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Les fidèles musulmans entament le grand pèlerinage à La Mecque avec Gaza dans tous les esprits
Les fidèles musulmans marchent autour de la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l'islam, à la Grande Mosquée de La Mecque, ville sainte d'Arabie saoudite, le 13 juin 2024 (Photo FADEL SENNA / AFP)
Le grand pèlerinage annuel musulman débute vendredi à La Mecque, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, pour plus d'un million et demi de fidèles, avec la guerre à Gaza dans tous les esprits.
Réunis dans la ville la plus sainte de l'islam, les pèlerins commencent par accomplir le rite du "tawaf" qui consiste à tourner autour de la Kaaba, la structure cubique noire vers laquelle les musulmans du monde entier se dirigent pour prier, au cœur de la Grande mosquée.
Ils se dirigeront ensuite vers Mina, une vallée surplombée de montagnes rocheuses située à quelques kilomètres de la Mecque, où ils passeront la nuit dans des tentes climatisées.
Alors que la guerre d’Israël contre les Palestiniens fait rage dans la bande de Gaza et en Cijordanie, de nombreux pèlerins ont dit prier pour les habitants du territoire palestinien, bombardé et assiégé depuis plus de huit mois.
"Images de guerre"
Cette guerre qui a pour but de pousser les Palestiniens à quitter leur terre a fait jusqu’ici 37.232 morts, pour l’essentiel des civils dont plus de 30.000 enfants et femmes. Mais ces chiffres restent partiels et ne rendent pas compte de l’ampleur véritable des massacres. Maintenant que la parole commence à se libérer, des experts considèrent, en appliquant des techniques faibles de projections, le véritable nombre des tués dépasse les cent mille, sachant que les chiffres déclarés par Hamas ne tiennent compte que des morts identifiés, alors qu’au moins 12. 000 disparus sont déclarés et que les morts sous le décombres n’ont pas encore été recensés.
Agée de 78 ans, la marocaine Zahra Benizahra ne peut retenir ses larmes en parlant "des images de guerre, de gens déplacés, d'enfants perdus" qui la hantent. "Nos frères sont en train de mourir, nous les voyons de nos propres yeux."
Venue d'Indonésie, le premier pays musulman au monde par le nombre de croyants, Belinda Elham, 43 ans, se désole elle aussi de cette guerre. "Quand nos frères souffrent, nous souffrons aussi."
La monarchie saoudienne a annoncé cette semaine qu'elle prenait en charge le pèlerinage de 1.000 Palestiniens parmi les familles des victimes de la bande de Gaza, portant à 2.000 le nombre de Palestiniens bénéficiant de cette mesure.
Elle a toutefois prévenu, par la voix de son ministre du Hajj, Tawfiq al-Rabiah, qu'aucune manifestation politique ne serait tolérée, le pèlerinage devant être strictement consacré aux prières.
Le hajj, qui consiste en une série de rites codifiés qui se déroulent sur plusieurs jours au cœur de La Mecque et ses environs, est l'un des cinq piliers de l'islam. Tous les musulmans sont censés accomplir le hajj au moins une fois dans leur vie s'ils en ont les moyens.
Certains attendent parfois des années pour avoir la chance de faire le voyage, les permis étant attribués chaque année par le royaume sur la base de quotas par pays.
Nonaartina Hajipaoli se sent privilégiée de faire partie du millier de pèlerins venus du sultanat de Brunei. "Je suis sans voix, je ne peux pas décrire ce que je ressens", dit cette femme de 50 ans.
Chaleur écrasante
L'organisation du hajj est une source de légitimité pour l'Arabie saoudite, dont le souverain a le titre de "gardien des Lieux saints’’ notamment les deux saintes mosquées", La Mecque et Medine.
Mais c'est aussi un important défi logistique pour le royaume qui a reçu plus de 1,8 million de pèlerins l'année dernière, dont environ 90% venus de l'étranger.
Le hajj a connu dans le passé plusieurs drames, notamment en 2015 lorsqu'une bousculade gigantesque a fait 2.300 morts.
Les autorités ont procédé ces dernières années à d'importants aménagements, notamment à la Grande mosquée dont les travaux d'agrandissement devraient s'achever en 2025.
Les autorités utilisent également la technologie de l'intelligence artificielle pour assurer la sécurité et la fluidité des mouvements de la foule.
Le royaume désertique a multiplié les initiatives pour aider les pèlerins à surmonter la chaleur écrasante de l'été.
Des messages adressés aux fidèles préviennent que la température peut atteindre 48 degrés Celsius et conseillent de boire "deux litres d'eau au moins par jour" et de se munir d'ombrelles.
Mais avec de telles températures, les rituels en plein air risquent d'être éprouvants, notamment lors de la journée de prière samedi sur le mont Arafat, moment fort du pèlerinage.
Selon le porte-parole du ministère saoudien de la Santé, Mohammed al-Abdulali, plus de 10.000 cas de maladies liées à la chaleur ont été recensés l'année dernière durant le hajj, dont 10% de coups de chaleur. (Quid avec AFP)