société
Qu’on en finisse s’il vous plait ! – Par Naïm Kamal
Gad Al Maleh et Jamel Debbouze, deux parcours migratoires différents qui se sont croisés à Paris
Avant France-Maroc à la Coupe du monde, Jamel Debbouze a confié que son cœur balançait. Et on peut en dire Heureux qui comme Debbouze a fait un beau voyage puisque dans les deux cas il allait être dans la joie. Pour faire une blague comme il en aime, notre Djamel de Marrakech du rire, est comme le bisexuel, il prend du plaisir d’où qu’il vient. Que du bonheur.
Depuis cette déclaration assortie de sa photo en maillot ‘’bicolore’’, les polémiques et les commentaires, certains indignes et insupportables, n’ont cessé d’enfler renvoyant Jamal en permanence à la marocaine-attitude de l’autre humoriste Gad El Maleh.
Trêve de conneries ! Il faut arrêter avec Jamel Debbouze. L’humoriste maroco-français, parce que c’est ce qu’il est, est né, a grandi et réussi en France, dans une Trappes perdue à 21 km de la Porte d'Auteuil du Boulevard périphérique de Paris, à la force de la poigne (et c’est d’autant plus méritoire qu’il n’en a qu’une) et du rire.
Ses enfants sont issus d’un mariage mixte de rêve, une part de sa construction est française sans totalement renier sa part marocaine qu’il a tétée et connue à travers ses vacances au bled qu’il raconte si bien avec beaucoup d’humour dans ses stand-ups.
C’est cette acculturation subie (une déchirure) qu’il exprime et essaye de concilier dans son maillot ‘’bicolore’’.
Je connais en revanche des intellectuels sans son parcours migratoire, migrants à la fin de leurs études et binationaux tardifs qui ont complètement renié leur marocanité. Des romanciers sans inspiration qui font de la caricature des maux du Maroc, dans un style laborieux, leur fonds de commerce pour se conformer aux commandes tacites qui leur permettent d’être cooptés et publiés sans valeur ajoutée littéraire. Ils viennent en sus sucer financièrement le Maroc pour une prétendue représentation de la diaspora marocaine à l’étranger alors qu’ils nuisent plus qu’ils ne rendent service au softpower marocain.
Gad El Maleh, lui, est un autre parcours migratoire. Il est né et a grandi au Maroc, à Casablanca, d'une famille juive berbère marocaine. Il y a fait sa scolarité dans une école primaire du quartier Maârif puis au lycée Maïmonide et au lycée Lyautey.
Sa première migration s’est faite, à l’âge de 17 ans, d’abord au Canada dont il porte également la nationalité. Et c’est quand le Maroc a affronté l’équipe de ce pays qui l’a accueilli en premier et où il a commencé sa carrière d’humoriste, qu’on aurait dû, sans préjuger de sa réponse, l’interroger sur son soutien, tout en pressentant que c’est le Maroc qu’il soutiendrait.
Contrairement à l’humoriste du Marrakech du rire, son arabe darija ne souffre aucun défaut, même pas d’accent. Ce n’est pas le cas de l’autre, qui a même été contraint de se faire héler, sans jamais rechigner, par un Djamel pas très marocain. J’imagine à cause de ses fréquentations algériennes de la migration ou la propension des Français à prononcer les mots arabes à l’algérienne comme dans jihadiste devenu djihadiste, conséquence de la longue fréquentation algérienne de la France.
Quoi qu’il en soit et quoi qu’il advienne, ensemble ils nous font rire et tous les deux nous les aimons.