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L'autre France - Par Jamal El Mohafide
« Si des chaînes de télévision et la presse écrite n'ont pas respecté les règles professionnelles dans leur couverture du séisme d'Al Haouz, d'autres médias français ont traité la situation d'une manière différente de ces événements douloureux et se sont arrêtés sur les divers efforts déployés pour secourir et assister les sinistrés. »
Je pense que par objectivité il ne faudrait pas mettre tous les médias français dans le même sac pour le traitement qu’ils ont réservé au séisme destructeur qui a frappé, la semaine dernière Al Haouz et ses environs, et de les accuser tous de mener des campagnes systématiques et coordonnées contre le Maroc, en prétendant qu'il était incapable d’alléger les souffrances des habitants des zones montagneuses touchées, et d’avoir rejeté les aides destinées à atténuer les effets du séisme , qui a fait, à ce jour, environ 3000 morts et 5674 blessées.
Une semaine après le séisme d'Al Haouz, certains médias français ont tourné le dos aux répercussions dramatiques de ce violent tremblement de terre, à ses effets et à ses dimensions humanitaires, pour se focaliser sur des questions à caractère politique et controversées, en violation de l'éthique et de la déontologie du journalisme, surtout qu’il s’agit d’événements humanitaires dramatiques et douloureux.
Les médias français
Or, si ces chaînes de télévision et la presse écrite n'ont pas respecté ces règles professionnelles dans leur couverture du séisme d'Al Haouz, tout en mettant en avant le soi-disant rejet de l'aide française et de l'exclusion du pays de Molière de sa contribution au sauvetage et aux de secours, d'autres médias français ont traité la situation d'une manière différente de ces événements douloureux et se sont arrêtés sur les divers efforts déployés pour secourir et assister les sinistrés.
Dans ce contexte, des médias ont couvert les répercussions du séisme d'Al Haouz, l'ont abordé sous de multiples angles et ont réalisé une couverture large et équilibrée, soit à travers les correspondances de leurs envoyés spéciaux dans les zones touchées, ou en relayant les réactions qu'il a suscitées aux plans local et international. Ils ont également recueilli des déclarations de personnalités politiques, médiatiques et culturelles françaises, qui ont loué la grande solidarité dont ont fait preuve les différentes couches de la société marocaine et l'aide apportée dans les zones touchées par le séisme, en provenance de diverses régions du Royaume et de l'extérieur.
Ces personnalités françaises ont critiqué ce qu'elles ont qualifié de vision stéréotypée et arrogante de certains milieux politiques et journalistiques français, dans leur traitement des efforts déployés pour limiter les effets du séisme, en soulignant le savoir-faire et l'expérience des cadres dont dispose le Maroc dans de nombreux domaines, ce qui lui a permet de compter sur ses seules capacités pour atténuer les effets de cette catastrophe désastreuse.
Elles n’ont pas manqué, lors de leurs passages sur les plateaux de télévision, d’exprimer leur solidarité avec le Maroc dans cette épreuve, critiquant les milieux politiques français qui tentent d'ignorer les données sur le terrain que montrent les images transmises à partir des zones sinistrées, en plus des décisions souveraines du pays.
Le séisme et l’aide
Ces personnalités ont rappelé que les autorités marocaines n'ont pas annoncé leur rejet de l'aide française, mais ont plutôt précisé qu’il s’agit d’abord de déterminer et d’évaluer minutieusement les besoins, car tout manque de coordination dans de tels cas peut conduire à des conséquences négatives. Elles ont fait remarquer que certains médias ignorent que des ONG et des médias français exerçaient leurs activités en toute liberté dans les zones frappées par le séisme.
Jean-Luc Mélenchon, une des figures de la gauche française et fondateur du mouvement "La France insoumise", qui s'exprimait lors d'une émission spéciale sur France 2 à propos du séisme d'Al Haouz, a salué le niveau de réponse du Maroc à cette catastrophe naturelle dévastatrice, soulignant l’élan de solidarité des Marocains.
L’arrogance et la souveraineté
"La principale force du Maroc aujourd'hui dans ces heures terribles, c’est les Marocains eux-mêmes", a-t-il dit avant d’ajouter : "il ne faut surtout pas se comporter d’une manière arrogante, parce que j’ai souvent l’impression qu’on ne sait pas bien parler. Les Marocains sont un peuple souverain, adulte et fort. Le pays compte des techniciens, des hommes et des femmes de haut niveau qui savent s’organiser”.
Et de souligner : "les Marocains ont d’abord commencé par étudier tout ce dont ils avaient besoin, pour trouver des solutions aux problèmes immédiats. Ils détiennent l’expertise nécessaire. Parmi les offres qui leur ont été présentées ils ont pris celles qui correspondaient à leurs besoins. Les Français seront appelés le moment venu”.
Lors de la même émission, la vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée et le Moyen-Orient, Agnès Levallois, qui a relevé que "les Marocains étaient très attachés au royaume et au roi”, a indiqué que face à des difficultés, “ils vont serrer les rangs et faire bloc... pour pouvoir répondre aux défis qu’ils rencontrent”.
De son côté, l’ancien ministre français, Dominique Strauss-Kahn, a déclaré sur BFMTV, la première chaîne d'information en France : “je me sens aussi Marocain que Français". Il s’est dit très fier de la solidarité spontanée déclenchée à travers tout le Maroc, estimant que toute aide doit être coordonnée pour éviter tout cafouillage.
Les valeurs de solidarité
“Quand je vois ce Maroc-là, je vois cette idée que je me suis toujours faite de la solidarité nécessaire dans une société » a par ailleurs déclaré Strauss-Kahn lorsqu’il a été amené à commenter la mobilisation populaire au Maroc.
Répondant aux questions des journalistes de BFMTV sur le manque de réponse des autorités marocaines à la demande d'aide de la France, Strauss-Kahn a expliqué que trop d’aide, trop d’équipements, trop de ressources humaines, ne feraient que congestionner la situation.
Dans le contexte du remarquable élan de solidarité avec les victimes du séisme, la presse française a également rapporté les déclarations de l’ancien ministre de la culture et président de l’Institut du monde arabe, Jacques Lange, qui a dit avoir convenu avec Mehdi Qotbi, président de la Fondation des musées du Royaume du Maroc, d’inviter des artistes du monde entier à faire don d’œuvres artistiques de leur choix qui seront proposées lors d’une cérémonie dans les prochaines semaines et dont l’argent collecté ira aux victimes de ce terrible séisme destructeur.
Quant à l’ancien Premier ministre français Philippe De Villepin, il a estimé qu’il était “important pour la France de mettre son drapeau dans sa poche [...] et de faire en sorte que cette aide puisse être acheminée par tous les moyens possibles", exprimant sa conviction que la France peut diriger son aide via des canaux privés ou même à travers l'Union européenne.
50 mille logements
De son côté, France24 a consacré son émission "La semaine de l’éco", du 16 septembre, aux répercussions du violent séisme, à la lumière de l'annonce par les autorités marocaines de la reconstruction d'environ 50.000 logements détruits par le séisme dans la province d'Al Haouz et les zones avoisinantes.
Les invités de cette émission, Nader Haddad, PDG d’Eurocorporate , Mohamed El Alfi, conseiller en économie politique, et Mohamed Harakat, professeur d'économie politique et de gouvernance à l'Université Mohammed V de Rabat, ont souligné le rôle important joué par différents acteurs au Maroc pour alléger les souffrances des habitants de ces régions montagneuses frappées par le séisme, en s'appuyant sur les expériences qu'ils ont accumulées face aux nombreux événements survenus depuis la Marche verte en 1975 pour récupérer le Sahara marocain jusqu’au le tremblement de terre d'Al Hoceima de 2004.