L’Antithèse d’Abdelillah : Réformer l’Islam ?

5437685854_d630fceaff_b-

1
Partager :
couv-coran Les efforts r?alis?s par les penseurs de l?Islam lib?ral ne peuvent pas remplacer la revendication de la la?cit? Face ? la mont?e de l?extr?misme nourri par le wahhabisme et ses interpr?tations rigoristes du Coran et des Hadiths, face aussi ? la mont?e du terrorisme islamiste, des voix s??l?vent ? nouveau pour r?clamer la r?forme, c?est-?-dire la modernisation de la religion musulmane. ?Elles proposent de r?interpr?ter le Coran et les hadiths ? la lumi?re de l??volution humaine, et de prendre en consid?ration les nouvelles connaissances scientifiques, et les nouvelles donnes ?conomiques, politiques et sociales. Cette approche n?est pas nouvelle bien s?r, mais ses tenants ont toujours repr?sent? une minorit? de savants, intellectuels et chercheurs, qui ont ?t? combattus par les th?ologiens fondamentalistes et r?duits au silence par les gouvernants, plus soucieux de se maintenir au pouvoir et de dompter les masses incultes, que de mener une r?volution culturelle dont les cons?quences seraient incertaines pour eux-m?mes. Le courant des r?formateurs trouve ses origines dans une longue liste de penseurs qui ont essay? de faire ?voluer les pr?ceptes de la religion en se basant sur la contextualit?, l?interpr?tation, et la recherche du sens ultime (Fikh Al Makassid). En fait d?s le deuxi?me et le troisi?me si?cle de l?h?gire, deux ?coles de pens?es se sont oppos?es?: l??cole d?opinion (repr?sent?e par les hanafites en Irak), et l??cole des traditions d?Al Hijaz (repr?sent?e par les mal?kites, les hanbalites, et les chafiites). L?opposition entre ces deux courants de pens?e n?a jamais quitt? la sc?ne de la pens?e islamique. Au cours du vingti?me si?cle et jusqu?? aujourd?hui, des universitaires et des chercheurs, tels que Nasr Hamid Ab? Zayd, Mohammed Arkoun, Maleck Chabel, Rachid Benzine ou encore Asma Lamrabet, et beaucoup d?autres ont essay? de d?montrer que l?Islam n?est en contradiction ni avec la modernit?, ni avec la d?mocratie, ni m?me avec les libert?s individuelles, ? condition de ne pas le r?duire ? une lecture litt?rale du texte sacr?. ?En bref, ces penseurs partent de deux postulats de base?: le premier est qu??tant eux-m?mes musulmans croyants et pratiquants, ils ne peuvent pas -ou ne souhaitent pas- concevoir les libert?s individuelles et la d?mocratie en dehors du prisme de la religion. Le second postulat suppose que les populations dans les pays ? majorit? musulmane sont tr?s attach?es ? la religion et qu?elles refuseraient de mani?re syst?matique la conception de la d?mocratie ??? l?occidentale??.? Par cons?quent, le seul moyen de faire avancer les libert?s individuelles et les principes fondamentaux de la d?mocratie c?est de r?former l?islam de l?int?rieur en encourageant une relecture et une r?interpr?tation des textes. L?objectif de cette ?cole de pens?e est en soi louable, car il entend d?barrasser l?Islam des carcans dogmatiques et des lois d?phas?es. Mais la d?marche est ? mon avis trop hasardeuse. Il faut souligner que les lois islamiques propos?es ? la r?forme sont nombreuses?:
  • Les r?gles de l?h?ritage,
  • la punition de l?adult?re et des rapports sexuels en dehors du mariage,
  • l?ablation de la main du voleur,
  • le passage ? tabac de l??pouse sans trop de d?g?ts,
  • la possession par l?homme de nombreuses ?pouses et autres femmes qui ne sont pas ?pouses (Ma malakat Aymanoukoum),
  • la distribution des butins de guerre entre les moudjahidines (y compris les femmes des vaincus),
  • l?interdiction pour les suppos?es musulmanes de se marier avec un non musulman
  • La punition de l?apostasie
Les nouveaux penseurs estiment qu?il ne s?agit pas de geler l?application de ces lois ou de les ignorer, mais plut?t de les r?interpr?ter diff?remment, de les lier au contexte dans lequel ils ?taient arriv?s. Ibn Rochd ?crivait d?j??: ??si la sp?culation d?monstrative conduit ? une connaissance quelconque d'un ?tre quelconque, alors, de deux choses l?une?: ou bien il n'est pas question de cet ?tre dans la Loi divine, ou bien il en est question. S'il n'en est pas question, pas de contradiction?.. Si, au contraire, la loi religieuse en parle, alors le sens ext?rieur du texte est ou bien d'accord avec les conclusions auxquelles conduit la d?monstration, ou bien en d?saccord avec ces conclusions. S'il est d'accord, il n'y a rien ? en dire. S'il est en d?saccord, alors il demande ? ?tre interpr?t?. Interpr?ter veut dire faire passer la signification d'une expression du sens propre au sens figur?, sans d?roger ? l'usage de la langue des Arabes, en donnant m?taphoriquement ? une chose le nom d'une chose semblable, ou de sa cause, ou de sa cons?quence, ou d'une chose concomitante, ou en usant d'une autre m?taphore couramment indiqu?e parmi les figures de langage.??   Ceci signifie qu?on peut r?interpr?ter ? volont? le contenu du Coran pour qu?il soit en conformit? avec la science et avec la raison. Ce qui?peut sembler acceptable lorsqu'il s'agit de v?rit?s scientifiques, mais cela devient tr?s d?licat lorsqu?on reconsid?re des lois explicites ? l?aune de valeurs morales, de l??thique et de la libert?. Lorsqu?on passe de la lecture litt?rale ? la lecture raisonn?e, on ouvre la voie ? diff?rentes interpr?tations, qui sont forc?ment aussi contradictoires les unes que les autres en fonction des int?r?ts et de la compr?hension de chaque groupe, lesquels parlent tous au nom de Dieu?! ?Qui aura la l?gitimit? de trancher?? ? Il est donc imp?ratif de souligner que les efforts r?alis?s par les penseurs de l?Islam lib?ral, aussi louables soient-ils, ne peuvent pas remplacer la revendication de la la?cit? (r?adapt?e si n?cessaire au contexte d?une population ? majorit? musulmane) en tant que cadre de vie garantissant aux citoyens toutes les libert?s individuelles, les droits de l?homme et le respect des valeurs universelles.

lire aussi