Politique
L'ex-président tunisien : Certaines forces sont déterminées à faire avorter tout règlement au Sahara marocain
Moncef Marzouki à Alger en février 2012
Le Caire - L'ancien président tunisien, Moncef Marzouki, a affirmé que certaines forces sont déterminées à faire avorter tout règlement politique pacifique du conflit artificiel entretenu autour du Sahara marocain.
"Je suis Maghrébin et j'ai toujours œuvré et j'œuvre encore à faire progresser ce projet, mais il est clair que certaines forces sont déterminées à l'avorter", a souligné M. Marzouki dans une interview au journal Al Qods Al Arabi.
Il a affirmé que "chaque fois que nous avançons et trouvons une solution raisonnable au problème sahraoui dans le cadre de l'autonomie sous souveraineté marocaine et dans le cadre de l'Union maghrébine, certaines forces lancent des attaques terroristes pour l'entraver", a encore expliqué l'ancien président tunisien, allusion faite aux attentats terroristes perpétrés dans son pays durant son mandat entre 2011 et 2014.
"Ceux qui sont derrière l'échec du projet maghrébin sont ceux-là qui sont à l'origine des récentes manœuvres menées par le Polisario et qui n'ont d'autre but que d'empêcher tout rapprochement ou réalisation du rêve maghrébin", a-t-il dit.
M. Marzouki a déploré également le fait que la position du régime algérien ait été négative à son égard et à l'égard de son pays la Tunisie, en raison de sa position sur la question du Sahara marocain qui ne s'accorde pas avec la vision algérienne.
Il a, à cet égard, rappelé que durant son mandat, il cherchait à réunir les dirigeants maghrébins, qui ont tous accepté son invitation à l'exception des dirigeants algériens, notant qu'il envisageait de présenter plusieurs propositions, y compris de parvenir à une solution à la question du Sahara dans le cadre de l'autonomie. Néanmoins, a-t-il regretté, "les vieilles haines ont prévalu".
Il a signalé, par ailleurs, qu'il avait espéré que les événements qu'a connus l'Algérie amèneraient une nouvelle génération de dirigeants qui auraient le courage et l'esprit patriotique pour comprendre que cette politique, qui a fait perdre quarante ans à la région, doit prendre fin et qu'il est nécessaire aujourd'hui d'entamer un processus positif de rapprochement entre les peuples.
"On ne peut sacrifier l'avenir de cent millions de maghrébins pour deux cent mille sahraouis qui peuvent d'ailleurs vivre avec dignité au sein de l'Union maghrébine et dans le cadre de l'autonomie proposée par le Maroc", a-t-il soutenu.
Il a de même estimé que l'accent devrait être mis sur l'unification des pays plutôt que sur la division, exprimant son regret que la région ait été l'otage d'un groupe de personnes au sein du régime contre lequel le peuple algérien s'est révolté.
"Mon grand espoir est qu'une nouvelle génération de dirigeants algériens, qui seront issus du 'Hirak' et de la démocratie, cherchera à mettre fin à ce problème et à construire l'Union du Grand Maghreb qui n'aura pas lieu avec le Polisario et la division du Maroc", a-t-il dit.
Abordant le "Hirak" algérien, M. Marzouki a indiqué que la revendication de ce mouvement était principalement de mettre fin au mépris de l'intelligence et de la dignité algériennes concernant la candidature d'une personne dont l'impuissance et l'incapacité étaient manifestes pour tout le monde et en vue de mettre fin au contrôle imposé par un certain groupe.
"Je suis convaincu que le bourreau Etat-espion militaires en Algérie est mort dans l'esprit et le cœur des Algériens qui n'ont plus peur de l'Etat profond", a-t-il conclu.