III – DES SOLUTIONS EXISTENT POUR PROTEGER DURABLEMENT NOTRE PATRIMOINE ARCHITECTURAL – Par Omar Farkhani

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L'emblématique Immeuble Bessonneau (Hôtel Lincoln), situé Bd Md V, à Casablanca. Erigé en 1917, il a été l'objet d'un litige judiciaire patrimonial (amorcé en1990) qui a abouti à sa perte physique au début du XXIème siècle.

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Dans les deux articles précédents (Cf.  Lien I et II), tout en louant les autorités publiques pour leur ferme volonté de protéger le patrimoine architectural casablancais du saccage dont il était victime, j’ai aussi rappelé les deux handicaps majeurs dont souffre l’action de sauvegarde :  

1 - Inexistence d’une politique et d’une doctrine patrimoniale nationale et territoriale.

2 - Faiblesse des ressources financières et humaines destinées à prendre en charge les bâtisses inscrites.

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L'emblématique Immeuble Bessonneau (Hôtel Lincoln) dans le délaissement

Ce constat alarmant a été exposé par le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) dans son « Avis » daté du 21 octobre 2021. Dans le même sillage, l’objet du présent article est d’attirer l’attention sur les conséquences graves d’une action patrimoniale dénuée des ressources réglementaires, financières et humaines nécessaires. Ensuite de présenter des solutions viables.

Lire aussi : II - ''L'URGENCE D'UNE POLITIQUE PATRIMONIALE NATIONALE'' – Par Omar Farkhani

LES RISQUES ACTUELS ENCOURUS PAR LE PATRIMOINE CASABLANCAIS

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La triste fin de l’'emblématique Immeuble Bessonneau (Hôtel Lincoln)

En l’absence des ressources indispensables, si on ne révise pas drastiquement à la baisse le nombre initial exorbitant de bâtisses proposées à l’inscription, les conséquences prévisibles seront néfastes pour l’ensemble du patrimoine architectural casablancais, sinon national :

1- D’abord, faute d’appareil argumentaire et de communication pédagogique convaincants, on sera confronté à un déficit d’adhésion du grand public, sans lequel il n’y a point de sauvegarde.

2- Par manque de ressources financières et humaines, et donc faute de maintenance, de restauration et de valorisation appropriées, les bâtisses, livrées à elles-mêmes, vont à la longue dépérir d’usure « naturelle », pour la majorité d’entre elles.

3- Plus grave encore, par frustration et dépit des propriétaires dont les biens immobiliers sont concernés, et suite à un profond sentiment d’incompréhension et d’injustice diffus, à cause de décisions publiques non comprises et acceptées, certaines bâtisses frappées de servitude patrimoniale (ou en voie de l’être) risquent d’être victimes de vandalisme, et pas seulement à Casablanca.

4 - Pour les mêmes raisons que précédemment cité, certaines bâtisses feront l’objet de longues et coûteuses procédures judiciaires comme cela a été le cas pour le fameux et malheureux immeuble Bessonneau (Hôtel Lincoln). D’ailleurs, plusieurs procédures sont actuellement déjà engagées.    

Finalement, la Région de Casablanca risque de se retrouver à terme avec une partie significative de son parc bâti patrimonial vandalisé ou à l’abandon, constitué de constructions délabrées, livrées aux squats et aux décharges sauvages, avec les conséquences esthétiques et les risques sanitaires et d'insécurité qui en découlent, aboutissant ainsi à l’exact opposé de ce qui était recherché au départ. 

Lire aussi : I-  LE MANQUE DE RESSOURCES FINANCIERES ENTRAVE LA PROTECTION DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL – Par Omar Farkhani

LES SOLUTIONS EXISTENT 

1 – En premier lieu, indépendamment de la contrainte des ressources financières et humaines, il faut faire établir une doctrine patrimoniale et des critères conceptuellement rigoureux permettant d’effectuer le travail de sélection, sur des bases comprises et acceptables par l’opinion publique.  

Cela évitera aussi d’encombrer inutilement la liste des bâtisses candidates à l’inscription et au classement, par des constructions ne présentant pas un intérêt patrimonial avéré. 

2 – Favoriser la candidature à l’inscription, de bâtisses et d’ensembles urbains qui appartiennent à des Institutions publiques ou privées (Banques, Assurances, etc.) solvables. 

Elles ne devraient pas rencontrer de difficultés majeures pour leur préservation (esthétique, technique et fonctionnelle) et leur valorisation, particulièrement si des incitations fiscales et réglementaires supportent le processus. 

3 - Pour les autres constructions, légitimement candidates à l’inscription, il faut  moduler le nombre de bâtisses à sauvegarder aux ressources financières, fiscales et humaines mobilisables, destinées à les prendre en charge dans des conditions optimum.

4 – En dernière alternative, il faut recourir à l’archivage numérique afin de préserver virtuellement les bâtisses qui présentent un intérêt patrimonial avéré (même mineur) et qui ne peuvent pas être sauvegardés matériellement.

5 - Enfin, accompagner et soutenir l’action patrimoniale par un large effort de communication et de débat public, en y associant société civile, élus et professionnels. 

C’est ainsi qu’un solide consensus social, économique, intellectuel et politique pourra être obtenu en faveur de la cause patrimoniale architecturale, dans la Région casablancaise et, au-delà, dans l’ensemble du pays. 

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