société
Le défi d’Al Haouz ou comment allier modernisation et Esprit des Lieux
Tinmel ou l’urgente sauvegarde d’un patrimoine riche de son histoire, témoin de la mémoire éternelle du Royaume du Maroc.
Un mois presque jour pour jour, l’Académie du Royaume du Maroc a réussi à réunir un large panel de toute formation et de tout horizon, pour débattre des perspectives de dignité après le séisme. En une journée d’étude et d’échanges sur le thème "Reconstruire, réparer, préparer : après la catastrophe, ouvrir un nouvel horizon de dignité", ont permis de livrer une première fournée de pistes pour la reconstruction des régions sinistrées par le tremblement de terre du 8 septembre 2023. Mais pas seulement, puisque la réflexion engagée est de nature à servir de lanterne à toute la politique de mise à niveau des campagnes marocaines.
Mettant en avant les initiatives solidaires spontanées, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a inscrit cette rencontre scientifique dans le cadre de la poursuite de la mobilisation tous azimuts, vise à initier le débat sur les horizons de dignité post-séisme afin d’identifier des possibilités d’actions à venir.
"Le tremblement de terre d’Al Haouz est, selon les sismologues, l’un des séismes les plus violents jamais enregistrés au Maroc, constituant un événement exceptionnel dans cette région montagneuse caractérisée par son relief escarpé et ses habitations ancrées dans une tradition architecturale séculaire", a souligné M. Lahjomri, plaidant pour une focalisation de la réflexion sur les mécanismes collectifs capables de garantir la fixation des populations dans les terroirs, qui sont les leurs, tout en prenant acte de la richesse d’un patrimoine immatériel fragilisé par le séisme et ses répliques.
Rappelant que les catastrophes naturelles constituent toujours un défi intellectuel pour les philosophes, les écrivains et les scientifiques, M. Lahjomri a soutenu que toute réflexion sur une telle catastrophe, quelle que soit sa nature, peut nous orienter vers la reconstruction de la société et des relations sociales, favorisant ainsi l’adoption d’une sagesse philosophique environnementale dotée de ses propres principes moraux.
"Le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, se présente de nouveau au monde en tant qu’instigateur d’initiatives qui consolident la notion de solidarité lors de la gestion des crises, mobilisant les ressources de manière spontanée, sage et efficace", a-t-il poursuivi.
A travers cette journée, l’Académie du royaume actionne la mission qui est la sienne en mettant ensemble des scientifique, des experts, des, archéologues, des anthropologues, des ethnologues, des sociologues, des historiens, des chercheurs, des praticiens… en vue d’œuvrer à la préservation du bien commun dans les territoires frappés par le séisme d‘Al Haouz avec et pour ses habitants.
Une vingtaine d’intervenants spécialisés, marocains et étrangers, se sont ainsi penchés dans une démarche pluridisciplinaire sur la reconstruction post-séisme dans le contexte de la modernisation de l’aménagement du territoire et de la promotion de la bonne gouvernance, tout en gardant à l’esprit la préservation de la dignité et la promouvoir la justice sociale dans les zones concernées.
La quête de cette journée d’échanges a été centrée sur les meilleures façons de préserver ‘’l’esprit des lieux’’, leur authenticité tout en procédant à une reconstruction de bâtiments résistants aux séismes, préconisant la conformité stricte à la règlementation sismique en vigueur, la réévaluation du risque sismique dans la zone sinistrée au moyen d’amendements, ainsi que la mise en application des normes de construction pour garantir à la fois efficacité et rapidité.
Il en effet essentiel pour la reconstruction de se faire dans la complémentarité et entre savoirs techniques et les savoirs issus des sciences sociales afin d’assurer le respect des attentes de différentes communautés.
Si cette journée se présente comme inaugurale, c’est parce qu’elle se veut comme une première étape dans la réflexion portée par l’Académie du royaume pour documenter les connaissance que la communauté des scientifiques et des décideurs politiques a des mouvements sismiques dans la région, de son avenir climatique en relation avec le réchauffement et ce afin de leur permettre de prendre les décisions idoines intégrant toutes les dimensions et défis de cette reconstruction sans naturellement négliger la dignité et l’adhésion des communautés cibles.
A travers cette démarche holistique, il s’agit pas moins que de saisir et d’intégrer les complexités et configurations territoriales et sociales des zones victimes du séisme. Mais l’Académie du Royaume, toujours dans le cadre de ses missions et des outils dont elle dispose de par ses textes pour les réaliser accorde un intérêt particulier au patrimoine et à sa sauvegarde. D’où l’urgence pour elle d’impliquer les équipes de l’Institut royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc, en accord d’autres organismes concernés ou intéressés pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine riche de son histoire qu’est la mosquée de Tinmel, témoin de la mémoire éternelle du Royaume du Maroc.