Dakar-2023: être saoudienne et piloter, ''un message en soi''

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‘’Je suis une athlète passionnée de sports motorisés. J'ai reçu la première licence féminine saoudienne pour la course de moto sur circuit et j'ai participé à ma première saison de course de moto pour la Ducati Cup dans la saison 2019/2020 de la UAE National Sportsbike Superseries. J'ai réalisé de bonnes performances et j'ai reçu le trophée de la " recrue de l'année ". (Dania Akeel)

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Conduire, "c'est une façon de faire abstraction de tout le reste". Piloter comme Dania Akeel, l'une des deux Saoudiennes à concourir sur ses terres lors du Dakar 2023, c'est aussi selon elle donner du pouvoir aux femmes dans ce royaume ultraconservateur.

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Laia Sanz, plongeuse espagnole de Mini, s'entretient avec la pilote saoudienne Dania Akeel dans la ville côtière de Jedda le 30 décembre 2021, avant le Rallye Dakar 2022 qui se déroulera cette année en Arabie Saoudite. Akeel est l'une des deux Saoudiennes à participer à la course du Dakar 2023 et l'une des 31 femmes seulement parmi les 790 concurrents.

"Le plus important, c'est de se concentrer sur la conduite, de livrer une bonne performance. Dans un milieu dominé par les hommes, être compétitive, c'est un message en soi envoyé aux femmes", affirme la trentenaire, originaire d'un pays où jusqu'en 2018 les femmes étaient interdites de volant.

"La performance parle d'elle-même", veut croire la pilote, l'une des rares femmes en compétition dans le célèbre rallye-raid, dont la 45e édition a lieu depuis samedi en Arabie saoudite. Sur les 790 concurrents, 31 sont des femmes, soit moins de 5%.

Dania Akeel a terminé 8e de la catégorie prototype léger l'an dernier pour son premier Dakar et sa première saison chez les professionnels. Elle est pour l'heure 14e. Son ambition: "conduire mieux encore" avec son copilote uruguayen Sergio Lafuente.

Elle goûte aux premières sensations de la conduite dans le désert, avec ses cousins et des buggy les week-ends. "Conduire reste un sentiment vraiment apaisant. Au volant, toutes mes capacités vont vers la conduite, ça calme beaucoup", décrit-elle.

"Sentiment formidable"

Dania Akeel a décroché à 17 ans son permis de conduire en Angleterre, où elle est partie étudier, et à 20 ans son permis moto en marge de ses études en commerce international.

"Je conduisais quand j'allais en Europe, en Angleterre ou n'importe où, et j'aimais ça, mais je n'avais pas de problème à ne pas conduire ici. Quand ils ont ouvert le robinet, que nous avons pu conduire, ça a été en fait un sentiment formidable et ça a eu bien sûr un impact", raconte la pilote.

En 2020, deux ans après la levée de l'interdiction, plus de 174.000 permis avaient été délivrés pour les femmes dans le royaume de 34,8 millions d'habitants, selon la presse locale.

Le droit de conduire s’inscrit dans une politique d'ouverture affichée par Ryad.

En octobre 2018, le pays a accueilli un match amical de football Argentine-Brésil, puis la manche inaugurale de la Formule E en décembre ainsi que la Supercoupe d'Italie en janvier 2019.

Le pouvoir saoudien profite de ces évènements pour affirmer qu'il s'ouvre sur le monde: 15.000 femmes ont ainsi assisté au match entre la Juventus et l'AC Milan –même si elles étaient confinées dans un secteur du stade.

La pression n'en est pas moindre sur les sportives, mais "ça fait partie du jeu", selon Dania Akeel: "participer à une course comme le Dakar, avec du public, beaucoup de publicité autour, cela génère des attentes très hautes pour certains, ou très basses, mais, idéalement, cela ne devrait pas impacter la façon dont vous conduisez. Conduire, c'est entre vous et vous". ‘Quid avec AFP)

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