Politique
L’homme à abattre
Qu’un micro-parti invisible à la loupe dont le nano leader, Mohamed Ziane, indétectable aux esprits éclairés qu’il a tant voués aux gémonies aux temps de sa gloire sous la protection de Réda Guédira et Driss Basri, se positionne en défenseur du rappeur Gria et consorts juste pour le plaisir de se payer un Aziz Akhannouch qu’il jalouse tant et envie tellement, est le comble de l’insignifiance.
Je n’aurais certainement pas pris mon clavier sur ce sujet si un ami, Salah El Ouadie, l’itératif poète éploré ne s’était saisi de sa plus belle plume pour descendre en encre Aziz Akhannouch dont le seul tort dans cette affaire est d’estimer que « celui qui croit pouvoir insulter les institutions du pays n’a pas sa place au Maroc ».
Précisons, ce bannissement dont le président du RNI semble ainsi frapper l’auteur du délit de lèse répond plus à une clause de style qu’à la volonté de proscrire du Royaume qui que ce soit. Quand bien même le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas.
Qu’a dit Akhannouch qui parlait de patriotisme ? Une lapalissade : « Les insultes ne nous feront pas avancer. » Et une vérité que nous défendons tous dès qu’il s’agit de liberté d’expression : « ce n’est pas la justice qui doit faire ce travail. […] Nous devons rééduquer les Marocains qui manquent d’éducation”. »
Sémantiquement, ces « Marocains qui manquent d’éducation » sous-entend, précisément, «pas tous les Marocains », et la rééducation peut englober indifféremment celle à laquelle on peut soumettre chez un kiné, par exemple, quelqu’un qui souffre d’une capsulite rétractile pour lui rendre l’usage de son bras, comme elle peut concerner le délinquant juvénile dont la place n’est pas en prison, mais dans un centre spécialisé pour mineurs.
Ou plus généralement remettre un jeune socialement déviant sur le droit chemin par des approches pédagogiques. Privé de son préfixe et réduit à son radical, le vocable « rééducation » s’étend à l’élevage des poules et des moutons sans exclure les huitres ou encore les escargots.
La phrase qui précède cette incitation à la rééducation éclaire d’ailleurs de façon univoque le sujet : « ce n’est pas à la justice de faire ce travail », avec ce qui en découle et s’ensuit comme privation de liberté et toutes sortes de vexations dont Salah en connait un bout. Mais à l’Éducation avec une majuscule.
Je sais, son équivalent en arabe, mais il n’y en a pas d’autres, du moins dans l’usage quotidien, est polysémique et peut être source de malentendus et prêter à équivoque surtout dans la darija. `
Je n’ignore pas non plus le trouble qu’il peut causer dans l’esprit tourmenté d’un Salah El Ouadie, échaudé par son parcours de militant et les souffrances subies par lui et par sa famille combattante mais résiliente.
J’avoue attendre du sémillant animateur de Damir un peu plus de discernement et quelque retenue.
Pardon Salah, le contexte étant, j’ai trouvé ton article un peu fort de café, d’autant plus que Aziz Akhannouch est dans la position de par trop inconfortable de l’homme à abattre. Il suffit qu’il bouge. A peine murmure-t-il… Si bien que l’on peut facilement l’imaginer en cible d’argile dans un stand de tir aux pigeons sur lequel se déchaînent les mauvais chasseurs et s’exercent les apprenti snipers.
Entre toi et moi, ça ne sortira pas d’ici, comment dites-vous déjà en arabe ? billahi 3alayk, ce « kalbouna sadissouna » des trois rappeurs, puisé des entrailles du Coran et des Sept Dormants d’Éphèse, n’est-ce pas une saillie violemment malsaine, particulièrement outrageante et outrageusement indigne ?