Le rodage démocratique –Par Khalil Hachimi Idrissi

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Le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, couverture du magazine Bab n°38 – Octobre 2021

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Le Maroc, à l’évidence, vient de franchir un nouveau cap historique. Celui d’une alternance politique, par les urnes, entre une majorité dominée, dans le sillage du Printemps arabe, depuis 10 ans, par un parti à référentiel islamiste et une autre majorité limitée à trois partis à vocation plutôt techno-libérale.

Le pendule politique ne s’exprime, et ne donne toute sa dynamique, que si son point pivot est résolument stable. Ce point pivot, stable et résolu, qui permet cette alternance marocaine, civilisée et démocratique, est représenté par la monarchie dont les institutions légitimes sont le ciment de la nation.

Ceci posé, le Maroc a mis des années, voire des décennies, à maîtriser le fait électoral dans sa complexité, dans son antagonisme et dans, parfois, sa violence. Le retour des Marocains aux urnes démontre que nous avons atteint un certain niveau de maturité dans cet exercice de votation.

Maintenant, est-ce que nous avons totalement assimilé des notions comme le vote sanction, l’alternance démocratique, le côté engageant des programmes politiques, le rapport aux notables, la neutralité de l’administration etc. ? 

Certainement pas complètement, mais nous sommes très avancés sur ce chemin. Les dizaines de rapports des observateurs internationaux des triples élections du 8 septembre 2021 expriment clairement cette réalité malgré quelques bévues peu significatives.

Un concept comme l’usure du pouvoir prend manifestement une réalité concrète dans le champ politique marocain. On peut donner deux exemples récents : L’USFP, hier et le PJD, aujourd'hui. Deux partis qui ont dû céder la gouvernance suite à deux alternances. L’USFP, lui-même, avait accédé à la primature à la suite d’une alternance consensuelle. C’est le rodage, ou l’huilage, de cette mécanique politique qui est en train de consolider la démocratie d’une manière crédible. C’est, désormais, un acquis marocain. 

Les perdants ne sont pas contents. C’est une figure classique de la démocratie représentative. Même si la déroute massive et “imprévue” du PJD pose de nombreuses questions sur la vitesse et l’ampleur de l’usure de ce parti. D’un autre côté, les gagnants ont raison de se réjouir de leur victoire. Mais ils devraient, tout de même, tempérer, rapidement, leur enthousiasme. Ils ont suscité beaucoup d’espoir. Les attentes sont énormes. Les programmes sont engageants. Et les besoins sont énormes.

Il n’y a aucune minute à perdre. 

*Edito Bab, n°38 d’octobre 2021

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