Politique
Un Cas par Karim – Benkirane, ruse, ingéniosité et énergie (Vidéo)
Tel Arlequin, versatile et incertain, il profère et vocifère
Le cas Abdalilah Benkirane est amusant et dramatique à la fois….Amusant jusqu’au comique… Dramatique jusqu’à l’attendrissement.
Le bouillonnant ancien chef du gouvernement est ainsi fait…Sorti directement de la commedia dell’art, le personnage est un mélange de ruse, d’ingéniosité et d’énergie. Poussé il y a 5 ans à la retraite parce qu’incapable de former un gouvernement. 7 mois péripéties houleuses, mais divertissantes, 7 mois de blocage. Officiellement à la retraite politique (il touche à ce titre une retraite confortable de 70 mille dirhams), Abdalilah Benkirane n’en finissait pas de ronger son frein…Tel Dante dans sa descente aux Enfers, il a passé ces dernières années entre géhenne et purgatoire… attendant de revenir au Paradis.
Celui de Benkirane se résume aux projecteurs clinquants des médias et à l’ivresse du pouvoir. Qu’il soit dans une fonction officielle ou à la tête des siens au PJD.
Et c’est un Saad Dine El Otmani qui lui offre ce bout de paradis. Le patron sortant du PJD, qui semble s’échapper d’un Jurassik Park a tout raté, son mandat de chef du gouvernement, mais surtout sa gestion du parti. En 5 années, il a accumulé gaffes et déboires… et a surtout omis d’enterrer l’ami qu’il avait tué.
Résultat des courses, à force de live improvisés sur Facebook et de cocasses communiqués rédigés sur du papier à emballer du beur… Benkirane se rappelle à la mémoire de ses amis et surtout de ses ennemis islamistes. Ceux qui sont devenus désormais ces faux-frères. Calculateur, rancunier, susceptible, il proclame, dans sa dernière sortie qu’il est prêt à en découdre.
L’actuelle direction, ou ce qui en reste, d’une PJD détruit par des petites intrigues et querelles personnelles, défait par Aziz Akhannouch, humilié par la volonté populaire, lui offre cette occasion, lui qui adore les conflits, lui qui affectionne les disputes, lui pour qui élever la voix veut dire qu’il est plus audible, qu’il a raison.
Alors que tous les précédents chefs du gouvernement ont choisi, dans ce qui semble être un code d’honneur inscrit dans les usages immémoriaux du royaume, la discrétion et la retenue, Benkirane préfère revenir dans l’arène politicienne à la recherche d’une gloire médiatique qui lui a filé d’entre les mains, trop occupé qu’il était à soigner son égo.
Alors tantôt il promet, tantôt il menace, souvent il profère. Les journalistes prennent et reprennent au pied de la lettre, mais sans le prendre au sérieux, des paroles que ses partisans et amis, en revanche, prennent au sérieux, mais qu’ils ont du mal à prendre au pied de la lettre…
Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que si Abdalilah Benkirane revient pour prendre les rênes du PJD comme il en rêve, comme il menace de le faire, le prochain congrès débouchera, pour des raisons de vengeance repoussée, de haine recuite, de règlements de comptes en suris, sur un véritable carnage, sur un triste remake « du massacre à la tronçonneuse » avec beaucoup de sang de militants sur les murs et des lambeaux des dirigeants par terre.
Alors Tel un Ponce Pilate, Abdalilah Benkirane pourrait-il s’en laver les mains ?