Politique
Comment juge-t-on une majorité ?
L?argument du PJD ?on ne nous a pas laiss? travailler?, ne tient pas la route. Il faudra qu?il dise aux Marocains non pas qu?il leur a menti, mais que son appr?ciation des ph?nom?nes, de la capacit? de l?Etat ? les impacter ?tait erron?e
Nous sommes ? un peu plus de 6 mois de la fin de la l?gislature. Tout le monde a son avis propre sur l?exp?rience PJD, mais sur des crit?res tr?s subjectifs, des pr?jug?s. Les rumeurs, les faits divers de la politique sont plus pr?sents dans ces analyses, que les faits objectifs.
Pourtant une ?lection est sens?e ?tre un contrat entre un parti et les citoyens qui lui ont offert leurs voix. Le PJD devait mettre en pratique les avanc?es de la constitution du 1er juillet 2011, lutter contre l?enrichissement illicite, mettre en place un environnement qui permet un taux de croissance de 7%, en fin de l?gislature, r?duire l?endettement public et augmenter le SMIG ? 3000 dhs, c?est le programme que ce parti avait pr?sent? au peuple marocain.
Les deux tiers des lois organiques pour mettre en place, non pas la concr?tisation des aspirations d?mocratiques, mais juste les institutions pr?vues par la constitution, ne sont m?me pas dans le pipe et il n y a aucun doute qu?elles ne seront pas r?alis?es durant cette l?gislature. L?implication de la soci?t? civile dans le travail l?gislatif, pourtant stipul?e par la loi fondamentale, est un r?ve. Le gouvernement a pr?par? une loi-cadre sur l?handicap, sans associer les ONG, qui pourtant s?occupent de fonctions r?galiennes de l?Etat, comme l??ducation ou la sant?.
A part la publication des listes de ?rentiers?, le gouvernement Benkirane a baiss? les bras face ? l?enrichissement ill?gal. Les ?affaires? se multiplient, touchent parfois les propres cadres du PJD, mais d?passent tr?s rarement les manchettes des journaux.
Sur le plan ?conomique, le taux de croissance sur les cinq ans sera de 3.2% en moyenne, c'est-?-dire beaucoup plus faible que celui de Youssoufi, Jettou ou m?me Abbas El Fassi, alors qu?il n y a que la saison agricole actuelle qui est vraiment mauvaise. L?endettement public a grimp? de plus de 13%, pour s??tablir ? 64% du PIB, ce qui met en danger l?autonomie des politiques publiques par rapport aux institutions de Bretton Woods. Enfin le SMIG ? 3000 dhs n??tait qu?un attrape-nigaud ?lectoraliste, puisque toutes les ?tudes d?montrent qu?au taux d?inflation actuel le r?sultat serait la sortie d?un peu de l?activit? formelle au mieux, de toute l?activit? au pire.
C?est sur ces questions qu?il faut mener les d?bats pr?-?lectoraux. Le PJD peut, bien ?videmment, avoir des arguments sur les contraintes. Parfois avec raison d?ailleurs. Mais l?argument ?on ne nous a pas laiss? travailler?, ne tient pas la route. Il faudra qu?il dise aux marocains non pas qu?il leur a menti, mais que son appr?ciation des ph?nom?nes, de la capacit? de l?Etat ? les impacter ?tait erron?e. On ne double pas un taux de croissance en une l?gislature, parce qu?on a chang? le chef du gouvernement, pire, parce que le nouveau est ?pieux?, seulement, dans ce cas l?, il faudra qu?il nous dise comment, instruit par son exp?rience, il propose d?autres objectifs.
Si on veut construire une d?mocratie, il faut imposer ce d?bat et refuser de tomber dans le pi?ge tendu par les islamistes qui r?duirait la bataille ?lectorale ? un combat entre s?rieux et bandits.