Politique
Maghreb : Ils en ont rêvé, et il n’est pas une vue de l’esprit
Deux chefs d’Etat défunt, Hassan II et Chadli Benjedid, ont essayé de le réaliser, comme avant eux les pères fondateurs des indépendances maghrébines, en ont rêvé sans pouvoir le concrétiser. Mais est-il écrit quelque part que ce rêve doit rester une utopie, ou pire une vue de l’esprit ?
Il n’est pas question de s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie. Mais force est de constater que le nouveau Président a été élu, dans des conditions démocratiquement acceptables et surtout que sa situation lui permet, sur le plan interne comme à l’international, d’ouvrir une nouvelle page avec des ouvertures.
Il faut arrêter de faire de la question du Sahara un frein à une collaboration profitable à tous les peuples de la région. Les nouvelles générations ont le droit de s’inscrire dans d’autres perspectives que celles d’un conflit enlisé pour ne pas dire enkysté. Elles s’inscriront, dans le cas d’une intégration régionale, activement dans la recherche d’une solution acceptable par tous
La stabilité de l’Algérie est d’une importance géostratégique capitale. Dans une région tumultueuse, cernée au sud par les conflits, le terrorisme, l’Algérie est essentielle pour les équilibres.
Le nouveau Président, Abdelmadjid Tebboune a une grande carte à jouer. Il s’agit de l’intégration du Maghreb. La nécessité de cette intégration s’impose aux quatre pays. Ni la Libye, encore faut-il qu’elle soit pacifiée, ni la Tunisie, ni l’Algérie, ni le Maroc, ne peuvent faire face à la mondialisation, aux grands blocs ; croire à une émergence individuelle. Des points de croissance sont perdus, alors que l’extrême jeunesse de la population est une véritable contrainte puisque les aspirations et les besoins sont démultipliés.
Cette nécessité économique, qui s’impose à toute démarche rationnelle, induit d’autres comportements politiques. L’ouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie n’a pas qu’une signification économique. Les échanges culturels, humains ont aussi leur importance. La preuve c’est que les intellectuels et les ONG continuent de collaborer et d’échanger.
Il faut arrêter de faire de la question du Sahara un frein à une collaboration profitable à tous les peuples de la région. Les nouvelles générations ont le droit de s’inscrire dans d’autres perspectives que celles d’un conflit enlisé pour ne pas dire enkysté. Elles s’inscriront, dans le cas d’une intégration régionale, activement dans la recherche d’une solution acceptable par tous.
La nouvelle direction algérienne a réellement un rôle historique à jouer. Il faut qu’elle se débarrasse des scories du passé. Ni sur le plan interne, ni dans ses relations avec le voisinage, elle ne peut continuer à agir avec les relents de l’histoire. Elle se doit de proposer une autre vision, un autre cap. C’est aussi le cas des autres pays de la région, qui sont confrontés, à des degrés divers, chacun avec ses spécificités, aux mêmes contraintes.
La situation actuelle peut et doit être appréhendée de manière positive, Abdelmadjid Tebboune est en capacité d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations interrégionales. Qu’il y ait des réticences, cela peut s’entendre. Mais l’effort commun doit tendre vers cet objectif.
Le Président Tebboune sait que la jeunesse algérienne a des aspirations multiples, que la seule rente pétrolière ne peut assumer. Il sait aussi que l’intégration économique est une opportunité. Il sait également que les liens humains et culturels sont vivaces. Il faut positiver et croire en l’avenir, l’Algérie nouvelle peut et doit être un élément moteur dans la construction d’un ensemble régional stable, prospère au profit de toutes les populations.