Politique
La CDT prête à reprendre le dialogue avec le gouvernement
« Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucun signal nous assurant que les orientations royales seront exécutées »
La Confédération Démocratique du Travail (CDT) attend du gouvernement l'exécution des orientations royales portant sur l’ouverture du dialogue social avec les partenaires sociaux, a souligné le secrétaire général adjoint de la Confédération, Abdelkader Zair.
"Le Discours du Trône, qui illustre l'intérêt particulier que porte le roi Mohammed VI aux préoccupations de la classe ouvrière, a lancé un appel au gouvernement pour ouvrir et faire réussir le dialogue social avec les syndicats", a considéré Zair dans une interview à l’occasion de la rentrée sociale.
La CDT est "prête" à reprendre le dialogue et une lettre sera adressée au chef du gouvernement autour de la tenue d’une rencontre tripartite, incluant le patronat représenté par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), a insisté le responsable syndical.
"Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucun signal nous assurant que les orientations royales seront exécutées", a-t-il, cependant, fait observer.
"Les salariés attendent avec impatience la rentrée sociale. La situation sociale actuelle est intenable, compte tenu des conditions financières difficiles des familles due à la coïncidence des vacances d'été avec la fête du sacrifice et la rentrée scolaire", a expliqué Zair, ajoutant que cette succession d'événements engageant des dépenses particulières a poussé de nombreux ménages à l'endettement.
L'atmosphère sociale "aurait pu être différente si les revendications des salariés étaient satisfaites", a-t-il poursuivi, notant que "répondre aux revendications matérielles des salariés ne profite pas uniquement à la classe ouvrière mais aussi à l'économie du pays".
Abordant les dossiers prioritaires de la CDT lors du prochain round du dialogue social, Zair a estimé que "la priorité consiste en l’amélioration des revenus de la classe ouvrière", en procédant à une augmentation générale d'au moins 600 DH et à une majoration de 10% du SMIG, ainsi qu'à la révision des statuts de certains corps professionnels, comme les ingénieurs, les techniciens et les infirmiers.
La satisfaction de ces revendications "contribuera indubitablement à la redynamisation de l’économie nationale et à la rendre plus productive grâce à la demande intérieure".
La CDT va, surtout, plaider pour le respect des libertés syndicales, en raison des intimidations contre de nombreux travailleurs et des poursuites engagées contre d'autres. Le cahier revendicatif du syndicat comporte aussi la révision des lois régissant la fonction publique et la mise en œuvre de l’accord paraphé avec le gouvernement d’Abbas El Fassi.
Après avoir considéré qu'au cours des dernières années, de nombreuses lois ont été adoptées "unilatéralement", à leur tête la réforme de la retraite, il a estimé que "l'absence de la concertation est contraire à l'esprit et à la volonté de trouver des solutions pratiques aux problématiques posées et de parvenir à un compromis social".
Évoquant l'évolution des relations entre employeurs et salariés, Zair a soutenu que "depuis 1996, les relations ont connu une amélioration sous forme d’une reconnaissance du travail syndical et de la participation au dialogue social ainsi que la réalisation de certains objectifs de façon tripartite, dont l’élaboration du nouveau code de travail moderne, considéré comme modèle au niveau du monde arabe".
"Notre objectif majeur est d’assurer la continuité et la pérennité de ce travail collectif fructueux", a-t-il insisté, faisant remarquer que "si une partie des employeurs est consciente de l’importance de maintenir des relations saines avec les centrales syndicales, d’autres employeurs n’ont malheureusement pas cette conscience et voient d'un mauvais œil l'action syndicale".
A propos du dialogue social au Maroc, Zair a rappelé que la grève générale lancée en juin 1996 a abouti à une déclaration commune qui a constitué ''un tournant dans l’histoire sociale du Maroc'' en instaurant une culture du dialogue social tripartite, ajoutant que depuis, les négociations se tiennent en deux sessions par an (avril et septembre).
"Les rounds de négociation avec les gouvernements précédents ont été généralement couronnés par des résultats positifs, comme en témoigne la signature de quatre ou cinq accords, mais avec l'actuel gouvernement on a malheureusement rien vu encore", a ajouté Zair qui reproche à l’exécutif de "chercher à gagner du temps et à bloquer le dialogue social tripartite, en fixant individuellement les points à l'ordre du jour et en évitant les dossiers prioritaires liés aux salaires et aux rémunérations".