti-émeutes, candidats à l’émigration et forces de l’ordre se sont livrés à une « soft guérilla » tout autour de Sebta, dans les quartiers de Fnideq et des zones périphériques, et bien en amont de cette région.  

Des gaz lacrymogènes sont tirés pour éloigner les migrants qui s'approchent de la clôture de barbelés de Sebta près de Fnideq, dans le nord du Maroc, le 15 septembre 2024. (Photo par AFP)

Des altercations ont éclaté avec des jets de pierres sur les bus transportant ceux qui ont été interceptés et contre la police elle-même.  

Les affrontements se déroulaient sur la route elle-même, dans le quartier le plus proche de Sebta.  

Aux jets de pierres massifs, les forces de sécurité répliquaient souvent par des gaz lacrymogènes et des canons à eau.  

Du coté où s’exerce l’administration espagnole on assistait à un déploiement et un renforcement de. Forces de police pour parer à toute éventualité.  A Sebta, la presse locale indiquait que la Garde civile maintient les GRS et l'hélicoptère pour contrôler la zone. 

Du coté de la plage, ils étaient également plusieurs candidats à tenter leur « chance » en essayant de renverser les barrières installées sur les plages pour les en empêcher. Le corps d'un migrant, de nationalité encore indéterminée à l’heure où nous écrivons, a été repêché par la Protection civile marocaine. 

Depuis Madrid, le ministère de l'Intérieur a salué la coopération du Maroc pour empêcher les entrées à Sebta annoncées sur les réseaux sociaux pour le 15 septembre.  

Des sources sur place parlent de blessés parmi les migrants mais aussi parmi les forces de sécurité marocaines, mais à l’heure où nous publions, aucune réaction des autorités marocaines, en dehors du déploiement des forces de l’ordre, n’a été enregistrée. 

Pour rappel, DGSN/DGST) et Gendarmerie Royale faisait de plusieurs arrestations ont réussi à appréhender, samedi après-midi, 6 individus, dont un mineur, âgés de 16 à 31 ans, pour leur implication présumée dans la diffusion de fausses informations et de contenus numériques incitant à l’émigration illégale.

Les services de veille informatique de ces trois corps avaient repéré des publications et des contenus numériques faisant état de la préparation d’un assaut contre le grillage de sécurité situé entre la ville de Fnideq et la ville de Sebta et incitant les utilisateurs des sites et applications de réseaux sociaux à l’émigration illégale.

Lire aussi : Gendarmerie Royale et DGST/DGSN sur l’affaire d’incitation à une migration massive à Sebta

Les enquêtes techniques et les investigations sur le terrain avaient permis d’identifier les suspects et de les appréhender dans les villes de Tétouan, Casablanca, Souk Larbaa, Ksar El Kébir et Tanger.

Les enquêtes techniques et les investigations sur le terrain avaient également permis d'identifier et d'arrêter un suspect dans la ville de Tanger, en possession de plusieurs téléphones portables.

Par ailleurs, des sources informées ont révélé au journal "Al Omq" que les autorités marocaines ont mené une vaste opération sécuritaire au cours de laquelle elles ont arrêté plus de 800 candidats à la migration clandestine en une seule nuit, pour la plupart des Marocains et des Algériens, ainsi que d'autres nationalités arabes et asiatiques, dans un contexte de grande mobilisation sécuritaire tout au long de la nuit.

Selon les mêmes sources, les autorités marocaines, représentées par les Forces Armées Royales, la Gendarmerie Royale, les Forces Auxiliaires, la Sûreté Nationale, ainsi que les agents de l'autorité locale, ont intensifié de manière stricte les mesures pour limiter ces tentatives récurrentes de migration.

Parmi les nouvelles mesures prises par les autorités, figurait la fermeture complète du quai menant à la plage au niveau du tronçon reliant Fnideq à Sebta, par des barrières métalliques, pour empêcher quiconque de s'approcher de la plage afin de mettre fin aux tentatives de saut dans la mer pour nager vers Sebta.

Les sources ont indiqué que les autorités sécuritaires arrêtaient toute personne suspectée d'avoir l'intention de sauter dans la mer, parallèlement à une campagne de sécurité pour traquer et arrêter les incitateurs à la migration clandestine et les récidivistes impliqués dans l'organisation de ces tentatives, pour les déférer devant le parquet compétent pour les poursuivre en justice.

Dans le même contexte, le journal "El Faro de Ceuta" avait révélé que le Maroc a renforcé sa présence sécuritaire et militaire à la frontière avec Sebta, en augmentant le nombre de bateaux maritimes surveillant les opérations de migration clandestine à Fnideq à six bateaux, avec l'apport de renforts sécuritaires importants tout au long du littoral entre Fnideq et Sebta.

Le 5 septembre, le ministère de l’intérieur rendait public un bilan qui état de 45.015 tentatives d’émigration irrégulière avortées depuis le début de l'année 2024. Toujours selon l’Intérieur, les services de sécurité ont démantelé 177 réseaux criminels s’activant dans le trafic de migrants, alors que 10.589 migrants ont été secourus en mer. Toujours confronté en cette année 2024 à une pression migratoire croissante, Rabat, qui met en cause l'instabilité prévalant dans la région du Sahel ainsi que de la perméabilité des frontières, soulignait l’exigence d’une coordination sans faille entre tous les pays partenaires, à travers des actions de surveillance et de prévention des facteurs d'attraction. Le Maroc dénonce également l'exploitation cynique des politiques de protection et d’accueil par des réseaux criminels de trafic de migrants.

Lire aussi : 45.015 tentatives d’émigration irrégulière avortées depuis début 2024, le Maroc confronté à une pression migratoire croissante

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