Les députés russes approuvent une loi bannissant la ''propagande'' LGBT+

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Oxana, dont le nom de scène est Okani, se produit lors d'un spectacle de drag queens dans un pub de Moscou, le 13 novembre 2022. Ces artistes flamboyants risquent de devenir des hors-la-loi, car les législateurs ont adopté une loi les considérant comme de la "propagande gay". (Photo : Alexander NEMENOV / AFP)

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Les députés russes ont adopté jeudi des amendements qui élargissent considérablement le champ d'application d'une loi interdisant la "propagande" LGBT+, en plein durcissement conservateur du Kremlin accompagnant son offensive militaire en Ukraine.

Cette nouvelle loi, qui est une version augmentée d'un texte très décrié de 2013 bannissant la "propagande" LGBT+ auprès des mineurs, interdit désormais de "faire la promotion de relations sexuelles non traditionnelles" auprès de tous les publics, dans les médias, sur Internet, dans les livres et dans les films.

Ce vaste champ d'application, ainsi que la large interprétation permise par le concept vague de "promotion" font craindre une répression accrue envers les communautés LGBT+ en Russie, qui font déjà l'objet d'une forte discrimination.

"Promouvoir les relations sexuelles non traditionnelles est interdit (...) Une interdiction de la promotion de la pédophilie et du changement de genre a également été introduite", a déclaré dans un communiqué le chef de la chambre basse du Parlement (Douma), Viatcheslav Volodine.

"Les amendes vont jusqu'à 10 millions de roubles" (environ 160.000 euros) pour les contrevenants, a-t-il ajouté.

Pour que le texte prenne force de loi, il doit encore être validé par la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, et signé par le président Vladimir Poutine, ce qui constitue généralement une formalité.

Loi "discriminatoire" 

"Nous allons protéger les gens contre cette loi absurde", a déclaré à l'AFP Natalia Soloviova, qui dirige l'ONG Rossiïskaïa LGBT-Set (Réseau LGBT russe)

Les conséquences exactes de la nouvelle législation sont vagues pour le moment, et les militants des droits humains redoutent qu'elle ne soit utilisée de manière arbitraire.

Selon Mme Soloviova, son ONG s'attend à des "pressions accrues sur les militants, un plus grand nombre de sites bloqués (...) et une censure plus répandue dans les médias, le cinéma et dans d'autres industries".

Aux yeux de Dilia Gafourova, responsable de l'ONG Fondation Sphère de défense des droits des personnes LGBT+, "la loi est discriminatoire par sa nature, c'est tout à fait évident".

Elle juge "alarmantes" les affirmations du pouvoir russe selon lesquelles "les personnes LGBT+ sont une invention occidentale, résultat d'une ingérence extérieure", estimant que cela alimente leur "stigmatisation" dans la société.

L'adoption de cette nouvelle loi intervient après des années de répression contre les communautés LGBT+, le Kremlin se présentant comme le défenseur des valeurs "traditionnelles" face à un Occident présenté comme décadent.

Dans le contexte du conflit en Ukraine, cette loi est aussi dépeinte comme un moyen de "défendre" la Russie contre un assaut des pays occidentaux sur le plan des valeurs.

Cette loi "va protéger nos enfants et l'avenir de ce pays contre les ténèbres répandues par les Etats-Unis et les pays européens. Nous avons nos propres traditions et valeurs", a déclaré jeudi M. Volodine.

"Confrontation idéologique"

La militante Dilia Gafourova appelle les autorités russes à ne pas utiliser la communauté LGBT+ comme un "instrument de la confrontation idéologique".

"Nous existons tout simplement, et il n'y a rien de mauvais en nous et rien qui doive être passé sous silence", souligne-t-elle. "On ne peut pas nous priver de notre voix".

Le mois dernier, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, avait jugé "profondément" préoccupant le durcissement de la loi sur les LGBT+ en Russie, après un vote de la Douma sur le texte en première lecture.

La principale ONG russe de défense des minorités sexuelles, LGBT-Set, avait pour sa part dénoncé le 18 octobre dans cette loi une "nouvelle tentative de discrimination et d'atteinte à la dignité de la communauté LGBT".

Outre les personnes LGBT+, cette loi préoccupe également les acteurs du cinéma et de la littérature, qui craignent un renforcement d'une censure déjà très forte. Le roman "Lolita", de Vladimir Nabokov, pourrait par exemple être interdit.

"La vente de biens contenant des informations interdites" sera désormais bannie et "les films qui font la promotion de relations (+non traditionnelles+, ndlr) ne recevront pas de certificat de distribution", selon le site de la Douma. (AFP)

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