Politique
Un parti à la mer ! Un autre à la dérive ! (Par Naïm Kamal)
Ainsi donc le PAM n’est plus la représentation de l’autoritarisme du régime ni sa personnification sur la scène politique nationale. Il n’est plus l’ennemi ni même pas l’adversaire à honir et à bannir du paysage marocain. Par un miracle dont seule la politique a le secret, il est devenu un parti fréquentable, voire un potentiel partenaire aux prochaines législatives, et, pendant qu’on y est, pourquoi pas, un allié dans la formation du gouvernement.
Ce n’est pas moi qui le dis, mais Abdallah Boinnou, un ex-apôtre de Abdalilah Benkirane et chef du groupe parlementaire du PJD en même temps que l’une des figures de proue de ces islamistes qui ont l’impression de diriger le gouvernement.
Ce revirement à 360° a un nom dans les sciences éponymes : la réalpolitique. Qui signifie que l’on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a. Elle induit qu’en politique il y a deux termes à proscrire : impossible et jamais.
Bien sûr le PJD va trouver mille et une raisons, tout aussi fondées les unes que les autres, pour justifier cette dérive. Une est cependant plus recevable que les autres : Entamés par l’érosion qu’exerce sur eux la « culture de gouvernement » qui va de pair avec l’embourgeoisement matériel et intellectuel, les islamistes gouvernementaux voient, en prime, avec inquiétude le RNI pointer le nez à l’horizon, l’allié d’aujourd’hui devenant pour demain plus qu’encombrant, menaçant.
Les voilà en conséquence contraints de s’accommoder des arrangements que leur impose le terrain et leur fait perdre en cours de route la pureté et la dureté supposées être les leur.
Les nouvelles bonnes dispositions du PJD à l’égard du PAM n’est pas, non plus, sans sens sur l’essence même de celui-ci. Elle en donne l’image d’un parti qui se noie en haute mer. Créé pour endiguer l’obscurantisme islamiste et cantonner le PJD, il se voit ainsi déposséder de sa raison d’être et absout par celui-là même qu’il était censé réduire.
Dès lors se pose la question : En quoi il serait utile de le garder ainsi sous perfusion dans la chambre des soins intensifs ? Légaliser l’euthanasie, exceptionnellement pour lui, serait une forme suprême de miséricorde.