Politique
Sahara : Ban Ki-moon a-t-il torpillé le processus de paix?
New York, (Quid.ma) - La r?cente visite dans la r?gion du Secr?taire g?n?ral de l?ONU, Ban Ki-moon, a port? le ?coup de gr?ce? ? un processus d?j? ?vacillant? tout en remettant en question la ?propre neutralit?? du Chef de l?ONU sur la question du Sahara.
?Mal conseill?, m?connaissant? un dossier d?j? mis ? mal depuis 2009 par une ?m?diation douteuse? qui peine ? convaincre, Ban Ki-moon a ?viol?? l?esprit et la lettre des r?solutions du Conseil de s?curit? des Nations Unies sur le diff?rend autour du Sahara.
Le Secr?taire g?n?ral de l?ONU a entrepris une visite ?malavis?e en Afrique du Nord, qui n'a pas inclus le Maroc, acteur cl? dans le conflit?, selon Anna Theofilopoulou, ancienne membre de l??quipe de l?Am?ricain James Baker, ex-Envoy? personnel de l?ONU pour le Sahara.?
Au ?lieu de relancer la dynamique des? pourparlers (...) la visite, une pi?tre tentative, a probablement gel? les n?gociations au moins jusqu?? l?arriv?e du prochain Secr?taire g?n?ral?, a regrett? l?ancienne fonctionnaire de l?ONU dans une analyse sur ?Foreign Policy?.
?Pris au pi?ge d?un entourage vicieux, il a ?t? bern?? et a pers?v?r? dans son ?ent?tement?, a expliqu? ? ??Quid.ma?? un ancien haut fonctionnaire aux Nations Unies qui a requis l?anonymat.?
Il a rat? le coche sur plusieurs grands dossiers comme la Libye, le Y?men et la Syrie et a voulu ? quelques mois de son d?part, ?faire un coup d??clat? en s?attaquant ? une question de moindre importance mais dont il ignorait les contours. ?
?On lui a fait croire qu?il ne pourrait esp?rer meilleur timing et qu?apr?s une r?action ?motionnelle, le Maroc - pensait-on ? ??isol頻 sur la sc?ne internationale, en raison notamment de la r?cente crise avec l?Union europ?enne, serait mis devant le fait accompli?, poursuit cet expert onusien.?
Pourtant, les ?pisodes 2013 quand les Etats-Unis ont d? revoir leur copie apr?s une tentative d?instrumentalisation des droits de l?Homme, et 2014, face aux vell?it?s du Secr?tariat g?n?ral d?aller au-del? des param?tres fix?s, auraient d? alerter le Chef de la diplomatie mondiale sur les lignes rouges ? ne pas d?passer.
?Ne sous estimez pas les Marocains quand leur int?r?t vitaux sont en jeu!?, lan?ait alors un diplomate occidental.
Apr?s le s?rieux revers subi dans son bras de fer avec le Maroc, le Conseil de s?curit? de l?ONU s?est, en effet, clairement distanc? de la s?rie d?actes ?spontan?s et non planifi?s?, selon l?explication du bureau du Porte-parole de l?ONU, ?pr?m?dit?s?, selon Rabat.
Une position des Quinze qui a d?ailleurs douch? les attentes de l?Alg?rie, ??l?observateur neutre de la r?gion?? qui, selon un diplomate onusien, ?n?a pas cach? sa col?re? devant ce qu?il a appel? ?l?absence de r?action? de l?Organe ex?cutif.
Ban Ki-moon a dit des ?choses tr?s fortes?, pas forc?ment dans le ?contexte id?al?, a fait observer ? ?Quid.ma?, un diplomate proche du Conseil, ajoutant que le Chef de l?ONU en ?regrettait? aujourd?hui les cons?quences.?
De voir le ??patron?? de la diplomatie mondiale connu pour son ?caract?re tr?s accommodant? -- ses nombreux revirements sont l?gendaires -- aller ? l?encontre des d?cisions de l?Organe ex?cutif laisse pantois?.
Ou peut-?tre a-t-il mal compris certains signaux, souligne-t-on au sein de l?organisation mondiale, rappelant l??pisode iranien o? Ban Ki-moon a failli faire avorter une conf?rence internationale sur la Syrie pr?vue en 2014 ? Gen?ve. Un ?v?nement diplomatique peu glorieux pour le Chef de l?ONU qui a d?, face aux pressions des puissances occidentales, revenir sur son invitation ? T?h?ran pour contenir le toll? international.?
S?agissant du Sahara, plusieurs observateurs se sont interrog?s sur cette accumulation de ?gestes malheureux? dont les justifications ?vasives et peu convaincantes ont contribu? ? accentuer la crise: ?un malentendu? autour du terme ?occupation? utilis? juste pour d?crire sa "r?action personnelle" sur le sort des r?fugi?s dans les camps de Tindouf.
Mais alors, pourquoi n?avoir pas soulev?, aupr?s des autorit?s alg?riennes et du Polisario, les questions du d?tournement des aides alimentaires destin?es ? ces m?mes r?fugi?s et maintes fois d?nonc?s par l?Union europ?enne, et du recensement pourtant contenu dans les r?solutions du CS de l?ONU et que lui-m?me a appel? de ses v?ux dans ses derniers rapports?
Il est donc permis de s?interroger sur ce regain d?int?r?t soudain ? l??gard d?une question qui ne figure ni au top des priorit?s de l?Organe ex?cutif, ni pose de risque imm?diat ? la s?curit? internationale??
?La visite du Secr?taire g?n?ral dans la r?gion, alors que les conditions ?taient loin d??tre r?unies, risque aujourd?hui de torpiller le processus politique?, estime Aicha Elbasri, ancienne Porte-parole de l?ONU au Darfour et titulaire du prestigieux prix Ridenhour de lanceuse d?alerte.
Elle se demande si le but de cette visite ?tait de faire ?avorter le plan marocain d?autonomie? qualifi? annuellement par l?Organe ex?cutif de ?cr?dible et s?rieux? depuis sa pr?sentation par le Royaume en 2007.
De m?me, les r?actions d?mesur?es du bureau du Porte-parole de l?ONU contre le Maroc apr?s la d?cision souveraine du Royaume d?op?rer une coupe au niveau de la composante civile de la MINURSO ont ?t? qualifi?es de ?surprenantes?.
Une d?cision d?crite par le Porte-parole comme ?tant ?unilat?rale? et ?sans pr?c?dent?!?
Or, il y a quelques ann?es, le? Tchad et l?Erythr?e avaient d?cid? un retrait unilat?ral de missions onusiennes sans que l?Organisation mondiale n?y trouve ? redire, rappelle Elbasri, elle qui a accus? l?ONU de cacher des ?crimes de guerre? au Darfour.
La d?cision ?irr?versible et souveraine? du Maroc qui demeure ?engag? ? assurer la continuit? du cessez-le-feu? conform?ment aux param?tres du CS de l?ONU, r?sonne comme un avertissement face ? un Secr?tariat qui peine ? r?tablir la confiance avec un Etat membre actif et engag? dans la paix et la s?curit? internationales.