Maroc-Espagne : vers un nouveau départ – Par Ahmed Charaï

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Le Roi Mohammed VI recevant le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez en novembre 2018

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Des frustrations compréhensibles, et des impatiences prévisibles – Par Ahmed  Charaï

La lettre adressée par le Président Pedro Sanchez à Sa Majesté le Roi Mohammed VI reconnaissant «l’importance de la question du Sahara pour le Maroc», et considérant l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend, constitue un vrai moment politique et un tournant dans les relations entre les deux pays.

Pedro Sánchez a également souligné dans son message adressé au souverain, que les «deux pays sont unis inextricablement par des affections, une histoire, une géographie, des intérêts et une amitié partagée». Il s’est dit «convaincu que les destins des deux peuples le sont aussi» et que «la prospérité du Maroc est liée à celle de l’Espagne, et inversement».

L'Espagne, en sa qualité d’ancienne puissance colonisatrice, connaît l’histoire, elle sait que le Maroc s’est soulevé contre le projet franquiste de créer un État croupion au Sahara. Madrid sait qu’elle n’a pas colonisé une terra nullius, mais un territoire dont la population avait une allégeance à la monarchie marocaine.

Aujourd'hui, le monde traverse un moment délicat dans lequel il semble que des valeurs et des principes, inconditionnellement assumés jusqu'à présent, soient remis en question. Les relations hispano-marocaines, essentielles en termes géostratégiques mondiaux; essentielles pour l’Europe et essentielles pour l’Afrique, doivent rester le pivot de cette vision réaliste, de raison.

Les relations entre Rabat et Madrid ont la particularité d’être stables depuis des décennies. Des relations aussi profondes, aussi diversifiées, entre les deux pays ne peuvent que s’inscrire dans la pérennité que la géographie et l’histoire imposent.

L’axe Rabat-Madrid est devenu un axe structurel des relations entre le Nord et le Sud de la Méditerranée.

Sur la question de l’immigration, le Maroc assume des responsabilités très lourdes, qui pèsent sur ses politiques publiques, notamment par leur coût financier et ceci par la sécurisation de ses frontières nord et orientales. Et par son choix de respecter son ancrage africain en accueillant plus de 50.000 Africains du Sahel.

L'Espagne, qui se trouve confrontée à la question de l’immigration illégale, doit amener l'Europe à s'impliquer dans le processus de co-développement qui, en garantissant la prospérité en Afrique, limitera le flux migratoire.

Sur la lutte anti-terroriste, les choses sont encore plus transparentes. Ce fléau transnational a frappé les deux pays. Depuis, la coopération est à son zénith, c’est grâce à cette coopération que des cellules ont été démantelées aussi bien au Maroc qu’en Espagne.

La grande menace que les deux pays subissent les oblige à travailler dans l’efficacité et dans la confiance. Le principal promoteur de cette dynamique est Abdellatif Hammouchi, chef de la DGST et de la DGSN, qui a été décoré par l'Espagne de la Croix du mérite de la police avec insigne rouge, la plus haute distinction que la police espagnole accorde aux personnalités étrangères.

La radicalisation étant devenue une préoccupation mondiale, ce type de collaboration peut et doit être renforcé entre le Maroc et l’Espagne car le Maroc dispose des outils nécessaires pour garantir une éducation religieuse modérée qui permette une parfaite intégration dans la société européenne. Le monde n'a actuellement pas d'autres options que celle-ci.

L’Espagne est amenée aussi à jouer un rôle moteur dans le développement des échanges entre les deux pays. Notamment dans le Nord, mais pas exclusivement. Par sa proximité géographique, ses intérêts économiques et les affinités sociales et culturelles que l’Espagne a tissé tout au long des années avec certaines régions du Maroc, cela ne pourra que multiplier ses investissements dans le cadre d’un concours bilatéral gagnant-gagnant.

Ce sont là des leviers pour célébrer nos complémentarités en tant que voisins, partenaires et alliés. Laissons de côté les réactions passionnelles, les voix haineuses et destructrices et construisons un avenir meilleur pour nos deux peuples. C’est la responsabilité de tous.

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