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L’expérience marocaine en matière de gestion de la migration exposée au forum de Lisbonne
L’expérience marocaine en matière de gestion des flux migratoires à travers notamment les pratiques et les mécanismes mis en place, a été mise en exergue ce jeudi 1er juin à Lisbonne par Nadia Bernoussi, professeur de droit constitutionnel à l’Ecole Nationale d’Administration.
Intervenant à l’occasion de la 23ème édition du forum de Lisbonne qui se tient sous le thème "Interconnecter les personnes : gérer les migrations, prévenir le populisme, construire des sociétés inclusives et renforcer le dialogue Nord-Sud", Nadia Bernoussi a souligné qu’au Maroc, et au plus haut sommet de l’Etat, il y a une volonté affichée d’avoir une approche humaniste, égalitaire et inclusive pour servir la cause de la migration.
Le royaume, une terre d’émigration devenue une terre de transit et d’immigration, a une tradition d’accueil ancestrale et reconnue depuis longtemps et une identité plurielle amazighe, arabe, hassanie, africaine, andalouse et hébraïque, qui ont contribué à l’absorption spontanée de migrants venus de pays voisins comme l’Algérie, l’Andalousie, la France et de pays d’Afrique subsaharienne, a-t-elle ajouté.
Elle a relevé que le Maroc dispose d'une position stratégique enviable et vulnérable à la fois, du fait de sa géographie et sa stabilité, soulignant dans ce sens l’importance de reposer la question d’une nouvelle gouvernance migratoire dans laquelle l’approche des droits de l’homme est incontournable.
Après avoir rappelé que Rabat a ratifié une série de conventions internationales sur la migration et adopté en 2011 une Constitution qui a donné une place importante à la migration et à la protection des migrants, Nadia Bernoussi a indiqué que le royaume a ensuite adopté une nouvelle stratégie dans le domaine de la migration et de l’asile. Laquelle stratégie, a-t-elle poursuivi, a permis de lancer en 2014 une première phase de régularisation de migrants ainsi qu’une deuxième phase, en cours actuellement, qui au-delà de la régularisation du migrant lui permet aussi de jouir de ses droits économiques et sociaux, notamment en termes de droits à la santé, à l’emploi et à la formation.
La politique migratoire, lancée par le roi Mohammed VI et accompagnée par les instances constitutionnelles indépendantes et des organisations internationales, est un mouvement d’intégration et de régularisation qui est continu et qui doit être consolidé, a-t-elle ajouté.
Et de conclure que les pays du Nord doivent reposer les questions de l’intégration, de la xénophobie et du populisme alors que ceux du Sud doivent réinterroger leur capacité à mettre en place des politiques publiques pour avoir de la rétention de leur population.
« Le verbe migrer veut dire la liberté de circuler qui est un droit fondamental, qui doit être un choix rationnel et non pas une fuite du désespoir », a-t-elle dit.
Le forum de Lisbonne 2017 qui s’est ouvert lundi en présence notamment de l’ambassadeur du Maroc au Portugal, Karima Benyaich, se penche deux jours durant sur la situation des migrants et des réfugiés, traitée sous différentes perspectives, dans l’objectif de démontrer comment ils peuvent contribuer à promouvoir l’interdépendance, à créer des partenariats et à encourager la solidarité entre le Nord et le Sud.
L'évènement, marqué par la participation d'une importante délégation marocaine composée de parlementaires, d'élus locaux et d'acteurs de la société civile, s’articule autour de quatre panels : "Gérer les migrations", "Eviter le populisme", "Construire des sociétés inclusives" et "Renforcer le dialogue Nord-Sud".
Le forum, organisé chaque année depuis 1994 par le centre Nord-Sud, basé à Lisbonne, est une plateforme reconnue de dialogue, d’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre des représentants d’Europe, des régions voisines et d’autres continents.