Alors que sa 30ᵉ édition touchait à sa fin, le Salon international de l'édition et du livre (SIEL) a vibré au rythme de la création littéraire et de la reconnaissance des talents, avec la remise de plusieurs prix prestigieux qui honorent la richesse et la diversité de la scène culturelle marocaine et internationale.

Le Prix Ibn Battouta, pont entre les cultures

La cérémonie de remise du 23ᵉ Prix Ibn Battouta de la littérature de voyage a marqué un temps fort du SIEL. Organisée par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le Centre arabe de littérature géographique "Irtyad El Afaq", elle a rassemblé de nombreuses figures du monde littéraire, médiatique et intellectuel.

Dans un message lu en son nom, le ministre Mohamed Mehdi Bensaid a souligné l’importance du Prix Ibn Battouta, emblématique d’une littérature qui relie traditions arabes et ouverture sur le monde. Il a rappelé que Rabat, en pleine effervescence culturelle, se prépare également à devenir Capitale mondiale du livre en 2026.

Le directeur du Centre Irtyad El Afaq, Nouri Al Jarrah, a rappelé que ce prix, initié en 2003 à Rabat, est devenu une référence incontournable dans le monde arabe. Il a aussi mis en avant l'excellence des auteurs marocains, présents en force parmi les lauréats de cette édition.

Parmi les primés figurent notamment Abdelhadi Kadioui, Houria Rifi et Mohamed El Andaloussi dans la catégorie "voyage vérifié", ainsi que Mohamed Mohamed Khattabi dans la catégorie "journal quotidien". Sept des douze lauréats sont marocains, une performance qui confirme l’importance du Maroc dans la littérature de voyage contemporaine.

Le Prix du Maroc du Livre honore la création nationale

Parallèlement, la 55ᵉ édition du Prix du Maroc du Livre a couronné des figures majeures de la scène littéraire nationale. Lors de la cérémonie, organisée également au SIEL, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication a salué l'engagement des auteurs, poètes, traducteurs et chercheurs marocains.

Le Prix de la poésie a été attribué à Idriss El Melliani et Mohamed Aziz El Hossini, tandis que Said Montasib a remporté celui de la narration. Dans le domaine des sciences humaines, Hicham Rakik et Samir Ait Oumghar se sont distingués, tandis que Hassan Taleb a été récompensé pour son travail en traduction.

Le Prix de la culture amazighe a, quant à lui, été décerné à Larbi Moumouche et Fouad Azeroual, mettant en lumière la diversité linguistique et culturelle du Maroc. Certains prix, notamment ceux des sciences sociales et de la littérature pour enfants, n’ont pas été attribués cette année, soulignant l'exigence de qualité des jurys.

Les jeunes artistes primés pour "Couleurs d'Al-Qods"

La 6ᵉ édition du concours "Couleurs d'Al-Qods" a récompensé, samedi à Rabat lors du SIEL, sept jeunes talents parmi 229 œuvres réalisées par des élèves de 11 à 14 ans. Organisé par l’Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif avec l’Académie de Marrakech-Safi, le concours valorise l’expression artistique et renforce les liens culturels avec la Ville Sainte. Douaa Al-Asoufi a remporté le premier prix. La cérémonie a connu la participation de ministres et de l’ambassadeur de Palestine, et a été marquée par la signature d’un accord pour organiser la prochaine édition avec l’Académie de Beni Mellal-Khénifra.

Jeunes talents à l’honneur : poésie et lecture récompensées

Le SIEL a également été l’occasion de promouvoir la jeune création littéraire. Les lauréats du 4ᵉ Prix des jeunes poètes ont été dévoilés, distinguant des auteurs émergents en arabe, amazighe et langues étrangères.

Dans la catégorie amazighe, Omar Raji a remporté le premier prix, suivi de Naima Mouhtin et Jamal Arouch. En arabe, Latifa Benacher s’est imposée, tandis que Youssef Cherif Hamidi et Nour Bouhouch ont partagé le premier prix pour la poésie en langues étrangères.

De même, la 11ᵉ édition du Prix national de la lecture a récompensé dix jeunes lecteurs issus de toutes les régions du Maroc. Ce concours, organisé par le Réseau de lecture au Maroc en partenariat avec les institutions éducatives, vise à ancrer durablement la lecture comme pratique culturelle.

La présidente du Réseau, Rachida Rouki, a insisté sur l’importance de toucher les jeunes, y compris dans les zones rurales, pour démocratiser l’accès au savoir par la lecture.

Le Prix de l’Arganier : quand les lycéens deviennent jurés littéraires

Enfin, le Prix de l’Arganier, remis par les lycéens du réseau français au Maroc, a été décerné à Balla Fofana pour son premier roman *La prophétie de Dali*. Cet ouvrage, qui explore avec finesse les thèmes de la double culture, de l’enfance et de la quête de soi, a su séduire les jeunes lecteurs par son style vivant et son authenticité.

Soutenu par l’Institut français du Maroc, ce projet pédagogique permet aux élèves de se familiariser avec la littérature contemporaine francophone et de rencontrer les auteurs. Pour Balla Fofana, cette récompense est un encouragement à continuer d'écrire pour et avec la jeunesse.

Rodrigue Oucif, chargé de mission à l’Ambassade de France au Maroc, a salué cette initiative qui stimule la curiosité intellectuelle et le goût de la lecture, tout en renforçant les liens entre les cultures.