Politique
Brahim Ghali : Ancien premier ministre français, Valls interpelle La France et l'Espagne, à L’UE on en parle
Manuel Valls, premier ministre de la France à l’époque de la présidence de François Hollande
Paris - Sur la question du Sahara, la France et l’Espagne doivent être des partenaires loyaux du Maroc dont le rôle est indispensable pour la stabilisation de l’espace méditerranéen et de l’Afrique subsaharienne, a affirmé l’ancien Premier ministre français Manuel Valls. "C’est autour d’une autonomie sous souveraineté marocaine que cette question doit être résolue. Car je pense que la France et l’Espagne doivent être des partenaires loyaux du Royaume du Maroc sur cette question", a souligné M. Valls dans une interview exclusive avec MGH Partners, un cabinet d'affaires publiques et de diplomatie alternative franco-africain basé à Paris.
Clair dans son propos, l’ancien Premier ministre français, "ce conflit (autour du Sahara) provient d’un monde qui n’existe plus, le monde des blocs, les vestiges de Yalta et ses conséquences sur un continent comme l’Afrique, tout cela est désuet et la fiction entretenue sur l’indépendance du Sahara subsiste encore dans certaines sphères politiques espagnoles", relevant qu’il y a en Espagne et notamment dans la gauche, une vision "dépassée" du Sahara.
"Au sein du gouvernement espagnol, il y a un allié minoritaire, le parti Podemos qui se cantonne dans une ancienne rhétorique, de ce que devrait être le Sahara, en refusant de voir la dynamique marocaine sur le terrain", a-t-il expliqué, en rappelant que "parmi ceux qui revendiquent l’indépendance du Sahara, comme le Polisario, prolifèrent des réseaux criminels et terroristes, cela a été documenté par les services de renseignement de plusieurs États".
Pour l’ancien Premier ministre français, "nous avons tout intérêt à une relation apaisée avec le Maroc car les pays européens qui veulent l’inverse, perdent à chaque fois ! Que ce soit sur la migration, ou la lutte contre les narcotrafiquants, l’Espagne comme la France, subissent directement les conséquences d’une brouille diplomatique".
"Donc je pense que la France et l’Espagne doivent être plus clairs sur leur soutien au Maroc sur le Sahara. Mais plus largement l’Europe aussi, qui ne doit pas faire d’enfants dans le dos du Maroc pour utiliser un langage peu diplomatique", a-t-il affirmé.
Prié de réagir à la décision des États-Unis de reconnaitre la souveraineté marocaine sur le Sahara et s’il estimait que le moment était venu pour que la France et l’Europe soutiennent plus ouvertement la souveraineté d’un allié stratégique comme le Maroc au Sahara, l’ancien Premier français a affirmé que "Trump a eu raison de créer l’étincelle en actant la souveraineté du Maroc sur le Sahara".
"Cette dynamique est considérable", a-t-il dit, ajoutant que "grâce à notre histoire commune, nos intérêts qui convergent, on a ici une chance pour ne plus attendre et sortir des vieux discours comme celui de l’indépendance du Sahara, et pour renouer avec le monde moderne".
La France qui a un prestige en Méditerranée et au Proche et Moyen-Orient ; La France qui est une puissance économique et militaire avec un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies, doit "utiliser cette force pour peser et pour avoir un rôle à jouer aux côtés de nos partenaires", a affirmé l’ancien Premier ministre français. "D’autres pays européens ne peuvent pas jouer ce rôle, alors faisons-le ! La France a toujours été autonome et sa capacité de projection lui permet de ne pas rater les grands moments de l’histoire de notre Mare Nostrum", a-t-il assuré.
Sur l’importance de la coopération sécuritaire entre la France et le Maroc et les axes sur lesquels elle pourrait évoluer dans les années à venir, Manuel Valls, également ancien ministre de l’Intérieur, considère que "cette coopération est cardinale". "Même quand il y a eu des tensions politiques et il y en a eu, la coopération entre services de renseignement français et marocains reste exceptionnelle et ce à tous les niveaux", s'est-il félicité.
Pour lui, "sans la coopération entre la France, l’Espagne le Portugal et le Maroc, nous ne pouvons pas lutter efficacement contre les risques sécuritaires". Et c'est "grâce justement à cette coopération que plusieurs tentatives d’infiltration terroriste sur le sol français ou espagnol ont été déjouées".
De même, au Sahel, le ventre mou de l’Afrique subsaharienne, où la situation sécuritaire actuelle reste extrêmement complexe, "on doit compter sur des pays comme le Maroc avec lequel nous avons bien évidemment une assise plus ancienne, plus structurée sur le plan sécuritaire que ce soit contre les trafics de drogue, le terrorisme ou l’immigration clandestine", a-t-il ajouté.
Enfin, concernant le rôle stabilisateur du Maroc en Afrique, Manuel Valls l’explique par la formidable transformation économique réalisée depuis deux décennies.
"On voit bien que sur le plan économique, la projection marocaine en Afrique est une réussite et c’est à la France de s’appuyer sur ce partenaire africain clé pour jouer la symphonie cruciale du développement économique et de la sécurité. Car le Maroc joue un rôle indispensable pour la stabilisation de l’espace méditerranéen et de l’Afrique subsaharienne", a-t-il affirmé.
Dans cet entretien Manuel Valls s’est également exprimé sur les relations Europe-Afrique. "Il est évident que le continent d’avenir c’est l’Afrique. L’Afrique-Europe est l’alliance de demain. L’intérêt stratégique de l’Europe repose sur la capacité de l’Afrique à surmonter ses multiples défis, notamment démographique", a-t-il souligné.
Il a également fait part de sa conviction que l’Europe doit bâtir "un dialogue stratégique" avec les Chinois. "C’est l’horizon plus que jamais, si l’Europe veut s’agrandir dans le sens géopolitique du terme, face à des blocs qui émergent".
Scandale d’État en Espagne, il s’invite au Parlement européen
Bruxelles - Le scandale d’État en Espagne lié à l’accueil du chef des séparatistes, le dénommé Brahim Ghali recherché pour crimes de guerre et graves violations des droits de l’homme, a suscité une première réaction de condamnation et de rejet au sein du Parlement européen.
Le député européen Attila Ara-Kovacs s’est élevé contre l’attitude de l’Espagne d’accueillir sur son sol un criminel notoire.
«En tant que citoyen européen, je me demande comment le gouvernement espagnol peut-il permettre qu’un criminel notoire (B. Ghali, Polisario) entre en Europe ?», s’est interrogé l’eurodéputé sur son compte Twitter.
Pour lui, la coopération entre le Polisario, l’Algérie et l’Espagne dans cette affaire est «inacceptable sur le plan de la sécurité» et « contraire aux valeurs européennes».
L’accueil par l’Espagne du chef des séparatistes sous une fausse identité et avec des papiers falsifiés en coordination avec l’État algérien a suscité émoi et condamnation à travers le monde.
Le pays ibérique est accusé d’aider un criminel de guerre à échapper à la justice.
Des militants sahraouis des droits de l’homme avaient déposé plainte devant la justice espagnole contre le chef des séparatistes pour des crimes contre l’humanité, génocide, torture, disparition forcée et viol.
Un mandat d’arrêt avait été émis à son encontre par les autorités espagnoles en 2008. En 2013, il avait été inculpé par la justice espagnole.