Politique
NMD : la responsabilité des institutions
Le Roi Mohammed VI recevant, mardi 25 mai 2021 au Palais Royal de Fès, le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement Chakib Benmoussa
Le rapport de la commission Benmoussa sur le Nouveau Modèle de Développement (NMD) a suscité des réactions diverses. Il a été salué pour sa qualité. Cette commission a fait un travail que l’on ne peut que saluer. On pourrait imaginer que le CESE s’en saisisse pour proposer des mesures précises et que le débat public s’organise autour de ces propositions.
La vision prospective, les grands objectifs tels que « un modèle ouvert qui s’adapte en permanence », « un Etat fort et une société civile forte », ne peuvent que faire consensus. Reste à définir comment passer de ce consensus à des politiques publiques affinées allant dans cette perspective avec des agendas précis.
Ensuite, il faudra une alliance gouvernementale, réellement convaincue du nouveau modèle, qui évalue les propositions du CESE et qui établisse un programme gouvernemental pour la prochaine législature, qui s’en inspire fortement.
Le chef du gouvernement est fier de nous dire que son équipe a réalisé 69% de ses promesses. C’est factuellement faux, parce qu’il y inclut la protection sociale qui est portée par le Roi, que la simplification administrative n’est pas passée dans les mœurs. Il oublie surtout que cette législature est celle où le chef du gouvernement a été désavoué par son propre parti à deux reprises, sur le quota électoral et le cannabis.
Ce gouvernement a failli car incohérent, empêché par ses divisions, l'incompétence établie des uns et le populisme des autres. il n’a jamais pris la mesure des exigences de la situation. Là où on lui réclamait une vision, il répondait par des mesurettes, là où il fallait du courage politique, il a privilégié des poncifs.
Il faut bien évidement repenser le mode de scrutin qui nous impose des alliances pléthoriques, sans unité, ni idéologique ni programmatique.
L’erreur fatale est de continuer à lier chef de gouvernement et chef de parti. Au lieu d’animer la coalition, El Othmani a perdu son temps à soigner les égos du PJD.
Sa lettre à Ismail Haniya est un manque de respect à l’institution qu’il est censé incarner. Le Maroc qui ne reconnaît que l’autorité palestinienne se tient à distance des différentes organisations et factions. Le chef du gouvernement a signé lui-même un accord de rétablissement des relations avec Israël. C’est une inconséquence absolue que de « saluer la victoire du Hamas ». Il aurait mieux fait de se conformer à la ligne officielle du gouvernement qu’il est censé diriger. Ce n’est pas avec un tel exécutif que nous atteindrons les objectifs du rapport Benmoussa.