Rares ou excentriques, les pianos du restaurateur de Sa Majesté à vendre

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La pianiste Xiaowen Shang joue sur un piano à queue au cadre en aluminium argenté brillant, fabriqué par la société néerlandaise Rippen dans les années 60, le 6 août 2021 à Biddenden, dans le sud-est de l'Angleterre

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Avec cinq pédales, deux claviers ou s'ouvrant comme un papillon: c'est une collection de pianos peu commune que met aux enchères un restaurateur américain qui a travaillé sur les instruments de Chopin, Beethoven ou de la famille royale britannique.

Dans le village de Biddenden, dans le Kent (sud-est de l'Angleterre), un décret royal fixé au dessus d'une porte attire l'attention: "Par décret de sa Majesté la Reine, conservateurs et restaurateurs de pianos".

La bâtisse renferme de véritables trésors:  26 pianos que le Californien David Winston a mis toute une vie à amasser. Son impressionnante collection, dont certaines pièces pourraient valoir jusqu'à 60.000 livres (71.000 euros) sera vendue à partir du 1er septembre par la maison Dreweatts, avant que l'artisan ne prenne sa retraite à Venise.

"J'ai presque 71 ans maintenant, c'est un peu le moment", expliqué à l'AFP celui qui a réparé des instruments passés dans de prestigieuses mains.

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Des pianos de la collection de David Wilson exposés dans son atelier de Biddenden, le 6 août 2021 dans le sud-est de l'Angleterre

Il a notamment restauré "un certain nombre d'instruments royaux", dont des pianos ayant appartenu à la reine Elizabeth II elle-même, même s'il reste discret sur ce travail. 

Son tableau de chasse compte aussi la restauration du piano français Pleyel ayant appartenu à son "grand héros" Frédéric Chopin. Mais sa plus grande fierté reste encore d'avoir pu remettre sur pieds le Broadwood de Beethoven, conservé au Musée national hongrois. 

"Lorsque je suis entré dans cette pièce pour la première fois, et que j'ai vu que ce piano était assis là avec le nom de Beethoven dessus, les poils de ma nuque se sont dressés", raconte avec émotion David Winston. 

Cinq pédales ou deux claviers 

Parmi les pianos qu'il vend, on trouve surtout des instruments datant du XVIIIe au XXe siècles. L'un d'entre eux, construit entièrement par le restaurateur, constitue la réplique exacte d'un instrument viennois du XIXe siècle.  

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La collection de David Winston devant un piano Erard fabriqué à Paris en 1798, le 6 août 2021 dans son atelier de Biddenden, dans le sud-est de l'Angleterrre

Sa particularité ? Il possède cinq pédales, quand la plupart des pianos modernes n'en comptent que trois. Les pédales supplémentaires permettent de produire un effet sonore de tambour et de cloche ou un râle semblable à celui d'un basson - parfait pour la musique martiale très en vogue à l'époque.

"Comparé au piano moderne, il est plus doux et a un son très sensible", explique la pianiste chinoise Xiaowen Shang, qui le considère comme son préféré.

Cette étudiante à la célèbre Royal Academy of Music de Londres, qui joue une sonate de Schubert sur l'instrument, explique aussi aimer jouer sur le Pleyel Duoclave. Muni d'un clavier de chaque côté, ce piano particulier permet ainsi à deux musiciens de jouer face à face, avec le son qui s'élève entre eux deux. 

"Ils sont très rares : ils n'ont été fabriqués qu'à une cinquantaine d'exemplaires", s'extasie M. Winston. L'instrument a appartenu à Madeleine Lioux, pianiste française renommée et épouse de l'écrivain et ministre français André Malraux. 

Mais la collection de David Winston ne se contente pas d'instruments anciens, elle comprend également des pianos conçus pour le style de vie du XXe siècle.

Collectionneurs ou amateurs 

Parmi ses pièces les plus excentriques trône un piano à queue futuriste, au cadre en aluminium argenté brillant. Xiaowen Shang y entame "The Way We Were", une ballade des années 1970 interprétée par Barbra Streisand.  

Cet instrument fabriqué par la société néerlandaise Rippen, aujourd'hui disparue, "date des années 60", explique M. Winston. "Il est vraiment stable et sonne plutôt bien", ajoute-t-il. "Il y en avait un certain nombre sur les bateaux et il y en avait même un sur un dirigeable à une époque".

Un piano en noyer "à queue papillon" de Wurlitzer, une société plus connue pour ses orgues et ses juke-boxes, attire également l'attention: son couvercle s'ouvre par le centre en deux ailes, créant un effet stéréo.

Selon le restaurateur, ses potentiels acheteurs pourraient autant être des collectionneurs aguerris à la recherche "d'instruments rares" que de plus simples amateurs, "simplement à la recherche de quelque chose de vraiment inhabituel et rare qui va complètement transformer une pièce". 

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