L’alignement des astres embellit le ciel des relations entre le Maroc et le Brésil -Par Rachid MAMOUN

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Le Roi Mohammed VI en visite officielle au Brésil en novembre 2004, ici avec le président Lula Da Silva

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Par Rachid MAMOUNI  (MAP - Pole  Amérique du Sud)

Brasilia - En relançant la ligne Casablanca-Sao Paolo à partir de décembre prochain, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) vient d’accrocher une nouvelle étoile dans le ciel des relations entre le Maroc et le Brésil qui connaissent un alignement des astres parfait.

La succession des bonnes nouvelles au cours des dernières semaines dans la relation bilatérale est loin d’être le fruit du hasard. Cette relation a atteint un degré de maturité tel que les deux pays ont décidé de passer à la vitesse de croisière à tous les étages des liens bilatéraux.

Plusieurs institutions marocaines et brésiliennes dans différents domaines (agriculture, recherche agronomique, e-gouvernement, énergie solaire, hydrogène vert…etc) ont saisi la balle au bond pour accompagner cette dynamique afin d’en tirer le meilleur parti.

La liaison Casablanca-Sao Paolo sera relancée après une interruption forcée en 2020 à cause de la pandémie de Covid, mais peu de gens se rappellent que la RAM opérait déjà en 1977 une ligne directe Casablanca-Rio de Janeiro, pour dire à quel point la compagnie nationale est dotée d’une expérience remarquable sur le marché brésilien.

Une source diplomatique a affirmé à la MAP que la reprise du vol Casablanca-Sao Paolo représente « une excellente nouvelle » pour une multitude de voyageurs : les Brésiliens, les communautés marocaine et africaine au Brésil et pour les européens qui souhaitent combiner leur séjour au Brésil avec une escale au Maroc ou dans un autre pays africain.

La même source rappelle qu’avant la pandémie, la ligne Casablanca-Sao Paulo était une grande réussite commerciale et les flux touristiques entre les deux pays étaient en courbe ascendante, ajoutant que la reprise de ce vol, à raison de trois fréquences hebdomadaires, pourrait contribuer à doubler l’arrivée des touristes brésiliens au Maroc, en passant de 50.000 actuellement à 100.000 arrivées.

La reprise de cette ligne intervient quelques mois seulement (mars 2024) après la décision de l’Office national marocain du tourisme d’ouvrir un bureau à Sao Paulo.

La pertinence de ces deux annonces (RAM et ONMT) presque concomitantes est à chercher du côté de la taille gigantesque du marché touristique brésilien sur lequel les deux institutions marocaines ambitionnent d’obtenir leur part. Ce marché très prisé au niveau mondial pèse plus de 10 millions de brésiliens qui voyagent annuellement à l’étranger.

Cette ambition dans les airs n’a rien à envier à l’ambition sur les mers. Le Maroc a positionné le port Tanger-Med comme hub de transbordement et de traitement logistique pour l’agro-business brésilien destiné aux marchés avec lesquels le Royaume est lié par des Accords de libre-échange, en l’occurrence l’Union européenne, l’Association Européenne de Libre-Echange, le Royaume Uni et la Turquie.

L’annonce de la RAM a coïncidé avec le séjour à Rabat du ministre des Affaires étrangères du Brésil, Mauro Vieira, dont le pays s’est félicité des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour aller de l’avant vers un règlement du différend autour du Sahara marocain, dans le cadre de l’initiative d’autonomie présentée par le Royaume en 2007 ».

Mi-mai dernier, le Maroc et le Brésil ont exprimé une « parfaite convergence de vues » sur nombre de questions régionales et internationales, à l’occasion de la tenue, à Brasilia, de la 3ème session des Consultations politiques entre les deux pays.

Loin de la sphère politique, la coopération technique entre le Maroc et le Brésil est marquée du sceau de la densité et de l’excellence et elle touche des domaines aussi variés que la recherche agronomique, l’énergie solaire et l’e-gouvernement.

Ainsi, l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et son homologue brésilien (EMPRAPA) ont engagé un ambitieux programme Recherche-Développement axé principalement sur la gestion et l’efficacité des engrais ; le zoning des risques climatiques et l’échange de matériel génétique (blé et orge).

En matière de E-gouvernement, un programme de coopération entre le Ministère brésilien de l’Economie et le Ministère marocain de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration se trouve sur les rails.

Dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, le Groupe national MASEN est sur le point de lancer avec l’Association brésilienne de l’énergie solaire photovoltaïque (ABSOLAR) un partenariat en matière des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert.

Le Maroc et le Brésil ont également convenu de la mise en place d’un Business Forum dans les mois prochains, qui devrait renforcer davantage les relations commerciales entre les deux pays, promouvoir de nouvelles synergies entre les acteurs publics et privés et renforcer la complémentarité entre les différents secteurs productifs au Maroc et au Brésil.

Dans le domaine militaire, le dernier Conseil des ministres présidé par SM le Roi Mohammed VI a décidé « la création du poste d’attaché militaire auprès de l’Ambassade du Royaume à Brasilia, en consolidation des liens avec l’État du Brésil ».

Ce foisonnement des secteurs de coopération bilatérale conjugué au volume des échanges commerciaux (3 milliards de dollars) renvoie l’image d’une relation politique et économique dense, inscrite dans la pérennité et basée sur la confiance et le respect mutuel.

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